ENCYCLOPÉDIE DE LA FRANC-MAÇONNERIE


ADOPTION
AFFAIRE DES FICHES
AFFAIRE DREYFUS
AFFAIRE MARTY
AFFILIE LIBRE
AGAPE
AGNEAU
AIGLE

ADOPTION
Au XVIe siècle le verbe «adopter» a su acquérir un sens figure: faire sienne une opinion, une idée, une décision.
A la fin du XVe siècle, il a acquis généralement le sens de (( faire sien une apparence, un habillement )).
« Adoption» nom féminin du XIIe, siècle dérive d'adoptio (entrée dans l'Eglise grâce au baptême), va suivre les mêmes évolutions de sens que le verbe.
Dans la perspective du sens acquis au siècle des Lumières, l'adoption, montrant par l'emploi de ce terme que les femmes font leur la pratique maçonnique, va designer une loge féminine dirigée par l'atelier masculin.
Si la maçonnerie anglaise reste, en effet, mono sexuée jusqu'à l'ère victorienne par fidélité au no u omen des Constitutions d'Anderson (article 111 des obligations, 1723) une maçonnerie des dames apparaît en France dans les années 1740.
«Maçonne» et « franc-maçonne», désignent alors les épouses des frères, que ceux-ci préfèreront appeler (( clandestines )), au XIXe siècle.

Adoption.jpg - 81463,0 K Formellement, les preuves tangibles de la présence féminine émergent vers 1747-1749 et, dans les décennies 1770 et 1780, on compte une cinquantaine d'orients possédant de manière plus ou moins constante des loges de dames, sans oublier une douzaine de loges d'adoption à Paris, dont La Candeur, et cinq ou six autres (( souchées )) sur des ateliers militaires.
Chaque loge de dames est sous la tutelle de son homologue masculin et la cérémonie a lieu apres la réunion masculine.
Elle est dirigée par un collège (( mixte )) comprenant un vénérable maître qui préside les travaux une grande maîtresse qui l'assiste, deux frères surveillants, un orateur, une inspectrice, une trésorière, une sœur dépositaire.

Le plus ancien rituel présentement connu est dit Maçonnerie des Dames ou la Maçonnerie d'adoption, par le Prince de Clermont, grand Maître des Orients de France, déduit en seulement quatre grades (vers 1763).
Par la suite, les loges de dames pratiquèrent divers régimes à cinq, huit. neuf ou dix degrés.
Le modelé de l'adoption se fixe toutefois plus ou moins avec la publication en 1779 de La Vraie Maçonnerie d'adoption (Louis Guillemain de Saint-Victor).
L'ouvrage connaît, sous divers titres, quinze rééditions en dix ans.
Tous les rites ont une symbolique assez voisine, largement empruntée à l'Ancien Testament même si certains grades, comme celui de l'Amazone anglaise, ont un caractère plus féministe.

Les travaux se composent principalement de cérémonies de réception et d'augmentation de salaire, et d'activités caritatives valeureuses.
Lors de son assemblée générale du 10 juin 1774, le Grand Orient décide d'ailleurs de régulariser les loges d'adoption et de leur donner des statuts.
En 1775, le duc de Chartres (Orléans) nomme sa sœur Louise Marie Thérèse Mathilde de Bourbon-Conde (1756-1830) Grande Maîtresse de toutes les loges d'adoption.
Cette maçonnerie se caractérise cependant par l'aspect ostentatoire des pratiques caritatives et on peut même se demander si certaines loges de dames, comme La Candeur, n'ont pas été fondées simplement pour pallier la déficience des activités des frères.
En même temps, le recrutement de ces loges donne à cette forme de sociabilité un caractère plus aristocratique, a Paris comme en province.
Ces loges d'adoption totalement inconnues dans la maçonnerie britannique ou scandinave, sont présentes dans presque toute l'Europe continentale, notamment en Italie, aux Provinces-Unies, en Allemagne rhénane, en Autriche, en Pologne, voire en Russie.
En France cette adoption n° 1 dure jusque vers 1870-La Jérusalem des Vallées Egyptiennes, avec J.-S. Boubee, semblant avoir été le dernier atelier à organiser régulièrement des tenues de ce type.
Elle a cependant connu un second souffle en Espagne dans le dernier tiers du XIXe.

Cependant, à partir du XIXe siècle, cette première adoption se transforme: elle désigne la cérémonie d'.< acceptation > des enfants de maçons par une loge maçonnique.
C'est à partir des années 1840 que les tenues d'adoption deviennent des réunions spécifiques ouvertes aux familles des maçons, nommées plus tard << tenues blanches ouvertes >>.
On y pratique des baptêmes (adoptions) d'enfants, des mariages et des obsèques maçonniques.
Dans le même temps, des loges semblent continuer à recevoir des sœurs en tenue d ' adoption.
Le résultat est donc l'émergence d'une maçonnerie, de type 11, «mixte» rassemblant sœurs et profanes.
Le procès-verbal de la tenue commune de quatre loges parisiennes du Grand Orient ( l9 juillet 1850), par l'énumération détaillée des participants, en témoigne: la cérémonie rassemble 212 frères, 129 sœurs, 56 mères femmes, filles et nièces non « initiées » de maçons et 21 fil(le)s.
Il est possible que ce type d'adoption ait évolue vers une crypto maçonnerie féminine caritative, comme le montre la Société des Dames Humanitaires de l'Ere Nouvelle (Saint-Denis).
Quoi qu'il en soit, à compter de la décennie 1880, le terme "adoption " ne désigne plus que des cérémonies réservées aux membres des familles de maçons.
Le Temple des Familles constitue une étape intermédiaire entre l'adoption et la mixité.

Puis vient l'adoption de type III lorsque la majorette de la loge mixte La Nouvelle Jérusalem, appartenant à la Grande Loge Symbolique Ecossaise* déclinante.
passe à la Grande Loge de France*.
Elle compte plusieurs sœurs et sollicite de créer pour elles une loge d'adoption.
Apres de nombreuses discussions, la Grande Loge en adopte le principe le 5 janvier 1907.
Le 31 mai, la loge d'adoption n° 376 bis, La Nouvelle Jérusalem, sise à Paris, est officiellement allumée.
Le 23 janvier 1912, la loge d'adoption n° 217 bis est installée (ou plutôt réinstallée, car elle avait fonctionne de manière << hardie et périlleuse >> de 1901 a 1903).
Quelques semaines plus tard, la sœur d'Eloquence du nouvel atelier, M.-E. Bernard-Leroy (Le Symbolisme, n° 10, juillet 1913, p.
272-276; n° 11, août 1913, p. 284287), en réponse a une attaque d'Amélie Gédalge, déclare: " Nous nous réclamons des loges du XVIIIe, mais [...] nous avons évolué.
Nos loges sont exclusivement féminines; à nous, et à nous seules, incombe la tache de les faire belles et viables....."

On voit ainsi que cette nouvelle maçonnerie, par son fonctionnement, sa relative autonomie et son rituel dit d'adoption (mais rénove) est largement différente de la maçonnerie des dames du XVIIIe siècle dont elle se réclame cependant.

Dans l'entre-deux-guerres, neuf nouvelles loges d'adoption sont érigées.
Ce sont les loges 246 bis, La Tolérance, à Périgueux, en 1923 187 bis, Union et bienfaisance à Paris, en 1925 (en sommeil vers 1930); 373 bis, Babeuf et Condorcet, à Saint-Quentin, en 1926; 540 bis, Général-Peigne, à Paris, en 1931; 410 bis, Minerve, à Paris en 1931 404 bis La Philosophie Sociale, à Paris et 38 bis L'Olivier Ecossais, sise au Havre, a l'existence éphémère; 421 bis, La République Sociale, à Paris; 347 bis, Thebah, à Paris, en 1935.

En 1934, E. Brault fait le point dans un article intitule " Maçonnerie féminine ".à une date où la Grande Loge cherche plus ou moins à se débarrasser de ses loges d'adoption.
Le Convent* de 1935 « affirme sa volonté de mettre tout en oeuvre pour la création et le développement de la Maçonnerie féminine... ,» Pour éviter une mesure d'éviction déguisée, les neuf loges d'adoption s'organisent de manière de plus en plus autonome, et tiennent le 8 juillet 1936 leur premier congres annuel.
Un Grand Secrétariat de cinq sœurs, présidé par A.-M. Pedeneau-Gentily*, puis G. Rheal est élu.
En 1939, cette association compte environ 300 sœurs.

De cette structure souple va naître, en 1945, l'Union Maçonnique Féminine de France, transformée en 1952 en Grande Loge Féminine de France*.
Au sein de cette obédience*, la loge Cosmos, après une vie « indépendante », pour avoir refusé l'adoption par les sœurs du Rite Ecossais Ancien et Accepte*, retourne dans la fédération mère où elle pratique toujours le rite d'adoption.
Y. H.M.
AFFAIRE DES FICHES
Après la démission du général de Gallifet, le général de division Louis Joseph Nicolas André (1838-1913) arrive au ministère de la Guerre.
Le nouveau ministre s'entoure alors d'un cabinet de 12 officiers républicains convaincus, dont le capitaine Henri Mollin. il veut épurer l'état-major général soupçonné d'avoir manigancé l'affaire Dreyfus* .

Une rencontre avec Frédéric Desmons*, ancien sénateur du Gard et président du Conseil de l'Ordre du Grand Orient* de France apprend alors à André que l'obédience* est prête à le soutenir dans cette tache.

Jpbid.jpg - 28858,0 K L'occasion est fournie par le décret du 9 octobre 1900 qui modifie le système d'avancement.
Celui-ci est placé sous la responsabilité du ministère de la Guerre, du grade de lieutenant à celui de général.
Le texte signé, le général veut apprécier les convictions religieuses, philosophiques et politiques des officiers.
Pour cela, il dispose de deux registres « Corinthe », et «Carthage » qui réunissent seulement 800 fiches pour 27 000 officiers en activité ! Pour étoffer les renseignements, le ministère s'adresse alors à Mollin et Desmons, au moment où l'obédience vient de tenir un Convent*, en 1901, favorable à des « mesures de contrôle » de l'armée*.
La réalisation du projet est confiée à Narcisse Amédée Vadecard, le chef du secrétariat du Grand Orient de France, depuis 1896, qui adresse une lettre formulaire a certains vénérables*.
Par la suite, il sélectionne avec discernement 300 nouveaux frères indicateurs et appuie la création d'une << fraternelle >> militaire dite Solmer, animée par le commandant Pasquier.
Il collabore également au système des fiches.

Avec la victoire des Gauches aux législatives (avril-mai 1902), André reconduit dans ses fonctions par Emile Combes* en juin, maintient le réseau qui fonctionne pleinement (20 000 fiches environ sont rédigées)... mais un grain de sable vient alors perturber le système.
A l'origine de l'incident se trouve un homme, Jean-baptiste Bidegain (1870 1926), le « sous-chef» du secrétariat du Grand Orient de France depuis 1899.
Après être retourne à la foi catholique, il est prêt à payer le tribut de son retour dans le bercail romain.
Sans doute à l'initiative de l'Abbe Tourmentin, secrétaire général de la Ligue antimaçonnique de France, les fiches sont utilisées pour lancer une grande campagne « latomophobe ».
Avec l'appui de Jean Guyot de Villeneuve, député de la Seine (Neuilly), et Gabriel Syveton, trésorier de la Patrie française, une campagne de presse sur les curieuses méthodes du cabinet de la Guerre commence.
Dix articles paraissent dans Le Matin, du 18 septembre au 2 octobre 1904.

Le 28 courant Guyot interpelle le gouvernement sur le sujet.
La Chambre adopte de justesse (282 voix contre 278) un texte qui blâme la délation mais marque sa confiance au gouvernement lequel est prié toutefois de sanctionner lesdits faits.

Le lendemain, Mollin démissionne et les fiches sont détruites.
Le Grand Orient de France, qui a démasqué le " traître Bidegain ", assume pleinement la responsabilité de l'affaire au nom de la défense de la République (communiqué du 3 novembre).

Le 4 novembre, une nouvelle interpellation à la Chambre du général André par Guyot de Villeneuve entame un débat anime.
A la fin de celui-ci, le ministre de la Guerre est giflé par le député Syveton.

Le 15, André démissionne.
Maurice Bertheaux, maçon et député .( rad. soc.) de la Seine, le remplace et sanctionne quelques fonctionnaires, au grand dam des parlementaires membres du Conseil de l'Ordre du Grand Orient de France (Noël Delpech, Frédéric Desmons Fernand Dubief Louis Girod Louis Lafferre Louis Masse, Adrien Meslier, Fernand Rabier, Eugène Reveillaud et Jean Tave), qui menacent de ne plus soutenir le cabinet Combes.

L'affaire continue de plus belle, apres une intervention de Louis Lafferre à la tribune du sénat (le décembre), et surtout avec l'annonce de l'ouverture du procès de Syveton pour le 9.

Or, la veille, Syveton se donne la mort.
Il s'agit véritablement d'un suicide mais, dans ce contexte passionnel, l'affaire a des répercussions politiques.
Les candidats antigouvernementaux en tirent profit: l'amiral Bien Aimé est élu au siège laissé vacant par la mort de Syveton (8 janvier 1905) et Paul Doumer*, a la présidence de la Chambre des députés contre le sortant Henri Brisson* (10 janvier 1905).

Le 24 janvier, le frère Maurice Rouvier, qui succède à Emile Combes démissionnaire à la présidence du Conseil, reprouve officiellement « la délation et les procèdes qui s'étaient introduits dans l'administration de la Guerre » , procède à quelques mesures disciplinaires, mais réclame une « amnistie morale... pour les fonctionnaires républicains qui de bonne foi ont pu se tromper».
En dépit des réserves des uns et des autres, la confiance est votée au nouveau cabinet par 373 voix contre 99.

Guyot de Villeneuve a accepte la trêve contre une promesse faite par Rouvier de "réparer " les carrières des officiers qui avaient été brisées.
Malgré les difficultés à mettre en oeuvre cet accord, l'Affaire des fiches est enterrée en raison du regain de tension avec le Royaume-Uni, puis du vote de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat.
Une amnistie mêlant délateurs et condamnés de la Haute Cour en 1899 pour tentative de coup d'Etat est votée par 541 voix contre 5 le 30 octobre 1905 Désormais, les ministres de la Guerre confient aux préfets la mission de les renseigner sur les opinions politiques des officiers.

Au Convent de 1905, apres un long plaidoyer pro domo de Louis Lafferre, alors président du Conseil de l'Ordre du Grand Orient de France, les délégués-à l'unanimité moins trois voix-approuvent la conduite de l'exécutif du Grand Orient de France durant l'affaire.

L'obédience justifie son attitude par le contexte politique du temps, Arthur Groussier* dénonce le danger pour la maçonnerie à ne pas se séparer de l'Etat.
Lors du Convent de 1905, avec lmbert, il avait d'ailleurs déposé un ordre du jour, repoussé à la quasi-unanimité mais porteur de promesses fécondes: « L'assemblée générale de 1905, déclarent qu'il ne lui convient pas de regarder le passé pour établir tardivement des responsabilités et pour blâmer ou frapper des FF... qui n'ont agi qu'en vertu d'ordres reçus; considérant qu'elle doit, par esprit de fraternelle solidarité, prendre toute la responsabilité qui pèse sur quelques FF... seulement; mais, estimant que ce n'est pas le rôle de la franc- maçonnerie de servir d'instrument complaisant au gouvernement en se substituant à un service public; déclare qu'elle entend borner strictement son action à l'étude et à la recherche des moyens permettant l'amélioration matérielle et morale de l'humanité.
» L'histoire et la morale donneront raison à Groussier contre Lafferre.
Y. H.M.

AFFAIRE DREYFUS
La condamnation du capitaine Dreyfus (décembre 1894 janvier 1895) est un non évènement en maçonnerie.
Les loges* et les obédiences* n'en parlent pas.
La seule allusion ."officielle " date du 21 octobre 1895.
Le Conseil de l'Ordre du Grand Orient* précise alors qu'il existe bien dans cette obédience un Alfred Dreyfus, mais qu'il est négociant à Paris.
La lecture de la presse provinciale de gauche " largement maçonnée" ne brille pas par son dreyfusisme.
Ainsi Jules Gabriel, futur membre du Conseil de l'Ordre du Grand Orient et directeur politique du Petit Méridional, écrit dans son quotidien date du 19 janvier 1895: .( Le capitaine Dreyfus a été justement et légalement condamné.)
L'antidreyfusisme maçonnique a pour bases un antisémitisme discret, un patriotisme farouche et la crainte que des prises de position intempestive aient des retombées néfastes pour les obédiences.
De plus la quasi-totalité des frères exerçant une charge civique importante, en bons républicains, ne peut guère croire qu'une erreur judiciaire volontaire puisse avoir été manigancée par certains hauts responsables de l'armée et de l'Etat.
Dans La Dépêche de Toulouse du 31 octobre 1897, Camille Pelletan*, alors député radical, écrit: .. "J'accuse est trop soutenu pour être de ceux qu'on condamne sans motif." « Au demeurant, plusieurs. maçons d'Etat » comme Geoffroy Cavaignac, Félix Faure*, André Lebon ou Jules Meline, tenteront jusqu'au bout d'étouffer l'affaire.
Parmi les membres du conseil de guerre lors du premier procès, se trouve le capitaine Martin Freystatter, tout jeune maçon depuis le 17 janvier 1894 lors du jugement.

Pourtant quelques protestations maçonniques s'élèvent dans les jours qui suivent le procès et la dégradation publique du capitaine.
Dans la très remuante loge Diderot*, Pascal Grousset, député radical de la Seine, conteste les formes du procès dès le 9 janvier 1895.
Le lendemain, le journaliste Louis Minot fait de même dans l'atelier L'Equerre.
Quelques semaines plus tard, Yves Guyot, ancien ministre, s'indigne également des anomalies du procès dans sa loge Le Matérialisme scientifique.
Seule La Revue maçonnique, périodique « indépendant » des obédiences aborde régulièrement le sujet à partir de l'automne 1895.
Cette attitude lui vaudra de nombreux désabonnements.
Son directeur, Louis Minot, s'y montre aussi dreyfusard convaincu que stupidement antisémite tentant d'opposer « une question sémite légitime et rationnelle» distincte de «la question juive affectée de fanatisme » (10 février 1898).

On trouve, parmi les dreyfusards de la première heure, deux membres de la loge Alsace-Lorraine* Joseph Reinach (plus ou moins en sommeil à cette époque) et Charles Risler (neveu du sénateur Scheurer-Kestner), ou Arthur Ranc, alors sénateur de la Seine.

Toutefois, si l'affaire est rarement abordée, la question de l'antisémitisme devient assez pressente en loge en 1897.
Cette année la, le Grand Orient se voit obliger de rappeler à la loge de Nancy, à laquelle appartient Bernardin*, qu'elle ne saurait refuser un candidat sous le prétexte qu'il est juif.
Le problème est particulièrement crucial dans les loges d'Afrique du nord.

Le basculement de l'opinion maçonnique commence à partir de janvier 1898 avec la, publication du célèbre « J'accuse » d'Emile Zola.
L'un des deux défenseurs de l'écrivain, traduit devant les tribunaux, est un frère: Fernand Labori.

Des maçons signent ou font signer la pétition des intellectuels favorables a la révision du procès: on retrouve Y. Guyot et J. Reinach mais également Bernardin alors conseiller de l'Ordre.
A partir de février 1898, beaucoup de frères militent dans la toute jeune Ligue des Droits de l'Homme* .
Mais aux législatives de mai 1898, la plupart des loges sont toujours silencieuses.
Les frères G. Hubbard (Seine-et-Oise), J. Reinach (Basses-Alpes) et J. Sever (Nord), attribuent leurs échecs à leurs options dreyfusardes.

En juillet, après des débats houleux, le Congres des loges de la région parisienne demande (. aux frères Brisson* et Bourgeois* d'agir avec la plus grande énergie envers ceux qui conspirent contre la République, contre la justice et la liberté )).
Si l'on en croit le procès-verbal du Conseil de l'Ordre du 18 septembre au cours de cette réunion La discussion a pris rapidement un caractère de violence tel qu'on pouvait croire qu'on en viennent aux mains .
Il semble que, dans plusieurs ateliers, cette extrémité ait été atteinte.

Le Convent* de septembre du Grand Orient est plus pour ce dernier l'occasion de régler le problème de l'antisémitisme dans certaines loges nord-africaines que de prendre parti pour Dreyfus.
A l' initiative d'Alexis-Edouard Dazet directeur politique de La République des Hautes-Pyrénées, socialiste et dreyfusard convaincu, l'assemblée législative de la rue Cadet adopte à la quasi-unanimité un texte à la tonalité révolutionnaire dénonçant « le complot qui s'est noue contre la légalité », félicitant « les membres du ministère républicain d'avoir enfin déjoué les pièges des éternels ennemis de la liberté» et réclamant la révision du procès sans toutefois citer Dreyfus.
Cependant, à l'automne, une trentaine de loges proclament ouvertement l'innocence de Dreyfus et/ou félicitent le gouvernement Brisson d'avoir demande la révision du procès la suite de la découverte du faux Henry.
En décembre 1898, L'Equerre décide de ne plus convoquer aux tenues* André Lebon, juge trop antidreyfusard.

L'année suivante, les loges sont désormais majoritaires à souhaiter ouvertement la réouverture du procès, même si elles le font encore en des termes souvent vagues.
On réclame une certaine démocratisation de l'armée*, notamment la suppression des conseils de guerre, la défense de la République face à la « réaction », mais surtout la lutte contre le cléricalisme désigné comme le principal agent de l'Affaire.
Le nom de Dreyfus apparaît rarement dans ces textes maçonniques.

A Paris, le 10 mai 1899, la manifestation en faveur de Dreyfus organisée par le Grand Orient, rencontre un tel succès qu'une deuxième réunion improvisée se déroule dans la cour de l'hôtel Murat rue Cadet.
Le même mois, la loge du Mans considère le frère G.
Cavaignac comme « un renégat, traître au parti et parjure a la République ».

Le Convent de septembre 1899 confirme, à la demande de R. Renoult, sa déclaration de 1898.
Le texte marque sa confiance inébranlable dans le triomphe définitif de la justice et réclame «l'anéantissement de la conjuration cléricale militariste, césarienne et monarchiste ».

A partir de 1900-1901 les maçons tendent exagérément à s'approprier le mérite d'avoir mené la bataille de la révision et, pour les adversaires de la maçonnerie, il ne fait aucun doute que les francs-maçons sont les principaux organisateurs du syndicat dreyfusard.
Après la lettre d'Emile Zola, la presse antimaçonnique dénonce les agissements de la « triplice dreyfusarde »: la Synagogue, le Temple* et la Loge.
Ce thème est développé dans divers journaux, notamment Le Gaulois, La Croix, L'lntransigeant La Libre Parole et L'Eclair.
Louis Daste dans « La Franc-maçonnerie démasquée » de septembre 1899 (L'Affaire Dreyfus et la Franc-maçonnerie) explicite cette thèse

Au Convent de 1901 les frères acceptent le rôle qui leur est prêté et Gustave Hubbard n'hésite pas à déclarer: « Ce sera l'honneur durable de la maçonnerie d'avoir indique sans défaillance dans cette crise quelle était la voie à suivre....». Progressivement les antidreyfusards, comme Bailleres Bernard, Humbert ou Lepelletier, quitteront les loges.
Aux élections municipales de 1900, divers maçons sont battus, notamment Louis Lucipia*, président sortant du conseil municipal de Paris et président du Conseil de l'Ordre du Grand Orient.
Malgré tout, la maçonnerie est devenue dreyfusarde A la fin de la décennie 1900, il ne se trouve plus aucun maçon pour ne pas croire à l'innocence de Dreyfus.
On voit pourtant les loges faire la mémoire buissonnière et répéter à l'envi qu'elles furent parmi les premières à se ranger sous la bannière du dreyfusisme.
Toutefois, le postdreyfusisme renforce l'anticléricalisme en loge car il était plus facile et habile de s'attaquer à l'Eglise romaine qu'a l'armée.
Pour quelques années encore, la maçonnerie française demeurait majoritairement «radicale patriote ».
Y. H.M.

AFFAIRE MARTY
L'armistice de 1918 étant signe, les marins de la flotte, sur la mer Noire, sont cependant maintenus sur le territoire et dans les eaux russes, pour venir en aide aux «blancs » contre les « rouges ».
Deux navires bombardent Kherson, ville ouverte.
Marty officier mécanicien du Protet fils d'un ancien communard, indigne, tente de soulever l'équipage, et le mouvement se propage sur d'autres vaisseaux.
Le conseil de guerre le condamne à vingt ans de travaux forces.

Or, il appartient à une loge* de Perpignan (Saint-Jean des Arts et de la Régularité' n° 162) et passe alors pour un bon maçon.
Dès son transfert à Toulon, son atelier et la Grande Loge de France* relayés par le Grand Orient* orchestrent une campagne en faveur de l'amnistie de tous les mutins.
Le Grand Maître Bernard Welihoff écrit au président Deschanel pour obtenir la grâce de Marty.
Une seconde démarche est tentée par Gaston Vidal sous-secrétaire d'Etat du cabinet Briand auprès du ministre de la Justice.
Il s'appuie sur une motion votée par 280 parlementaires.
Un autre maçon de la Grande Loge, Alphonse Rio, sous-secrétaire d'Etat à la Marine marchande, très réticent, se contente de demander qu'il ne soit pas envoyé au bagne.
Wellhoff intervient devant le Convent* de la Grande Loge, pour la mobiliser, en septembre 1922.
Le frère Oscar Bloch fonde un comite maçonnique de défense sociale qui organise des tenues* blanches pour la libération des mutins.
Les organisations politiques et syndicales de gauche, la Ligue des Droits de l'Homme*, la Fédération nationale des combattants republications présidée par le frère Fonteny, s'activent également.

Une voix discordante se fait entendre: celle de Louis Laffenre.
Cet ancien Grand Maître est informé par un maçon, le capitaine de vaisseau Welfele, qui commandait le Protet, des faits exacts reprochés à Marty.
Marty, excédé, veut faire traduire Welfele devant la justice maçonnique.

Marty est libéré le 14 juillet 1923, au terme de quatre ans de détention, grâce à l'action ouverte mais aussi discrète des maçons.
Ses deux frères, qui lui reprochent son « héroïsme maçonnique et humanitaire », et le Parti communiste le prennent en main à sa sortie et, le 23 septembre 1923, il adhère au Parti ce qui l'oblige à se retirer de la maçonnerie.
A. C.

AFFILIE LIBRE
Au XVIIIe siècle, le terme « affilié » reste imprécis et se confond encore avec l'«agrégation », mot qui désigne l'adhésion d'un maçon isolé ou éloigné désireux de se rattacher à une loge*.
L'imprécision résulte d'un emploi à la fois collectif (les loges en correspondance sont affiliées) et individuel.
L'affiliation libre désigne une situation guère mieux définie.
Si Bazot (Vocabulaire des francs-maçons, 1810) attribue un peu sèchement le qualificatif au maçon qui a rendu des services à une loge, sur le plan des pratiques, l'affiliation libre correspond à des réalités très souples.
Le statut peut en effet parfois tout simplement être attribue à l'illustre frère dont le nom parera avantageusement le tableau* d'une loge ou à celui qui est passé par l'atelier et lui a ainsi fait honneur.
A Rouen, l'attitude des Bons Amis* révèle ce type de comportement lorsque l'atelier attribue la qualité d'affilié libre à Benjamin Franklin*, en 1787.
Or, si Franklin a fréquenté cet atelier provincial, ce ne put être qu'en juillet 1785, lorsqu'il passa deux jours en cette ville.
S'il y a bien ici « service » rendu par l'illustre frère à la loge, on constate que le désir de s'approprier la célébrité domine l'idée du service rendu.
Le désir de se donner un lustre trompeur conduit ainsi les loges du XVIIIe siècle à faire figurer parmi les affiliés libres les membres de l'Académie* ou des journalistes célèbres.
Outre Franklin l'atelier rouennais a soin d'honorer d'autres personnalités auxquelles il confère le statut d'affilié libre.
C'est le cas de Milcent, directeur du Journal de Rouen et ami de Diderot.
L'affiliation libre participe donc bien à la mise en place d'un système de représentation culturelle par la maçonnerie des Lumières pour laquelle le tropisme envers la sanior pars de la cité s'accompagne au fond d'un déficit de reconnaissance dont les loges peuvent parfois se sentir l'objet.
E. S.
AGAPE
Mot le plus souvent utilise au pluriel (de fraternelles agapes), pour indiquer la collation le repas pris en commun à la fin des travaux.
Historiquement le mot désigne le repas des premiers chrétiens La racine grecque agape mérite un examen succinct.
Dérivée d'un verbe qui signifie « accueillir avec amitié », « montrer de l'affection pour quelqu'un », elle renvoie à une forme d'amour singulier distincte de l'éros.
Il s'agit d'un amour fait de valeurs bien maçonniques: le dévouement, la tendresse et la bienveillance, un amour oblatif, dont l'équivalent latin est cantas, sans relation avec le désir captatif ou la passion amoureuse.

Jboas.jpg - 165622,0 K Si le repas fraternel qui achève les travaux de loge* est intimement associé à la tradition maçonnique, on ne saurait voir l'influence occulte de la maçonnerie derrière tout banquet* republication.
Le moment festif des agapes maçonniques, en principe obligatoire, se caractérise par des aspects plus ou moins ritualisé, selon les obédiences*.
Le Rite Emulation* est.
sur ce point, plus organisateur que ne l'est le Rite Français* où l'on souligne simplement qu'apres le travail, il y a place et moment pour la joie, la détente et l'amitié de dilection.
Le Rite Français ou le Rite Ecossais prévoient aussi un banquet d'Ordre qui clôt l'année maçonnique.
Le repas, servi par les apprentis*, est conduit selon des codes et dans un langage qui font ressurgir le souvenir d'anciennes loges militaires.
Lors de ces « travaux de table », appelés parfois « travaux de mastication» les mots employés pourraient déconcerter le profane et ils ne manquent pas d'étonner l'apprenti encore peu rompu à leur usage.
Reunion.jpg - 42231,0 KAinsi, dans les usages de table du Rite Ecossais, l'assiette est la tuile, la cuiller est truelle, et fourchette, couteau, bouteille, verre, pain, vin, eau, sel et poivre se nomment, dans cet ordre: pioche, glaive, barrique, canon, pierre brute, poudre forte, poudre faible, sable et ciment (ou sable jaune) alors que mastiquer, on l'aura devine, consiste à manger.
Tout aussi prosaïquement, tirer une canonnée de poudre rouge ou blanche consiste à boire un vin de couleur voisine; la poudre jaune étant cidre ou bière.
Certains rites* introduisent aussi une loge de table qui se distingue des agapes ou des travaux de mastication.
Ce rite archaïque, dont la légitimité est discutée, consiste, entre autres, à dresser dans le temple* une table qui va de l'entrée à l'autel.
Dans les hauts grades* de certaines obédiences*, imprégnés de mysticisme et ouverts aux mystères, on célèbre la Cène, repas qui institue l'eucharistie.
Au Rite Ecossais Rectifie* tout comme au Rite Ecossais Ancien et Accepte* le pain et le vin sont au centre de ce rituel, intimement associés à la charité et à l'exercice spirituel de la foi.
Vl. B.
AGNEAU
Ce symbole éminemment christique est présent sous une forme très discrète et moralisante.
dès les deux premiers grades* dans le tablier* blanc immaculé de peau d'agneau, signe de pureté.
Mais le Rite Ecossais Ancien et Accepte* use d'une image plus classique, celle de l'agneau couché sur les sept sceaux du livre scellé de l'Apocalypse; le 179 de Chevalier d'Orient et d'Occident le porte en bijou * associé aux initiales des attributs de la puissance divine.
Au 18° Rose-Croix*, il est partage lors des agapes* rituelles.
Au Rite Ecossais Rectifie*, le 4° porte sur son tableau* de loge* I'agneau immolé associé à la descente de la Jérusalem céleste.
L'origine de l'utilisation de ce symbole important dans les grades écossais est fort ancienne: Les Plus Secrets Mystères des hauts grades de la maçonnerie dévoilés (1778) mentionnait déjà la présence divine au 5° de Grand Architecte «- sous la forme d'un agneau tranquille, couché, reposant sur le Livre des sept sceaux ».
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J.-P. L.
AIGLE
La présence de l'oiseau de Zeus dans le ciel des maçons n'est pas liée aux instruments du métier, mais à la prééminence de Jean sur les autres évangélistes, qui donne le sens spirituel des paroles du Christ.
La question fut posée de savoir s'il ne s'agissait pas du Baptiste, ou des deux, en rapport avec les deux fêtes solsticiales qui leur sont dédiées.
C'est à ce sens intérieur caché au profane que se réfèrent les ouvriers des loges de Saint-Jean, ainsi qu'à la tradition symbolique impériale par les grades chevaleresques qui se multiplièrent dès le XVIIIe siècle.

Les deux traditions se retrouvent dans le Discours de Ramsay* qui attribue aux chevaliers croisés en Terre sainte l'origine de l'Ordre par une articulation produite par une longue élaboration dans l'histoire occidentale, mûrie par la vogue des romans de chevalerie qui, au XVIIIe siècle, fit passer l'imaginaire chevaleresque médiéval dans la maçonnerie.

Dans un premier temps la vision du char d'Ezechiel (1, 4-9), qui décrivait (.
en son centre ,) quatre animaux combinant les ailles de l'aigle, avec la face de l'homme, les sabots du bœuf..., fut associée à celle des « quatre vivants» de l'Apocalypse de saint Jean (Ap 4), ces animaux étranges qui ressemblent aux statues des Karibu gardant les palais de Babylone.
Ensuite, les théologiens grecs et latins affirmèrent la prééminence de l'aigle dont le regard porte vers les cieux, avant de l'identifier définitivement à l'apôtre bien-aimé; ainsi saint Jérôme (347-420) ou Bède (673-735) avaient exalté celui qui peut «. contempler le soleil ».
La vénération de Jean fut au cœur de la renaissance carolingienne très vivante dans les sphères du pouvoir où Alcuin (730-804) liait au vol céleste de l'aigle la profondeur des mystères divins du visionnaire de Pathmos.
C'est par ce biais que l'iconographie de l'aigle fut liée à l'idée du pouvoir impérial lequel prétendait participer du divin conjointement au pouvoir sacerdotal.
Apres le sacre d'Othon le en 962, l'emblème, désormais fixe, marqua la supériorité du Saint-Empire sur les royautés locales et les grands féodaux.

Aigle.jpg - 67241,0 K Dante (1265-1321) glosa sur ce thème dans La Divine Comédie et De monarchia repris par de nombreux auteurs maçonniques.
Il a place notamment l'empereur romain Trajan dans l'œil de l'aigle qui parle dans le ciel de Jupiter, reprenant le début du Livre de la Sagesse sur la justice (chant XVII).
On retrouve bon nombre de ces associations dans la floraison de grades chevaleresques des 1750.
Le terme « aigle» apparaît ou disparaît selon la fantaisie des loges*: le Chevalier du Soleil* et de l'Aigle voisinant avec un Rose Croix* Chevalier de l'Aigle, Chevalier du Pélican... dont le Rituel de 1761 précise
«Il est appelé Chevalier de l'Aigle titre connu pour le plus ancien et le plus allégorique à la puissance du Grand Architecte de l'univers qui vint établir sur la terre un travail qui a racheté le genre humain et le fils de l'homme étant indépendamment: comparé à la suprême puissance du père, l'aigle est regardé comme cette puissance», Le comte de Clermont avait tente à la même époque de mettre de l'ordre dans ce foisonnement avec les statuts de la loge Saint-Jean de Jérusalem.
Le Rite Ecossais Ancien et Accepte* tel qu'il fut fixe au XIXe siècle acheva d'arrêter titres, décors et rituels: le Grand Elu Chevalier Kadosh* dit Chevalier de l'Aigle Blanc et Noir (30°) comporte la justice comme premier échelon de l'échelle du Kadosh escaladant le ciel; le bijou* du grade (une croix teutonique) porte un aigle à deux têtes tenant une épée dans ses serres et l'instruction rituelle dit: .
< Pour me rappeler d'employer mon épée en tout temps sous la bannière de l'Aigle noir, pour le soutien de l'ordre.
,) Le 32°, Sublime Prince du Royal Secret, reprend, dans le décor d'un « pavillon » du « camp » où se réunissent les titulaires du grade, l'emblème de l'aigle bicéphale d'or ou d'argent; il figure également sur le cordon porte et le bijou.
Le 33° et dernier, souverain Grand Inspecteur Général a le même bijou et l'aigle ont deux têtes figure sur la « grande décoration de l'ordre «,.
D'autres rites l'utilisèrent, tel le Rite égyptien* de Misraïm (1817) ou l'aigle se retrouve aux 37°, 38° et 39° (Chevalier de l'Aigle de l'Aigle Noir et de l'Aigle Rouge) ainsi qu'au 64° (Chevalier de l'Aigle Blanc) qui précède le Kadosh.
Le Rite de Memphis (1849) ne connaît que l'Aigle Rouge, au 25°, que le rite révisé par John Yarker (1875) déplacé au 12°.

La déchristianisation des rites, le Rose Croix et le Kadosh notamment, s'appuya sur Dom Pernety, ses Fables égyptiennes (1786) et son Dictionnaire mytho hermétique (1787) fournissant une iconographie alchimique de l'aigle fort abondante.

On pourra enfin noter la présence de l'aigle dans les cahiers de dessins de l'architecte Villard de Honnecourt (milieu du XIIIe siècle) associé à l'étoile à cinq branches et assorti de l'inscription: « Ici commence la méthode du trait de portraiture ainsi que l'art de géométrie l'enseigne...»
J.-P.L.