LAVATER
LE COUTEULX
LEMMI
LEPAGE
LEPESQUEUR DE CONJON
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LAVATER
L-09.JPG (30K) Diethelm (Zurich, 17431826) L'organisateur du Rite Écossais Rectifié* en Suisse*, qui fut le premier Grand Prieur du Prieuré Indépendant d'Helvétie. était le frère cadet de Johann Kaspar Lavater, l'auteur des célèbres Physiognomische Fragmente.

Diethelm Lavater quitte Zurich le 22 avril 1765 pour faire ses études de médecine en Allemagne Il passe par Erlangen où il reçoit les deux premiers grades* à la loge* Zu den drei Zedern, va étudier à Leipzig où il fait la connaissance de Goethe. Au cours d'un voyage à Berlin, il est élevé au grade de maître* le 13 avril 1766 dans la loge Aux Trois Globes, alors dirigée par Zinnendorf* puis reçoit le grade de Maître Écossais de la Stricte Observance* le 4 août 1766 à la loge Minerva zu den drei Palmen de Leipzig.

Promu docteur en médecine à Halle le 18 avril 1767, il est admis quelques jours plus tard Novice dans l'Ordre Intérieur à Guben, puis est reçu Armiger (Frater ab Aesculapio) par Schubart, alors Visiteur Général et bras droit de von Hund*, sans attendre les délais habituels en raison de son retour à Zurich où il arrive le 2 juin suivant. Lavater n'a alors aucune activité maçonnique pendant cinq ans mais à partir de 1768, il entame une correspondance avec Andreas Buxtorf, un conseiller bâlois.

Muni de constitutions que lui a accordées la loge rectifiée de Francfort-sur-le-Main Zu den drei Disteln, Buxtorf vient de fonder à Bâle la première loge de la Stricte Observance* en Suisse Zur Freiheit, dont il est vénérable*. Dans ses lettres, Buxtorf incite Lavater à organiser la Stricte Observance en Suisse sur une base nationale indépendante.

La Discrétion, loge d'expression française est fondée à Zurich le 13 août 1771 par des membres de la Grande Loge de Genève*. En juin 1772, Lavater y fait, en visiteur, l'éloge de la Stricte Observance avec une éloquence telle que La Discrétion décide quelques jours plus tard de se faire rectifier et demande à Lavater d'être son nouveau vénérable. Le 22 juin, Lavater écrit à Schubart ignorant que celui-ci n'exerce plus aucune fonction au sein de la Stricte Observance depuis quatre ans.

Il lui décrit son sucés auprès de La Discrétion et lui demande conseil. En même temps que la lettre de Lavater, Schubart reçoit une autre lettre, écrite le 21 juin pendant le Convent de Kohlo, dans laquelle von Hund et quatre dignitaires de la Stricte Observance lui expriment leurs remerciements pour ses services passés et prennent officiellement acte de la démission de Visiteur Général que Schubart leur a adressée en 1768.

Schubart n'informe pas Lavater de cette situation. Bien au contraire, il le place devant le choix suivant: s'adresser à von Hund auquel Lavater devrait obéir aveuglément et payer des redevances, ou bien devenir le chef d'une Préfecture totalement indépendante, puis d'un Sous-Prieuré, puis d'une Province englobant la Suisse et l'ltalie ce que Schubart se déclare prêt à organiser pour lui.

Le choix de Lavater est vite fait. Schubart lui adresse son propre exemplaire du Livre rouge avec les rituels de l'Ordre Intérieur pour qu'il en prenne copie. Le 4 avril 1773, muni d'une autorisation écrite de Schubart, Lavater arme Jean Naguelin, son prédécesseur à la tête de la loge de Zurich, puis Buxtorf et Peter Burckhardt le 13 mai suivant. Par une lettre qu'il adresse le 3 mai 1775 à Lavater, Schubart élève la Préfecture de Zurich au rang de Sous-Prieuré de Suisse et la Commanderie de Bâle à celui de Préfecture.

Alors que des contacts se sont établis entre Strasbourg et la Suisse, les rapports de Buxtorf avec sa loge de Bâle et avec Lavater se dégradent. La loge de Buxtorf interrompt ses travaux et la décision de former une seconde loge est prise à Bâle en avril 1778 à l'initiative de Burckhardt et avec l'accord de Lavater. Cette situation explique pourquoi, plutôt que d'assister à Lyon* au Convent* des Gaules en novembre 1778, les Suisses préfèrent déléguer à Rodolphe Salzmann des pouvoirs pour les représenter, pouvoirs signés par Lavater (ab Aesculapio), Burckhardt (a Serpente curvata) et Nagelin (a [tribus]Stellis), mais non par Buxtorf (a Libertate).

La matricule nouvelle des trois Provinces françaises adoptée par le Convent des Gaules, prévoit que la V e Province comprend désormais trois Grands Prieurés dont celui de l'Helvétie avec siège à Zurich, décision qui semble être la conséquence de la création du Sous-Prieuré de Suisse par Schubart. Or, des six Préfectures composant sur le papier le Grand Prieuré d'Helvétie, seule celle de Zurich est en activité.

L'installation de la seconde loge de Bâle Zur vollkommenen Freundschaft constamment reportée en raison des dissensions locales, représente donc une condition nécessaire, préalable à celle d'un Grand Prieuré d'Helvétie, en vertu du titre 3 du Code général arrêté à Lyon qui dispose que deux Préfectures constituent le minimum requis pour tenir Chapitre Prioral. Représentant Lavater absent, Burckhardt procède le 30 juillet 1779 à l'installation de la nouvelle loge de Bâle plus d'un an après sa création.

Deux semaines plus tard le samedi 14 août, Lavater et Naguelin arrivent à Bâle où les rejoint Jean de Turckheim, Commissaire de la Province de Bourgogne. Ensemble, pendant quatre jours, ils vont tenir le Convent de Bâle. L'un des documents qui y sont signés rappellera que « l'élection régulière du visiteur général et [du] chancelier de la province [était] différée depuis six mois pour pouvoir être faite avec le concours des, établissements de l'Helvétie ». Lavater réunit les Bâlois le 16, entend leur exigence de ne plus jamais avoir à faire à Buxtorf et y accède.

En vertu des pouvoirs qu'il a reçus de Schubart il élève leur Commanderie au rang d'une Préfecture dont Burckhardt est élu Préfet. Le 17, Lavater ouvre les travaux du Chapitre Prioral en présence de Turckheim entre les mains; duquel il dépose ses pouvoirs et sort pour laisser les membres des deux Préfectures procéder à l'élection du Grand Prieur d'Helvétie. Il rentre apprend son élection, remercie fait procéder à l'élection des autres officiers* et clôture les travaux. Ceux-ci sont alors à nouveau ouverts et Jean de Turckheim procède à l'installation rituelle du Grand Prieur d'Helvétie.

Le caractère ombrageux de Lavater amène sa brouille avec Burckhardt en 1780. En 1782, Lavater assiste au début du Convent de Wilhelmsbad mais n'y reste que jusqu'à la suspension des travaux, le 2 août. Dans une lettre inédite, retrouvée par Antoine Faivre que Bernard ce Turckheim adresse en décembre 1783 à Willermoz*, on lit que Lavater « veut absolument de l'extraordinaire, du merveilleux. et son coeur ne se rend pas à moins ».Il ne répond pas aux lettres qui lui sont adressées, l'Ordre Intérieur ne se réunit plus depuis 1783

Le Convent de la V e province. qui se tient à Strasbourg en septembre 1784, conclut à l'extinction du Grand Prieuré d'Helvétie. Depuis 1784, Lavater n'assiste plus aux travaux de la loge Modestia de Zurich qui se réunit pour la dernière fois le 1er mars 1786. Deux mois plus tard, au nom du Directoire Écossais Helvétique Romand récemment créé à Lausanne Bergier d'illens vient à Zurich rencontrer Lavater et lui soumet un « traité de réunion et d'identité » dont on ne sait: pas s'il fut conclu.

Si Lavater n'a plus guère d'activité maçonnique jusqu'à sa mort, sinon une douzaine de discours prononcés à Zurich à des occasions diverses par exemple pour l' initiation de son fils également prénommé Diethelm, le 19 août 1811, il entretient cependant des rapports écrits avec plusieurs maçons célèbres Sa correspondance pour la période allant de 1801 à sa mort, publiée en 1994 par Werner Zimmermann a révélé l'existence de 200 lettres inédites dont 79 échangées avec Johann August Starck* entre 1809 et 1815. Lavater dépose sa charge de Grand Prieur à la fin de 1809 et refuse de la reprendre après la mort de son successeur Pierre Burckhardt, le 24 mars 1817

A.B.


LE COUTEULX
L-08.JPG (52K) (famille) La célèbre banque Le Couteulx est l'une des trois plus grandes maisons du Paris des années 1775-1790. Elle a fourni un contingent impressionnant d'affiliés à la francmaçonnerie. Au moins cinq représentants des Le Couteulx ornent en effet les colonnes* du temple à la fin du XVIIIe siècle: Barthélemy-Gabriel Le Couteulx de Vertron, Jacques-Jean Le Couteulx du Molay, Barthélemy-Gabriel Le Couteulx de la Noraye, à Paris; Antoine Le Couteulx de Verclives et Louis Le Couteulx de Caumont à Rouen.

Cette dualité géographique correspond aux stratégies des financiers. Installés à Paris dès le XVIIe siècle, les Le Couteulx ont en effet préalablement prospéré en Normandie où ils pratiquent le commerce depuis le XVe siècle. Les affiliations maçonniques accompagnent donc l'organisation des activités bancaires séparées en deux pôles géographiques activés par l'apport de la filiale implantée à Cadix depuis 1722.

Lieu de passage obligé pour la formation des futurs banquiers le comptoir caditan joue un rôle déterminant dans la redistribution des produits venus de l`Empire espagnol: ses bénéfices ont alimenté les caisses des maisons de Paris et de Rouen qui optent pour une stratégie de diversification des capitaux particulièrement efficace, qui va de l'implication dans la traite négrière à des placements dans le secteur productif (manufacture de tabac, savonnerie, fonderies de cuivre...).

L'auditeur à la Cour des comptes Barthélemy Gabriel Le Couteulx de Vertron semble avoir été le premier membre de l'illustre famille à adhérer au mouvement maçonnique: il figure parmi les affiliés à la loge parisienne La Bonne Union à partir de 1773 et occupe l'office de maître des cérémonies jusqu'en 1776. En 1779 on le retrouve encore parmi les frères de Thalie, entourés de robins et de représentants des talents, dont le Dr Guillotin. Cette loge, mal perçue car ouverte aux Comédiens, est une émanation des Neuf Soeurs* .

Les deux membres les plus illustres de la famille Le Couteulx affiliés à la maçonnerie sont toutefois Jacques-Jean Le Couteulx du Molay (17401823), le principal responsable de la banque qui figure parmi les fondateurs en mai 1777 des Amis Réunis*, et Barthélemy-Gabriel Le Couteulx de la Noray (1752-1799), son cousin présent en 1782. Les deux hommes fréquentent l es te nu es d e la célèbre loge parisienne.

C'est au moment où la banque entre dans sa période d'apogée que les Le Couteulx se montrent sensibles à l'Art royal*, l'attitude s'inscrivant dans un mouvement d'ensemble caractérisé par l'influence exercée par la maçonnerie sur le milieu bancaire. En 1776, l'année même où le chef de la branche parisienne Le Couteulx du Molay entre en maçonnerie, la famille acquiert le domaine de Malmaison le lieu de résidence stratégique où se réunit le clan et qui devient un lieu connu du tout-Paris.

Ancien partisan de Turgot, sensible aux thèses des encyclopédistes, Le Couteulx du Molay y reçoit nombre d'artistes (il fréquenta d'ailleurs la Société Olympique*) et des figures importantes du mouvement philosophique notamment l'Espagnol Pablo de Olavide. Affiliés aux Amis Réunis, les Le Couteulx montrent leur affinité avec l'air du temps, l'atelier jouant un rôle primordial dans la fondation de la première grande oeuvre philanthropique laïcisée . La vocation philanthropique des Le Couteulx semble cependant plus le fait des dames, qui donnent huit membres à la Société de charité maternelle.

À partir de 1782 la vocation maçonnique de la famille atteint la branche rouennaise. L'ancien maire de Rouen, Antoine Le Couteulx de Verclives (1722-1794), est maçon entre 1783 et 1786. Il est alors maître d'une fonderie de cuivre qui, acquise par la famille à Romilly sur-Andelle, participe à l'armement de la marine espagnole.

Présent aux réunions de l'atelier de La Parfaite Union qui initie les milieux académiques et affilie librement les figures emblématiques du parti philosophique (Benjamin Franklin*, le président du parlement de Bordeaux, Dupaty), Verclives est bientôt rejoint par son neveu, Louis Le Coulteux de Caumont, en 1785.
Il est alors maître* et 3e expert couvreur.
Caumont est membre des Bons Amis*, où se retrouve la bourgeoisie robine qui prend bientôt en mains les rênes de la cité.
Le fait est peu surprenant de la part de cet homme réputé pour son enthousiasme envers la Révolution américaine* et qui s'installe d'ailleurs bientôt outre-Atlantique.


Les débuts de la Révolution voient les Le Couteulx suivre sans difficulté le mouvement d'ensemble derrière leur chef de file, Louis Le Couteulx de Canteleu, qui, député du tiers, est élu à la Constituante.
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Ils semblent cependant abandonner les loges maçonniques, à Paris comme à Rouen.
Libéraux, les Le Couteulx sont débordés par la radicalisation révolutionnaire et presque tous internés sous la Terreur, avant de retrouver un rôle important sous le Directoire.


Sortis de la maçonnerie les Le Couteulx laissent pourtant un « legs » à celle ci sous le Premier Empire* en la personne du richissime maire d'Alençon, Jacques Mercier.
Maire à partir de 1808, il fut l'un des hommes les plus influents de l'atelier La Fidélité puis tout en restant un maçon actif un représentant du libéralisme* politique sous les Bourbons.
Député en 1827, Jacques Mercier n'est autre que le gendre de Le Couteulx de la Noraye et le neveu par alliance de Le Couteulx de Canteleu.


E.S.


LEMMI
Adriano (Livourne, 1822 - Florence 1906) La jeunesse de Lemmi se déroule à Livourne dans le climat patriotique et humanitaire du début du Risorgimento.
Lemmi est fasciné par les idéaux mazziniens qu'il fait siens en y adhérant avec conviction.
La police grand-ducale le soupçonne et le persécute jusqu'à le pousser à un exil volontaire en France, à Marseille, puis à Malte et enfin en Turquie, à Constantinople.
Il s'y adonne au commerce avec succès.


A 26 ans, pour des raisons de travail, il se rend à Londres où il rencontre Mazzini*.
La rencontre est décisive pour la formation politique de Lemmi, qui ne trahira jamais la pensée du Génois qui lui demandera plusieurs fois son aide.
En 1849, Lemmi revient à Livourne sur sa demande et s'occupe de l'embarquement de la Légion Manara envoyée à l'aide de Garibaldi et de la République Romaine.


Rentré à Constantinople, il se consacre à ses activités commerciales qui lui permettent de s'enrichir au point de contribuer au financement de l'expédition de Carlo Pisacane à Sapri en 1857.
Toujours à la demande de Mazzini.
il participe en 1853 à la préparation d'un mouvement insurrectionnel en Ligurie.
qui échoue avant même de commencer.
Soupçonné, il est expulsé.


Il sert d'intermédiaire entre Mazzini et Lajos Kossuth. enfermé dans la forteresse de Koutaja, en réussissant à le faire évader en 1850; il l'accompagne ensuite à Londres et aux États-Unis. Il rentre définitivement en Italie en 1850; désormais riche. À sa foi mazzinienne, jamais démentie, il unit un grand enthousiasme pour l'action de Garibaldi*, qu'il a connu à Naples, qu'il soutient et qu'il aide.

Lemmi est initié à la maçonnerie en 1877, dans la loge Propaganda Massonica: il y fait une carrière fulgurante. En 1879, il devient Grand Trésorier et, en 1885, il est élu Grand Maître charge qu'il conserve jusqu'en janvier 1896. Ensuite, il demeure Souverain Grand Commandeur du Rite Écossais Ancien et Accepté* jusqu'à sa mort, à Florence en mars 1906.

Lemmi théorise une maçonnerie politique.
Il veut construire un parti maçonnique transversal, qui contrôlerait et déterminerait la marche de l'État.
Sa proposition s'adresse à une jeune classe politique et se fonde sur des principes maçonniques élevés qui voulaient unifier un pays de constitution récente.
Il pense en conséquence que la maçonnerie doit sortir de ses temples* pour voir étudier et opérer dans le monde pro fane.
Il crée une organisation capillaire, fondée sur des commissions composées de frères surs il donne des directives d'obéissance absolue aux dispositions données, favorise par une nouvelle constitution de l'Ordre.


Il a des partisans convaincus, de Carducci à Giovanni Bovio et Francesco Crispi lui-même président du Conseil et grand ami de Lemmi. Un sentiment anticlérical commun, dont la maçonnerie italienne était pénétrée permet de réunir dans le Pacte de Rome de 1890 les différentes âmes de la gauche laïque italienne, qui partagent le projet qui était aussi celui de Nathan*, Ferrari* et Lemmi, au cri de « ... écartons le prêtre de la vie et de la mort ».

Les premières années de la Grande Maîtrise assumée par Lemmi sont marquées par la réforme structurelle du Grand Orient d'ltalie dans un sens de modernisation et de centralisation par le renforcement de l'institution, par l'unification en un seul Conseil Suprême des différents corps du Rite Écossais Ancien et Accepté qui avait divisé la maçonnerie italienne, Lemmi assume également la charge de Souverain Grand Commandeur du Rite Écossais Ancien et Accepté. Alors que le Rite s'unifie, l'Ordre, en revanche, se désagrège.

Sa Grande Maîtrise est en effet marquée par des conflits avec les loges du nord de l'ltalie, ce qui entraîne des schismes, un affaiblissement total de l'institution, et a pour conséquence la démission de Lemmi Sa tentative n'a donc pas eu de succès. L'ltalie dont il rêvait ne se réalise pas. Mais la maçonnerie, en suivant son projet politique, s'éloigne nettement de sa propre tradition anticipant ainsi un scénario de déviations dont on a retrouvé les thèmes à des époques plus récentes et qu semblent aujourd'hui toujours présents.

F.R.


LEPAGE,
Marius (Château-Gontier, 1902-Laval, 1972) Marius Lepage habite Laval (Mayenne) presque toute sa vie.
Il y occupe les fonctions de chef de division à la préfecture.
Initié le 24 janvier 1926 et élevé à la maîtrise le 27 novembre 1927 à la loge* Volney du Grand Orient de France* de Lava.
, il y déclare le 24 mars 1929: « Reprenons l'étude des symboles observons scrupuleusement et strictement les rites, donnons à la loge le caractère spiritualiste qui est celui de la véritable maçonnerie.
» Six mois plus tard il écrit dans la revue L'Acacia: « Qu'est-ce qu'une religion ?

C'est, selon le sens étymologique du terme, ce qui relie les hommes les uns aux autres.
A ce titre, la F.-M. elle-même est une religion.[...] Mais comprenez-moi bien ! La religion que je défends ici n'est ni catholique, ni protestante, ni autre.
La religion telle que je la comprends n'a point de nom ni de prêtres.
Chacun de nous trouve en soi sa propre satisfaction et ne peut prétendre expliquer à autrui ce qu'il doit croire, ce qu'il doit rejeter.
Quelqu 'idée que nous nous fassions de la divinité [...], nous la formons selon notre pensée, nul n'a le droit de nous imposer un dogme et une foi ! »

Archiviste de sa loge, il découvre la revue Le Symbolisme qu'Oswald Wirth* a fondée en 1912.
I1 écrit à Wirth et leur dialogue se poursuit dans la revue dès 1930.
Le dernier numéro (244) du Symbolisme parait en juin 1940.
À la mort de Wirth, survenue le 9 mars 1943 Corneloup* écrit à Lepage qu'il lui apportera sa collaboration pour la reparution du Symbolisme, le moment venu.
Le numéro 245 paraît en décembre 1945 avec Corneloup pour directeur et pour rédacteur en chef Lepage, que Volney choisit comme vénérable*, le 17 novembre 1946.
La meme année, il est élu fellow de la Philalethes Society et, pour la meme raison que Corneloup en est radié en 1955.


En 1956, Lepage publie L'ORDRE et les Obédiences. La typographie inhabituelle du titre du livre en illustre l'idée directrice que son auteur résume ainsi: " L'Ordre-la Franc-Maçonnerie traditionnelle et initiatique-n'a pas d'origine historiquement connue .


Pour reprendre l' expression ordinairement employée, il date de "temps immémoriaux".[...] Les Obédiences, au contraire, sont des créations récentes, dont on peut-bien qu'avec quelques difficultés et imperfections- décrire la naissance. [...] L'Ordre est d'essence indéfinissable, et absolue l'obédience est soumise à toutes les fluctuations inhérentes à la faiblesse congénitale de l'esprit humain.
" Dans ce livre, Lepage révèle à la plupart des maçons français l'importance de l'école moderne historique anglaise et de son principal organe, la revue Ars Quatuor Coronatorum.
Avec l'accord écrit du Grand Maître du Grand Orient Marcel Ravel, la loge Volney invite le R.P. Riquet*, s.j., à venir parler de l'athéisme au cours d'une tenue* blanche fermée le 18 mars 1961.


Les mots avec lesquels Lepage l'y accueille et le texte de sa conférence sont publiés dans Le Symbolisme n° 353.
Devant le tollé suscité par cette conférence à laquelle la presse a donné un retentissement considérable, le Grand Maître Ravel déclare devant le Convent du Grand Orient, le 4 septembre 1961:« L'initiative de Laval fut une initiative personnelle et particulière à une loge.
Le Conseil de l'Ordre n'en fut pas partie prenante.
» Lepage et sa loge, contre lesquels des plaintes ont été déposées, sont jugés et absous par la Chambre Suprême de Justice Maçonnique du Grand Orient.
Mais un mauvais prétexte sert à déposer de nouvelles plaintes.
Lepage démissionne du Grand Orient le 19 mai 1963 et s'affilie à la Grande Loge Nationale Française* le 22 juin.> Il le regrettera et l'écrira.


Vénérable Maître* d'Ambroise-Paré, nouvelle loge créée à Laval avec le n° 80 par la Grande Loge Nationale Française, malgré les interdictions officielles il y reçoit (. des FF.. de n'importe quelle obédience*, à une seule condition qu'ils acceptent de prêter un serment d'allégeance celui de la "reconnaissance d'un Grand Architecte de l'Univers*, manifestation du Principe Suprême de tout être et de toute chose, inconnaissable et incompréhensible à une intelligence humaine" .,. Le 3 mars 1965, avec Jean Baylot*, il est coopté au Suprême Conseil pour la France.

A. B.


LEPESQUEUR DE CONJON
L-10.JPG (34K) Charles Pierre (Ranchy, Calvados, 1763- ?)Étudiant en droit à l'université de Caen, Lepesqueur de Conjon appartient à la bohème littéraire des années 1780-1789. Grâce à ses talents littéraires, Lepesqueur, installé a Bayeux où son père exerçait déjà la profession d'avocat, essaie de faire carrière. Il compose des chansons et des poèmes, et un parrainage paternel lui vaut facilement l'accès à la chambre littéraire locale, en 1784. À 21 ans, il peut y rencontrer le frère du naturaliste Buffon franc-maçon au sein de l'atelier nobiliaire local (La Constance`) et le baron de Wimpffen, héros de la guerre d'Amérique. Très vite, Lepesqueur prend en main les rênes' de cette institution culturelle et tisse un réseau important qui le met notamment: en relation avec les membres des prestigieux musées* de Paris et de Bordeaux*, mais aussi avec la Société des Rosatti à laquelle a appartenu Robespierre.

Presque naturellement, il frappe à la porte du temple maçonnique qui regroupe (â Bayeux, tout ce que cette ville compte d'hommes influents. À coté d'une loge* nobiliaire, la Constance Lepesqueur et les quelques robins qui l'accompagnent font preuve d'initiative en voulant redonner vie aux Coeurs Unis par Excellence une loge mise en sommeil après le décès de son vénérable* le marquis de Bricqueville, en 1782. À partir de 1783, il anime irrégulièrement les tenues* de cette loge. Elle essaiera en vain d'obtenir la reconnaissance du Grand Orient*. Malgré la morgue et l'opposition de la loge nobiliaire obstiné Lepesqueur parvient à ses fins en fondant Saint-Charles de la Bonne Union le 24 février 1788.

Les propos qu'il tient lors du discours d' installation, où il valorise le beau siècle de la République de Rome et oppose la franc-maçonnerie aux ordres de Saint-Lazare et de Malte, permettent de mieux comprendre les motifs de rejet d'une no blesse* initiée qui lui est toujours restée hostile. Entré en maçonnerie dans des conditions difficiles Lepesqueur regarde vite vers d'autres cieux et de nouveaux réseaux. Le Journal de Normandie, qui est dirigé par le maçon rouennais Milcent, attire en effet ses convoitises. Il est vrai que Lepesqueur connaît bien cet ami de Diderot et que le Journal de Rouen lui permet de faire diffuser chansons et vers. La Révolution approche.

Enthousiasmé mais conscient qu'il n'aura pas d'avenir s'il reste à Bayeux, Lepesqueur s'installe à Rouen en 1792. C'est là que, durant la Terreur, il accède enfin à la notoriété politique. Il a l'idée de fonder une feuille radicale, Le. Flambeau du républicanisme. Durant 261 jours ce quotidien est la principale caisse de résonance de l'opinion radicale. Lepesqueur, plus hébertiste que robespierriste, peut laisser libre cours à son admiration pour le philosophe de Genève et montrer son inclination pour les mascarades antireligieuses. Ensuite on perd sa trace. Ses démêles avec le milieu maçonnique nobiliaire d'une petite ville de province nous rappellent en tout cas la prégnance des refoulements sociaux dans les loges entre 1785 et 1789.

E. S.


LETTRES
L-11.JPG (29K) L'usage rituel de lettres isolées comme initiales désignant et cachant à la fois un mot inconnu des profanes ou comme support d'influences symboliques apparaît dès les débuts de la maçonnerie; il tire son origine de pratiques des anciennes corporations souchées elles-mêmes sur de très vieilles techniques en honneur dans l'Antiquité grecque et juive. La constitution d'un alphabet propre à l'institution fut donc un prolongement naturel de ces pratiques. Il ne s'agit pas d'une langue secrète à proprement parler, mais de l'adaptation à la maçonnerie spéculative de ces procédés de cryptage ou d'identification symbolique.

À la demande rituelle du mot sacré le candidat répond: « Je ne sais ni lire ni écrire; je ne sais qu'épeler; donnez-moi la première lettre je vous donnerai la seconde » L'instructeur et le nouvel instruit répètent alors ensemble pour finir le mot reconstitué qui prend son efficacité rituelle dans cet acte même.
Le maçon, qui est dit « rassembler ce qui est épars ", opère sur les éléments de la « parole perdue » de la même façon qu'il est supposé poser la « pierre d'angle » qui donne son unité et sa consistance à la voûte ou ramener à la vie le maître Hiram* assassiné.
Les rituels d'élévation au grade de maître* comprennent le constat que « la chair quitte les os » et que « tout se désunit » par les deux surveillants qui donnent alors le mot des grades qu'ils ont en charge; le vénérable* maître peut alors relever le récipiendaire en prononçant à voix basse le mot sacré que les textes désignent par les initiales M..B... Les deux lettres sont brodées sur le tablier* de maître.


La pratique de ce type d'écriture renvoie aux systèmes antiques du monde sémitique où les consonnes Figuraient seules accompagnées de points-voyelles, conventions relayées par l'usage médiéval de signaler par un trait les lettres manquantes.
Les correspondances de valeur entre nombres* et lettres étendaient encore le jeu des significations dont les hauts grades* ont fait grand usage: le tablier et le bijou* de Maître Secret* (4° du Rite Écossais Ancien et Accepté*) portent un Z.
initiale de Zizon, qui désigne la balustrade du temple*; l'instruction rituelle au 80 contient cette réponse à la demande d'identification ml J'ai vu une grande lumière, au milieu de laquelle j'ai aperçu trois lettres mystérieuses en caractères hébraïques.
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J J J » (ou 1, trois lod qui désigneraient la Divinité en trois personnes).
De l'orient grec « vient l'identification du Christ par « l'alpha et l'oméga » figurés sur le bijou du Grandi Pontife ou Sublime Écossais de la Jérusalem Céleste de ce rite.


Si l'interprétation alchimique de l'inscription V.l.T.R.l.O.L.* du cabinet de réflexion* (visita interiora terrae rectificando invenies occultam lapidem) n'a pas prêté à discussions, le mot sacré l.N.R.I. du 18° Rose-Croix* put être « déchristianisé » dans le sens d'une rénovation intégrale de la nature par le feu (Igne 'Natura Renovatur ab Integro).

La lettre G* qui apparaît au grade de compagnon * au centre de l'étoile flamboyante, en revanche, a donné lieu à des débats importants. S'agissait-il de l'initiale de God en anglais ou de celle de la géométrie? Les enjeux dépassent ici le cadre purement symbolique.

Les principes de l'alphabet maçonnique ont été exposés dans le Catéchisme des francs-maçons (1744)) de Louis Travenol; il inscrit 20 à 23 lettres dans neuf cases carrées formées par quatre droites parallèles deux à deux; le graphisme représente la case en effaçant les lettres et en ajoutant ou non un point pour les différencier dans le dessin. On sait que son usage en était très répandu en France dès le XVIIIe siècle. Les Anglais, quant à eux, l'utilisent dans la Maçonnerie de la Marque et les Américains dans l'Arc Royal en l'adaptant à leur langue. C'est le goût de la Kabbale*, qui connut des méthodes comparables, qui semble être à l'origine de ce procédé qui satisfaisait le besoin de secret*.

J.-P. L.


LIBÉRALISME
L-12.JPG (32K) (1810-1848) Époques mal connues difficiles pour un Grand Orient de France* sorti divisé et affaibli de l'âge d'or de la « franc-maçonnerie des Bonaparte* », la Restauration et la Monarchie de Juillet constituent un moment de mutation capitale dans l'histoire de la franc-maçonnerie française.
Accusant réception des transformations culturelles liées à la Révolution française*, c'est à ce moment-là qu'elle entre de plain-pied dans l'ère du libéralisme politique et qu'elle voit se mettre en place les fondements qui lui permettront de figurer parmi les acteurs principaux du processus de républicanisation qui émerge sous le Second Empire*.
Complexe à analyser en raison de son inachèvement et, surtout, du nécessaire éclatement des bornes chronologiques dont elle doit faire l'objet l'histoire de cette mutation s'inscrit autour de trois temps forts: les années de désenchantement qui caractérisent la fin du Premier Empire*, la période noire de la réaction ultra (1820-1827) et, à l'autre bout, la crise générale touchant la « monarchie louis-philipparde » dans les années 1840-1848.


1810-1811. La franc-maçonnerie napoléonienne connaît une inflexion décisive due à la rencontre de deux évolutions. D'une part, elle se trouve de fait dans une situation nouvelle, en raison de l'obligation qui est faite par l'article 291 du Code pénal aux associations d'être reconnues par le pouvoir quand elles rassemblent plus de 20 personnes. La loge maçonnique, bien qu'instrumentalisée et longtemps peuplée par les notables promus par le régime, rompt avec le cénacle aristocratique duquel elle se rapprochait encore sous l'Ancien Régime en raison du nombre réduit de frères réellement actifs qu'elle rassemblait, Les cohortes d'officiers de la Grande Armée* ont habitue les ateliers maçonniques à rassembler régulièrement de larges groupes et à anticiper ainsi, en raison de leur caractère viril et de leur absence de finalité extérieure laissant la part belle aux activités festives, le « cercle », cette forme de sociabilité bourgeoise typique du XIXe siècle et désignée ainsi par Maurice Agulhon pour qualifier la nébuleuse de lieux de réunions qui, à l'image de celles qui peuplent le Grenoble de Stendhal, fleurit sous les monarchies censitaires.

Parallèlement les enquêtes préfectorales menées en l'année 1811 révèlent un autre fait: la fragilité de L'instrumentalisation dont la franc-maçonnerie a été l'objet. À cause des liens avec Les Philadelphes* où maçonne Buonarotti*, de la suspicion liée aux affinités maçonniques du général Malet et de son entourage ou, a contrario à celles de milieux royalistes locaux pensant leur heure arrivée (Angers), la francmaçonnerie inspire une certaine méfiance. De manière plus généralisée, dans les profondeurs d'un Empire finissant, la f désertion des « masses de granite » constitue un symptôme inquiétant et on est peu surpris de trouver dans les loges le vivier d'où sortira la Jeune-France libérale de la Restauration. Ainsi, à Évreux, la Constance Éprouvée rassemble-t-ellé dés 1810-1812, autour de l'illustre Du pont* de l'Eure, l'important cercle libéral qui organise les assemblées du château de Condé entre 1815 et 1817.

Les années 1814-1815 font éclater au grand jour la politisation rampante qui sévit dans certaines loges.
À Falaise, l'atelier local implose en deux factions et les formes du ralliement, sans concessions pour les uns mais plus mesuré pour d'autres réunis autour d'un juge de paix soucieux de préserver la concorde, constituent explicitement le facteur des dissensions.
Les années 1815 1820 voient logiquement s'amplifier la culture politique naissante par l'émergence de loges qui, comme Les Amis de la Venté*, sont le point de ralliement des opposants et délaissent le rituel au profit du tissage de liens étroits avec les sociétés secrètes.
C'est le cas de L'Union, de Joseph Rey qui utilise la maçonnerie comme vivier de recrutement.
Dans cette perspective s'inscrit aussi le succès de M a maçonnerie des marges », notamment celui du rite égyptien* de Misraïm animé par les frères Bédarride.


Son histoire mériterait sans doute d'ailleurs d'être complétée, car la porosité constatée des loges du Grand Orient envers les réprouvés d'une maçonnerie interdite en 1820 (Rouen) est un fait réel.
La prolétarisation de la maçonnerie, évidente à Paris et dans les cités touchées par l'industrialisation naissante, facilite il est vrai la contamination.
Néanmoins on remarquera, malgré l'aura de loges emblématiques que les débuts de la Restauration ne font qu'accentuer la politisation et la lente descente sociale du fait maçonnique entamées dès la fin de l'Empire.


La majorité des ateliers reste, au quotidien, occupée par une reconstruction difficile (le Grand Orient a perdu plus de 400 loges) et on retourne rapidement derrière les bustes de Henri IV ou de Louis XVIII à la tradition originelle du légalisme envers le pouvoir en place.
La mise en place du « gouvernement des Constitutionnels » (septembre 1816 février 1820) dont la figure de proue, le frère Decazes* a soin de rappeler le Il octobre 1818 aux préfets* que la maçonnerie est tolérée, limite les effets des mutations et laisse la maçonnerie à sa rude tâche de réunification des rites.

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1820 constitue un autre tournant: l'arrivée des ultras entraîne de nouveaux comportements. Par une ironie de l'histoire c'est l'assassinat du duc de Berry le 20 février 1820, « l'ami des initiés » dont on ignore à ce jour s'il le fut lui-meme, qui sonne le glas de la protection officielle et, par conséquent ia fin de la déférence obligée envers le pouvoir en place. Bien qu'innocente, la maçonnerie, en raison de l'héritage néo bonapartiste et libéral dont elle est porteuse , est jugée responsable de ce presque régicide. Dans ce contexte se transforme un peu plus l'idéologie de nombreuses loges. Dans les provinces profondes, les morceaux d'architecture portent les récurrentes plaintes contre les malheurs qui touchent la maçonnerie. De manière révélatrice, les traditionnelles santés au roi cèdent la place à des compliments ambigus destinés à d'autres princes. Le prince d'Orange*, le duc de Sussex* et Pierre 1er du Brésil*, ces protecteurs de la maçonnerie sont montrés comme les monarques exemplaires, en contrepoint à l'attitude de Charles X en France.

Les événements de 1830 sont sans surprise accueillis avec ferveur: à Paris, les frères fondent l'éphémère mais emblématique loge des Trois Jours, alors que, dans les provinces, les délégations se pressent d'aller honorer le frère Lafayette*.

Parallèlement les loges ont montré leur capacité à augmenter leur potentiel de subversion par des pratiques nouvelles En Seine-lnferieure, où Rouen compte parmi les orients de province les plus maçonnisés, on entend ainsi, en septembre 1822, un préfet pourtant peu inquiet s'exprimer en des termes qui montrent une mutation profonde: sI Les maçons son t irréprochables, mais, bien que modérées les opinions professées dans les loges sont de nuances différentes.
» Derrière le petit reproche se cache une mue inquiétante.
A l'image du salon Laffitte, mais maintenant de manière quotidienne, les loges deviennent le lieu où se replie le politique.
Au moment où les figures de proue du républicanisme Louis Desseaux* à Rouen (1822) ou Odilon Barrot à Paris (1826)~ sont initiées, on constate en effet la tendance fréquente des loges à opérer une partition entre activités festives et initiatiques.


Au rituel, les réunionS maçonniques font succéder le banquet* où l'on chante Béranger et où l'on déploie parfois, notamment lors des élections de 1827, le drapeau tricolore de toutes les espérances.
Dans les ports les passages se prêtent à d'autres formes de subversion.
On met ainsi en place des réseaux d`entraide (Brest Le Havre) destinés à servir la cause des représentants des populations lusophones et hispanophones qui se battent pour faire avancer la cause des libéraux ou faire triompher leur désir d`indépendance.


C`est dans ce contexte rénové que s'installe la Monarchie de Juillet. La période prolonge, jusqu'aux années 1840, la mutation précédente Un cadre législatif contraignant après le vote en février 1834 d`une loi sur les associations qui confirme les contraintes posées en 18,1()~ ne permet pas aux loges d`exprimer au grand jour leur position, et Guizot l'homme fort du régime, bien qu'il ait été un (éphémère) initié au sein de la loge parisienne Phoenix lorsqu'il était étudiant en droit (1804) se méfie de cette structure de sociabilité qui restera perturbée par les débats politiques jusqu'en 1837.

C'est vers 1840, au moment où les loges retrouvent paradoxalement des protecteurs auprès du pouvoir en place qu'un troisième moment de mutation s'opère On voit la politisation déjà acquise s"accompagner d'une transformation culturelle visant à faire basculer définitivement les loges du coté du philanthropisme bourgeois et à les ériger en concurrentes des Églises. La vogue des baptêmes maçonniques la création de la Maison de Secours, le 1er octobre 1840, en sont les symptômes révélateurs. Les oeuvres philanthropiques (philanthropie*) seront bien le canal privilégié de la mutation.

Néanmoins. au moment où une majorité de frères salue la Révolution de 1848* la maçonnerie reste en proie a des influences contradictoires Ainsi, alors que les ateliers implantés dans une France déjà engagée dans la voie de l'industrialisation entrent sains ambiguïté dans l'ère de la démocratisation de la politisation et de la laïcisation, les loges situées dans la France restée plus rurale conservent à l'évidence un fort tropisme à l'égard des élites conservatrices.

Malgré une réelle sensibilité au sort d'une population bousculée par la révolution industrielle, on doit relever la forte perméabilité aux thèses morales propagées par la bourgeoisie, `; notamment la hantise de la « démoralisation ». Le discours de maçons politiquement libéraux notamment lorsque les ateliers choisissent dans leurs ouvres de t: récompenser les ouvriers méritants, montre que nombre de frères préfèrent saluer chez l`ouvrier la résignation et les bonnes moeurs plutôt que la capacité à combattre l'oppression. Fondamentales à bien des égards, les années 1810-1848 restent donc, plus que par tout autre évolution essentiellement marquées par le triomphe du libéralisme politique.

E. S.


LIBRE PENSÉE
L`expression « libre pensée » date environ de 1843. Elle désigne soit une attitude intellectuelle et idéologique, soit un mouvement composé d`un ensemble de sociétés, dites de Libre Pensée. Les premières sociétés de libres penseurs apparurent en France peu après la Révolution de 1848 leur existence fut éphémères le contexte politique ayant amené leur dissolution ou la dispersion de leurs membres. Elles se reconstituèrent en Belgique* formées des proscritS français et des anticléricaux belges, et prirent un tour nouveau en se spécalisant dans l`organisation de funérailles* civiles destinées à bannir le clergé de la vie privée de leurs membres.

L'amnistie de 1859 ayant permis aux républicains proscrits et exilés de revenir en France, les sociétés de Libre Pensée s'y refommèrent, de manière plus ou moins clandestine Après les événements de la Commune*, elles se trouvèrent de nouveau décapitées, et il fallu, attendre le triomphe effectif de la République, vers 1877-1879, pour que les sociétés de Libre Pensée prissent véritablement leur essor, qui se poursuivit de manière ininterrompue jusqu'au vote de la loi de séparation des Églises* et de l'état le 9 décembre 1905 Durant toute cette période le mouvement libre penseur français fut fort de plusieurs fédérations ligues et associations nationales diverses qui coexistèrent ou se succédèrent de fédérations départementales, régionales et de plusieurs centaines de sociétés locales (540 en 1894).

Ces sociétés étaient majoritairement implantées dans les départements du Nord, de l'Est et du Sud-Est mais certains départements situés dans la partie occidentale d u pays (comme la Gironde ou la Charente-inférieure) comptaient aussi un nombre non négligeable de sociétés. Les sociétaires étaient, pour l'essentiel, recrutés dans les milieux populaires. On y rencontrait nombre de cultivateurs de vignerons, de petits artisans; progressivement la part des postiers, des cheminots, des instituteurs augmenta.

La Première Guerre mondiale porta aux sociétés de Libre Pensée un coup fatal, dont elles ne se relevèrent jamais véritablement. Le départ des hommes pour le front, le contexte d'Union sacrée*, l'influence réactivée des prêtres auprès des femmes amenèrent un net recul des idées libres penseuses; il est vrai aussi que la principale revendication politique de la Libre Pensée, la séparation` avait été satisfaite. La Libre Pensée ne se reconstitua que très lentement durant l`entre deux-guerres, et à l'exclusion de Louis Aragon, qui fut membre de l'Association des travailleurs sans Dieu organisation libre penseuse prolétarienne proche du Parti communiste , elle ne compta plus de grands noms au sein de ses états-majors, comme cela avait été antérieurement le cas avec Victor Hugo, Louis Blanc, Paul Bert, Anatole France, Marcelin Berthelot Ferdinand Buisson... La Libre Pensée réduite au silence par l'État français, se reconstitua à la Libération. Son influence est de nos jours des plus marginales.

Politiquement, les libres penseurs se distinguèrent par leur engagement en faveur de la République. Les considérations politiques ne furent pas étrangères à la hargne voire à la haine~ que les libres penseurs manifestèrent à l'égard du clergé; le ralliement de l'église au coup d`État du 2 décembre 1851 et le Te Deum chanté par Mgr Sibour à Notre-Dame de Paris au mois de janvier 1852 effacèrent le souvenir de la bénédiction des arbres de la liberté en 1848~ que certains libres penseurs avaient d'ailleurs considérée avec méfiance-« ils en crèveront », disaient-ils. Par la suite, si certains appartenaient au radicalisme*, un nombre grandissant de libres penseurs se réclamaient du socialisme, notamment du socialisme allemaniste* tandis que d'autres frayaient avec les milieux anarchistes. Après le Congrès de Tours et la fondation du Parti communiste, se forma une Union libre penseuse prolétarienne qui, en 1932, devint l'Association des travailleurs sans Dieu.
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En matière de croyance - ou d'incroyance-, les positions des libres penseurs étaient également variées. Les premières générations étaient résolument déistes et spiritualistes. Progressivement les convictions athées et matérialistes s'imposèrent. Tout d'abord unis par un commun refus des dogmes et une même aversion envers le clergé, notamment envers les jésuites et, plus généralement toutes les congrégations, les libres penseurs déistes et athées finirent par se mépriser et se tenir en mutuelle suspicion.

Il est assez fréquent que franc-maçonnerie et Libre Pensée soient associées voire franchement assimilées, dans l'esprit de leurs détracteurs comme de leurs sympathisants. Une opinion imparfaitement informée tend à croire qu'il y avait, entre ces deux mouvements, conformité absolue de convictions et d'actions et que l'on ne pouvait militer dans l'un sans appartenir à l'autre. En 1913 la Revue internationale des sociétés secrètes rangeait la Libre Pensée parmi « les filiales de la franc-maçonnerie » et, en 1935, Henry Coston considérait le groupe parlementaire de la Libre Pensée comme « le tiersordre parlementaire maçonnique ».

Si l'on considère la Libre Pensée comme une position idéologique et non comme un mouvement organisé, il est parfaitement juste de dire que la franc-maçonnerie, qui a toujours revendiqué la pratique du libre examen, la liberté de conscience et le refus des dogmes, est intrinsèquement libre penseuse. Cependant, si l'on considère maintenant la Libre Pensée en tant que mouvement institutionnalisé, il convient de la distinguer soigneusement de la franc-maçonnerie

Certes, il existait des concordances entre les deux mouvements, On ne peut nier que la franc-maçonnerie fut partiellement à l'origine des premières sociétés de libres penseurs.
Au mois d'avril 1866 la loge parisienne L'avenir créa en son sein une commission dite Comité des libres penseurs pour les enterrements civils, qui ressemblait fort aux sociétés de Libre Pensée.
En 1879, la Société des libres penseurs de la Rive gauche fut créée par des francs-maçons, comme l'atteste un article publié par La Semaine anticléricale du 17 janvier 1880.
D'ailleurs, l'union démocratique de propagande anticléricale, dont dépendait cet organe, était probablement elle-même d'origine maçonnique.
Des loges proposèrent la création de sociétés de Libre Pensée dans le dessein de faire pénétrer plus pro fondément les principes maçonniques dans le monde profane et à servir, éventuellement, de pépinières pour les loges.


De son côté, la Libre Pensée estimait que la franc-maçonnerie formait un mouvement dans lequel elle pouvait recruter de nouveaux adhérents.
Les adhésions mutuelles peuvent être repérées au niveau des groupes ou des individus.
Ainsi, diverses loges s'inscrivirent aux Congrès régionaux, nationaux ou internationaux de la Libre Pensée; lors du congrès universel de 1889, 22 loges, 11 françaises et 11 étrangères, figurèrent parmi les 235 groupes représentés.
Au niveau individuel, les situations sont très variées.
Certains libres penseurs éminents appartenaient à la franc-maçonnerie, comme Edmond Lepelletier, cofondateur de la Société pour la propagation de la foi civile, ou encore divers membres de l'Union de propagande démocratique anti-cléricale (Germain Casse Cantagrel Charles Floquet...). Émile Pasquier, l'un des principaux leaders de la Fédération française de la Libre Pensée, fondée en 1889, siégea au Conseil de l'Ordre.
D'autres membres de cette fédération furent des maçons importants (G.
Hubbard et Bouceret) D'assez nombreux responsables de l'Association nationale des libres penseurS de France, créée en 1902, appartenaient aussi à la franc-maçonnerie (Jean Allemane, Charles Beauquier, Francis Casadesus, Fernand Rabier, Marcel 8embat*, Jules Tourgnol).
Cependant bien d'autres membres de la Libre Pensée ne comptèrent jamais parmi les « enfants de la veuve* ».


Tel fut le cas de Victor Hugo, président d'honneur de l'Union de propagande de démocratique anticléricale et de la Société de Libre Pensée de Besançon, d'Anatole France et de Marcelin Berthelot, premiers présidents d'honneur de l'Association nationale des libres penseurs de France ou de Louis Aragon, membre du bureau de l'Association des travailleurs sans D eu.
André Lorulot* principal leader de la Libre Pensée durant l'entre-deux-guerres, tenta vainement de se faire initier tant au Grand Orient* qu'à la Grande Loge de France*.
Si on compare des listes de membres de loges et de sociétés de Libre Pensée ayant existé simultanément dans une même localité, les résultats sont très variables.
En 1893, la double appartenance semblait être quasi de rigueur à Amiens pour les membres de la société de Libre Pensée L'Union laïque et ceux de la loge Picardie, tandis qu'en 1881 à Besançon, les recoupements étaient infimes entre les membres de la loge Sincérité, Parfaite Union et Amitié Réunies et ceux de la Société de libre pensée.


Pour une période postérieure, un témoignage d'André Lebon député des Ardennes de 1967 à 1978 maire honoraire de Charleville-Mézières et conseiller général honoraire, apporte des indications intéressantes sur les liens entre la franc-maçonnerie et la Libre Pensée: « La loge maçonnique de Charleville que j'ai fréquentée à partir de 1937, dont j'ai été vénérable* de 1961 à 1968, était composée de frères dans leur presque totalité libres penseurs. Mais je ne pense pas qu'ils étaient adhérents à la société locale. En tout cas, ce sujet n'était pas abordé en loge», écrivait-il le 11 juillet 1986.

Les concordances entre les deux mouvements peuvent aussi être établies sur le plan symbolique , la symbolique maçonnique étant toutefois infiniment plus riche que la symbolique libre penseuse.
On peut relever l'emploi commun du triangle*, du niveau*, des deux mains entrelacées, de l'étoile et, très exceptionnellement du côté libre penseur, du compas*.
La Libre Pensée possède en outre ses symboles propres au premier plan desquels figure la pensée.
Il est permis de se demander si elle emprunta directement ses symboles à la franc-maçonnerie ou si, pour certains d`entre eux du moins toutes deux ne puisèrent pas à la même source, notamment à la source révolutionnaire (par exemple pour le niveau).
Quelques sociétés de libre pensée tendirent à imiter le caractère secret de la franc-maçonnerie; l'article 4 des statuts de la Société de libre pensée de l'arrondissement d'Annecy- (1883) stipule que le nouvel adhérent .. prête serment entre les mains du président en présence de deux témoins ).
La teneur de ce serment est la suivante: 1.
Je jure sur mon honneur et ma conscience de ne jamais révéler à qui que ce soit à moins d'y être dûment autorisé, aucune décision ni aucun acte de la société et de garder toujours le plus absolu secret de mes coassociés.
»

Enfin, les deux mouvements poursuivirent longtemps des buts communs, pour l'essentiel la laïcisation de la France qui devait trouver son point d'orgue dans la séparation des Églises et de l'État. Leurs méthodes et leurs revendications sont souvent voisines et l'on rencontre, dans les deux cas, le recours à certaines formes d'anticléricalisme (volonté d'interdire la sortie des processions hors des églises, de faire retirer les symboles religieux des écoles, des hôpitaux, des tribunaux, organisation de banquets du « vendredi dit saint », etc.).

Mais si les concordances sont indéniables entre la Libre Pensée et la franc-maçonnerie, les différences et divergences, pour ne pas parler de certaines marques d'hostilité, ne le sont pas moins.
Si certains francs-maçons reprochaient à la Libre Pensée de se montrer un peu fruste dans le domaine intellectuel, du côté de la Libre Pensée, parvenaient des accusations d'une autre nature: les francs-maçons étaient des bourgeois aussi haïssables et dangereux que les cléricaux et les nationalistes.
En juin 1906, lors d'un congrès de libres penseurs réuni à Lyon, le représentant du groupe de Givors demanda que fussent exclus les délégués n'ayant pas pris l'engagement de rompre( avec toutes les religions et avec toutes les associations francs-maçonniques et rituelles ».
Le radical Charles Beauquier franc-maçon et libre penseur, s'élevait contre de telles prétentions, tout comme le socialiste Marcel Sembat*.
La libre penseuse Léonie Rouzade, membre du conseil central de la Fédération française de la Libre Pensée.
reprochait elle à la franc-maçonnerie non seulement son caractère politiquement réactionnaire mais encore son hostilité envers les femmes*, considérées par les maçons comme des êtres inférieurs, affirmait-elle.


Si les attitudes intellectuelles et les prises de position politique sont donc loin de coïncider parfaitement entre Libre Pensée et franc-maçonnerie, on peut malgré tout considérer les deux mouvements comme voisins et même parents.

J.L.


LIGUE DE L'ENSEIGNEMENT
voir Macé (Jean)


LIGUE DES DROITS DE L'HOMME
Fondée par le sénateur Trarieux, le 4 juin 1898, à la suite du procès intenté à Zola lors de l'affaire Dreyfus* la Ligue des Droits de l'Homme n'est pas d'émanation maçonnique. Son comité constitutif comprend surtout des membres de l'institut des académiciens, des écrivains, des professeurs de l'enseignement supérieur. Ils sont républicains, mais généralement modérés alors que la maçonnerie est surtout implantée dans les milieux radicaux et socialistes. Seuls 7 des 33 fondateurs sont franc-maçons: ce sont le sénateur radical Delpech (représentant officieux de la maçonnerie au sein du premier comité et, futur Président du Grand Orient*), Edouard Grimaux, professeuir à l'École polytechnique, Yves Guyot, directeur du Siècle et actif militant de la cause dreyfusarde, le sénateur Isaac, Joseph Reinach, le Dr Charles Richet et Arthur Ranc, un maçon occasionnel.

Après le procès de Rennes le combat contre l'antisémitisme n'aurait pas suffi à assurer sa survie et elle est naturellement conduite, par des conférences et débats en assemblées générales à se retrouver sur les mêmes terrains que la maçonnerie. Ainsi, elle organise, en 1904, une journée nationale pour la séparation des Églises et de l'État. Les loges* et d'autres groupes républicains lui assurent un vivier de militants, des cadres locaux et des relais dans la presse régionale. Sans (cet apports elle serait restée élitiste et parisienne.

Les maçons resteront toujours minoritaires au sein de ses organismes dirigeants. Parmi les frères qui ont, à sa direction joué un rôle important on peut citer, (outre Delpech le Dr Sicard de Plauzolles. spécialisé dans la lutte contre la syphilis et l'alcoolisme, Louis Lapicque, maître de conférences à la Sorbonne, Paul Aubriot, secrétaire général de la Ligue, et, entre les deux guerres, Marius Moutet, Marc Rucart*, Maurice Viollette*, Paul Renaudel et Alexandre Varenne, tous élus radicaux ou socialistes.

Le successeur de Trarieux le socialiste Francis de Pressensé, fils de pasteur, va s'opposer au Grand Orient en 1907, à propos de la politique de laïcisation forcée conduite à Madagascar par le gouverneur Augagneur, membre du Conseil de l'Ordre Ce sera le seul moment où la Ligue, qui avait soutenu l'obédience* au moment de 1 affaire des Fiches*, va, au niveau dirigeant, s'opposer au Grand Orient, car les sujets traités lors des assemblées générales et les conclusions tirées de celles-ci sont proches. Ainsi dans les années 30, la démocratisation de l'enseignement, le désarmement, l'organisation de la paix, les questions sociales sont, à quelques années de distance, étudiés par la Ligue et l'une ou l'autre des obédiences.

Ce sont ces « affinités » qui expliquent que la Ligue passe pour une émanation de la maçonnerie. El le est ainsi condamnée sous ce prétexte par L'lnternationale communiste qui interdit aux membres du P.C.F. de s'y affilier. Il est vrai qu'elle avait, en 1917, dénoncé la dictature des bolcheviks. Les différentes ligues, constituées à l'image de la française, se regroupent après la guerre, en une Fédération internationale, et celles ci sont en revanche parfois d'émanation maçonnique. C'est le cas de la ligue russe qui prend une orientation démocrate et progressiste, et italienne, notamment de sa section parisienne ouverte après l'accession au pour voir de Mussolini. La première est dirigée par Avxentieff l'ancien ministre de Kerenski, membre du Grand Orient la seconde par le député Aurelio Natoli, le journaliste Luigi Campolonghi et le syndicaliste Alceste de Ambris, tous les trois maçons. Son vice-président Ubaldo Triaca, est vénérable* de la loge Italia (Grande Loge de France*). Elle est à l'origine de la « Concentration anti fasciste » de 1927 qui regroupe toutes les forces démocratiques avant la scission communiste.

La Ligue espagnole a été fondée par des maçons en 1913. Son premier président, Luis Samarro, un universitaire, sera Grand Commandeur du Grand Orient Espagnol en 1921. Reconstituée après l'avènement de la Seconde République, pacifiste, très à gauche, elle est dirigée en 1932, par un maçon l'avocat madrilène ; Carlos Malagarriga. Son successeur Manteca Roger et trois des quatre vice-présidents (Ortega y Gasset, Martinez Barrio*, Rosendo Bellespi) sont des frères. Identifiée à la maçonnerie , elle subit la répression franquiste, et ses membres sont jugés par le Tribunal spécial pour La répression de la Maçonnerie et du Communisme* institué le let mars 1940.

A.C.