GRANDE LOGE DE FRANCE
GRANDE LOGE DES ANCIENS:
GRANDE LOGE DES MODERNES:
GRANDE LOGE FÉMININE DE FRANCE
GRANDE LOGE NATIONALE FRANÇAISE
GRANDE LOGE SUISSE ALPINA
GRANDE LOGE DE FRANCE
Depuis son divorce avec le Grand Orient* en 1806 et sa « recréation » en 1821, le Suprême Conseil de France est devenu une obédience* assurant la gestion d'ateliers du 1° au 33°.
À partir de la décennie 1860, des loges* bleues* se prononcent pour leur indépendance à l'égard dudit Suprême Conseil.
En 1880, la rupture est consommée: 12 loges se confédèrent sous le nom de Grande Loge Symbolique Écossaise * et en 1887, les deux Fédérations maçonniques se reconnaissent mutuellement.
Un mouvement pour l'autonomie se développe au sein des loges bleues restées sous la juridiction du Suprême Conseil.
qui dit en accepter le principe par une circulaire du 21 juin 1894.
Le 8 octobre 1894, la Grande Loge Symbolique annonce son adhésion à l'idée de réunification de la famille écossaise. Le congrès de la fusion se tient à Paris du 7 au 9 novembre. Le premier jour, par 50 voix contre 8 et 2 abstentions, l'assemblée? composée exclusivement des députés* des ateliers bleus du Suprême Conseil, décide la création d'une Grande Loge autonome et, le soir même , les représentants des 36 ateliers de la Grande Loge Symbolique Écossaise viennent se joindre à la réunion qui se proclame assemblée constituant>. Les réticences du Suprême Conseil ne permettent pas une véritable indépendance et la Grande Loge Symbolique refuse dans ces conditions de se dissoudre.
Un deuxième congres des loges écossaises, tenu le 23 février 1895, aboutit à l'interruption du processus de fusion. Un quart des loges du Suprême Conseil se réunit au 42, rue Rochechouart, sous la présidence d' Étienne Guillebaud et se constitue en Grande Loge de France. Le surlendemain, le Conseil Fédéral, exécutif de la nouvelle obédience, élit Guillebaud comme Grand Maître.
Dans les semaines qui suivent, la nouvelle fédération intègre toutes les anciennes loges du Suprême Conseil, puis, ultérieurement, les ateliers de la Grande Loge Symbolique Écossaise. Un protocole d'accord est rédigé le 6 août 1895, mais le projet achoppe encore pour des raisons matérielles et financières. Au Convent* de septembre 1895. Adolphe Magnien (1836-1914), alors député de Saone-et Loire, est élu Grand Maître de la Grande Loge de France et les discussions pour la fusion se poursuivent. Elles aboutissent au congrès constitutif des 18-20 décembre 1896. Parmi les membres du nouveau Conseil Fédéral élus par cette assemblée, il y a Philippe Blanc, sénateur de la Loire, Jean Codet, député de la Haute-Vienne, Albert Grodet, gouverneur du Soudan, André Lebon, alors ministre des Colonies, Adolphe Magnien, réélu Grand Maître, Gustave Mesureur*, et Bernard Wellhoff, chef de bureau à la mairie de Lille, futur Grand Maître de la Grande Loge de France (1919-1922 et 1925-1928).
Au Convent de septembre 1898, la Grande Loge de France compte alors 7 000 membres: Henri Michel (1857-1930), futur député puis sénateur des Bouches-du-Rhone et des Basses-Alpes, devient Grand Maître.
En 1901, la Grande Loge autorise la création de la loge d'adoption* n° 217 bis Le Libre Examen. Des frictions se produisent encore avec le Suprême Conseil qui finit par reconnaître, par un décret du 26 juillet 1904, la pleine et entière souveraineté de la Grande Loge.
En 1911, la nouvelle obédience achète un hôtel, sis 8, rue Puteaux. La Grande Loge, présidée par Mesureur, compte alors 136 loges et 7 900 membres.

Dans l'entre-deux-guerres, elle est dominée par la personnalité de ses Grands Maîtres-Bernard Wellhoff, Louis Doignon et Michel Dumesnil de Gramont* -et connaît un renouveau spiritualiste avec Albert Lantoine, Édouard Plantagenet, Charles Riandey*, Ubaldo Triaca et Oswald Wirth*. Dans la décennie 1930 ses effectifs oscillent autour de 13 000.
Après la répression sous Vichy* et l' Occupation, la Grande Loge ne compte plus que 3 600 membres. La reconstruction est lente et difficile: 7134 frères en septembre 1948, 6547 l'année suivante. Puis de 1952 à 1965, elle cherche sa position; dans la maçonnerie mondiale en général, et française en particulier. Le Convent de 1953 décide que les «obligations seront prêtées sur l'équerre*, le compas* et un livre de la Loi sacrée, ce dernier étant considéré, sans aucun caractère religieux particulier, comme symbole de la plus haute spiritualité dont s'inspire le maçon qui s'engage à oeuvrer éternellement à dégager l'ordre du chaos».
En 1954, la Grande Loge dit adhérer à la Convention de Luxembourg, adoptée par diverses obédiences européennes dont la Grande Loge Suisse Alpina*. Des pourparlers officiels s'ouvrent, avec la Grande Loge Nationale Française* et avec le Grand Orient, pour un éventuel rapprochement. Malgré l'évolution de la Grande Loge vers l'obédience de Neuilly, la Grande Loge Unie d'Angleterre* somme, en janvier 1960, les obédiences régulières de rompre avec la Grande Loge de France et les négociations avec l'obedience du boulevard Bineau n'avancent plus guère. En septembre 1964, le Convent de la Grande Loge ratifie un traité d'alliance avec le Grand Orient, ce qui a pour effet d'entraîner une condamnation du texte par le Suprême Conseil de France. Toutefois, très rapidement, une majorité de membres désavoue le Souverain Grand Commandeur Riandey* qui est à l'initiative de la crise. Il constitue un Suprême Conseil pour la France, reconnu par la majorité des Suprêmes Conseils étrangers, à l'initiative du Suprême Conseil de la Juridiction Sud des États- Unis*. Les dissidents de la rue Puteaux demanderont leur intégration au sein de la Grande Loge Nationale Française.
Au Convent de 1965, les effets se font sentir: la Grande Loge compte 7 5531 membres et 217 loges au lieu de 8 545 frères et 228 ateliers l'année précédente. Durant les décennies 1960 et 1970, ce sont Richard Dupuy* et Pierre Simon qui alternent le plus souvent à la Grande Maîtrise.
En 1974-1975, ce dernier est ainsi élu Grand Maître pour la quatrième fois. Il quitte son office au Convent de 1975, la Grande Loge comptant 11 271 membres. Quand, au Convent de 1977, Dupuy descend de charge de Grand Maître pour la douzième fois, elle compte 12 538 adhérents.

Au cours des deux dernières décennies, la Grande Loge a vu ses effectifs passer de 14 300 frères et 350 loges en 1980 à 644, réparties en 12 régions maçonniques et regroupant 24 000 frères en septembre 1998. La Grande Loge a été présidée par un cadre d'industrie, Georges Marcou (1977-1978, 1981-1983), un philosophe, Michel de Just (1978-1981), un professeur, Henri Tort-Noguès (1983-1985}, un écrivain, Jean Verdun (1985-1988), un directeur d'hôpital, Guy Piau (1988-1990), un second philosophe Michel Barat (1990 1993), un syndicaliste, Jean-Louis Mandineau (1993-1995), un professeur et avocat, Jean-Claude Bousquet (1995-1996 et depuis septembre 1998) et un chirurgien Georges Komar (1996-1998}.
L'obédience de la rue Puteaux pratique presque exclusivement le Rite Écossais Ancien Accepté*, à l'exception d'une petite dizaine de loges travaillant au Rite écossais Rectifié*. Les ateliers du 4° au 33° sont administrés par le Suprême Conseil de France. Le pouvoir législatif appartient au Convent réuni annuellement (à la Pentecôte}. À la fête* de la Saint-Jean d'hiver a lieu une tenue* de Grande Loge, chargée de traiter les affaires obédientielles nationales. Le pouvoir exécutif appartient au Conseil Fédéral dont les 33 membres sont renouvelés par tiers tous les ans par le Convent. Parmi ces deniers, le convent élit directement le Grand Maître.
La Déclaration de principe adoptée le 5 décembre 1955 résume l'esprit de l'obédience de la rue Puteaux: -
1. La Grande Loge de France travaille à la gloire du Grand Architecte de l 'Univers.-
2. Il. Conformement aux traditions de l'ordre, trois Grandes Lumières sont placées sur l'autel des loges . l'équerre, le compas et un livre de la Loi sacrée. Les obligations des maçons sont prêtées sur ces trois Lumières
3. La Grande Loge de France proclame son indéfectible fidélité et son total dévouement à la patrie. -
4. La Grande Loge de France ni ses loges ne s'immiscent dans aucune controverse touchant à des questions politiques ou| confessionnelles. Pour l'instruction des frères, des exposés sur ces questions , suivis d'échanger de vue, ne doivent jamais donner lieu à un vote, ni à l'adoption de résolutions, lesquels seraient susceptibles de contraindre les opinions ou les sentiments de certains frères.-
5. En ce qui concerne les principes autres que ceux définis ci-dessus, la Grande Loge de France se réfère aux "anciens devoirs" , notamment quant au respect des traditions de la franc-maçonnerie et quant à la pratique scrupuleuse et sérieuse du rituel et du symbolisme en tant que moyens d'accès au contenu initiatique de l'ordre.
Y.H.M.
GRANDE LOGE DES ANCIENS
voir Ancien[t]s
GRANDE LOGE DES MODERNES:
voir Modern[e]s
GRANDE LOGE FÉMININE DE FRANCE
La Grande Loge Féminine de France est directement issue des loges d'adoption* (type 111} créées auprès de la Grande Loge de France*.
Une première loge d'adoption « allumée » auprès de l'atelier masculin n° 217 Le libre Examen a une existence éphémère entre 1901 et 1903. En 1906, une partie des frères de l'ancienne loge mixte La Nouvelle Jérusalem, de la Grande Loge Symbolique Écossaise* II a Maintenue »et Mixte, rejoint la Grande Loge de France. Le nouvel atelier immatriculé en juillet sous le n° 378 demande le droit de fonder une loge d'adoption afin de ne pas abandonner les soeurs avec lesquelles il travaillait. Après l n semestre de discussions, la Grande Loge accède à la demande et adopte une Constitution des loges d'adoption en 12 articles. La loge d'adoption n° 376 bis est officiellement « allumée » le 31 mai 1901. Profitant de cette facilité, dix autres ateliers masculins fonderont, entre 1911 et 1935, des loges d'adoption qui travailleront selon un Rituel des dames rénové.
En 1935, le Convent* de la Grande Loge de France décide de se séparer de ses ateliers d'adoption, en leur conférant « l'autonomie la plus complète, en les aidant à créer une maçonnerie exclusivement féminine ». La décision ne faisait guère l'affaire des soeurs. « Ce fut, malgré des termes flatteurs et un apparent miracle, un véritable coup de massue car, dans la coulisse, la Grande Loge de France projetait de nous expulser de la rue Puteaux » (Anne-Marie Gentily*).
Les neuf loges d'adoption alors en activité refusent cette rupture brutale et commencent à créer un embryon de maçonnerie féminine. Elles se réunissent en un premier congrès annuel 1e 8 juillet 1936, présidé par le Grand Maître de la Grande Loge, Louis Doignon. Elles constituent également un grand secrétariat de cinq membres, dirigé par Anne-Marie Gentily. En 1939, la maçonnerie d'adoption regroupait 8 loges et environ 300 soeurs.
Après les années noires, un comité de reconstruction réunit une petite centaine d'adhérentes: quatre loges* parisiennes seulement parviennent à se reconstituer en 1944-1945. Le Convent de la Grande Loge de France, dans sa séance du 17 septembre 1945, vote l'abrogation de la constitution de 1906 et des règlements généraux, entraînant ipso facto o l'indépendance » des loges d'adoption. Ces dernières forment alors l'Union Maçonnique Féminine de France. Les locaux de la rue Puteaux lui étant refusés, la nouvelle association se réunit 63, rue Froidevaux. A son premier congrès, le 31 janvier 1946, est créé un Conseil Supérieur de huit membres, présidé par Anne-Marie Gentily. En octobre 1947, L'union Maçonnique Féminine quitte les locaux de la rue Froidevaux pour le 46, rue Ramey dans le Temple de la loge Équité (Grand Orient*). Quelques loges sont créées en province, notamment à Toulouse (1948) et Lille (1952). En mai 1950? L'union Maçonnique s'installe pendant 25 ans rue de la Condamine.
À l'assemblée générale de septembre 1952, L'union Maçonnique Féminine se transforme en Grande Loge Féminine de France. La nouvelle association maçonnique conserve comme système de travail le Rite d'adoption 1907. Elle se présente comme une fédération de loges, lesquelles élisent des députés qui se réunissent en une assemblée générale annuelle dite Convent. Ce dernier désigne la Grande Maîtresse et le Conseil Fédéral. exécutif de l'obédience.
En 1953, la Grande Loge Féminine allume sa septième loge à Aulnay-sous-Bois. La même année est constituée une association philanthropique en loi de 1901 dite La Solidarité Écossaise Féminine de Fronce (devenue en 1978 La Solidarité Féminine}. Elle est administrée par un conseil de neuf soeurs au minimum, la Grande Maîtresse étant membre de droit. Deux innovations sont adoptées à l'initiative de la loge n° 9, Isis, et de Gisèle Faivre*: la robe noire longue et la médaille spécifique à chaque atelier.
La question de l'abandon du Rite d'adoption et de son remplacement par le Rite Écossais Ancien et Accepté* se pose avec plus d'acuité. Le Convent de 1958 crée une commission de 12 membres destinée à résoudre l'épineux problème. En I 959, la Grande Loge Féminine adopte officiellement le Rite Écossais Ancien et Accepté. Un groupe de soeurs appartenant à divers ateliers parisiens désireuses de rester fidèles au Rite d'adoption, constitue en octobre 1959 la loge indépendante Cosmos, sise à Clichy jusqu'en 1973, puis à Paris. En 1977* la loge rejoindra la Grande Loge Féminine tout en conservant le Rite d'adoption. En 1961, la dixième Loge féminine est érigée à Limoges.
La décennie 1970 marque le début de l'essor de l'obédience féminine. En 1968 , elle compte 16 loges, 64 en 1975 et 130 en 1982.
En 1970 est installé à Londres par le Suprême Conseil Féminin du Royaume-Uni, le Suprême Conseil Féminin de France, proclamé le 19 avril 1972, qui gère les ateliers du 4° au 33° de l'écossisme féminin. Le Convent de 1972 admet la pluralité des rites. En 1973, le Grand Orient de France accorde une patente autorisant les ateliers féminins à travailler au Rite Français*. La première loge « française » dite Unité est allumée sous le numéro 44. Aujourd'hui, le Rite Français, adopté par environ 70 loges, se pratique sous trois versions différentes.
En 1974, est érigé à Lyon* le premier atelier féminin (aujourd'hui éteint) travaillant au Rite Écossais Rectifié*. La remise en 1980 par le Grand Orient d'une patente du Régime Rectifié permit la fondation d une deuxième loge « rectifiée » dite Clé de Vie n° 110.
En 1976, la Grande Loge Féminine fait l'acquisition de locaux nouveaux au 101, rue de Charonne, la Cité du Couvent, en plein faubourg Saint-Antoine.
En 1978, est fondée la loge La Rose des Vents, à Paris, d'abord présidée par Liberté Morte. Son but est de constituer un atelier de réception et d'accueil, loin de toute structure maçonnique féminine et pour les femmes désireuses de pratiquer l'Art royal*. La réception des néophytes se fait à Paris ou sur place, d'instruction se pratiquant par correspondance. Dès qu'un nombre suffisant de soeurs est réuni, des triangles, puis des loges autonomes sont créés. Une vingtaine d'ateliers en France d'outre-mer, en Espagne, en Allemagne, en Hongrie, au Togo, au Cameroun, en Côte-d'lvoire, au Gabon ou dans l'île Maurice sont des enfants de La Rose des Vents, longtemps animée par Ginette Eboué-Fontaine (1923-1992).
Le 9 novembre 1985, la Grande Loge Féminine organise seule son deuxième colloque: « Société plurielle menace ou espérance ? La franc-maçonnerie féminine et le choc des cultures ».
Depuis 1946, l'obédience féminine a été présidée par Anne-Marie Gentily {1946-1948), Gisèle Faivre (1948-1950, 1953-1954, 1959-1961, 1962-1965, 1967-1969), Andrée Czoyriff {1950-l953), Liberté Morte (1954-1956, 1961-1962, 1970-1973), Rosette Anckaert (1956-1958), Fabienne L'Écharpé (1958 1959, 1965- 1967), Gilberte Arcambal (1969-1970), Edwige Prud'homme (1973-1975), Gilberte Colanéri (1975 1977, 1980-1983), Yvonne Dornès (1977-1980), Pauline Salmona (1983-1984 1986-1989} Nicole Pinard (1984-1986), France Sornet (1989-1992), Jeanine Augé (1992-1993), Marie-France Coquard (1993-1997) et à nouveau Nicole Pinard (depuis 19979.
Au Convent de 1998, la Grande Loge Féminine comptait 309 loges et 10 100 soeurs.
Y. H.M.
GRANDE LOGE NATIONALE FRANÇAISE
Unique obédience* française ayant des relations officielles avec la Grande Loge Unie d'Angleterre* et les autres Grandes Loges dites régulières, la Grande Loge Nationale Française est créée en 1913 par deux loges qui quittent le Grand Orient de France* pour fonder la Grande Loge Indépendante et Régulière pour la France et les Colonies françaises. La suppression par le convent~ du Grand Orient de France de toutes références à la Divinité (1877) fut très mal ressentie par les obédiences anglo-saxonnes qui, comme les Grandes Loges d'lrlande* et d'Écosse*, entretenaient des relations amicales avec la France ou qui, comme la Grande Loge Unie d'Angleterre recevaient les francs-maçons et visitaient les loges du Grand Orient mais cela n'empêcha pas les maçons anglais de faire preuve de sentiments cordiaux envers la France, exprimés notamment lors de la consécration à Londres sous la &rande Loge Unie d'Angleterre des loges La France 2060 (1884) , et L'Entente Cordiale 2796 (1899).
En France, une soixantaine de loges* souhaitaient le maintien de l' invocation au Grand Architecte de l'Univers mais se sont rangées sous la bannière du Grand Orient. Néanmoins, nombre de maçons s'orientaient vers des activités antireligieuses militantes qui culmineront lors de l'affaire des Fiches*.
Des francs-maçons français intéressés par les possibilités de développement spirituel de l'homme au sein de l'Ordre maçonnique vont tenter d'établir au sein de celui-ci une loge porteuse d'un message spirituel. L'échec de leur tentative les contraint à quitter l'obédience pour fonder une nouvelle Grande Loge qui crée des liens avec les obédiences fidèles aux principes fondamentaux de la franc-maçonnerie traditionnelle. L'initiative de la scission revient à Édouard de Ribaucourt* qui, initié au Grand Orient au sein de la Loge Les Amis des Allobroges, est déçu par les attaques antireligieuses de son obédience. Entré en relation avec Édouard Quartier de la Tente (1855]924}? ancien Grand Maître de la Grande Loge Alpina* (1900-1905), il est reçu, avec Camille Savoire* et Gustave Bastard, tous trois 330 sous le Grand Conseil des Rites attaché au Grand Orient de France, par équivalence au grade de Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte (C.B.C.S.) par le Grand Prieuré d'Helvétie, qui est à l'époque la seule autorité maçonnique pratiquant encore le Rite Écossais Rectifié* en Europe. En 1911, Ribaucourt réveille ainsi à Paris la loge Le Centre des Amis* pour laquelle il obtient une patente du Grand Orient de France qui lui permet de travailler au Rite Écossais Rectifié. . . et d'utiliser l' invocation au Grand Architecte de l'Univers lors des tenues*. En 1913, il reçoit une nouvelle version obligatoire des rituels où toutes les références au Grand Architecte de l'Univers sont soigneusement omises. L'affaire est portée devant le Convent du 16 septembre 1913 et la querelle devient publique car le président du Conseil de l'Ordre, M. Bouley, se plaint de ce que le Grand Architecte de l'Univers «lui ait été décoché en pleine figure » et « qu'il en a été froissé »,. En septembre, Ribaucourt écrit à Roehrich, citoyen suisse et Grand Officier de la Grande Loge Unie d'Angleterre, pour demander si celle ci est disposée à accorder une constitution de loge ou une reconnaissance* comme Grande Loge régulière aux loges décidées à quitter le Grand Orient. Devant l'hostilité du Grand Orient, il est en effet décidé à rompre. Il ajoute que les travaux de la Grande Loge de France* ne sont pas plus réguliers en raison de la présence de femmes* lors des tenues et déclare que trois, peut-être quatre loges, sont décidées à faire le pas.
Deux loges seulement créent la Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière pour la France et les Colonies françaises (Le Centre des Amis et L'Anglaise 204 à Bordeaux* par une lettre datée du 29 octobre 1913 signée par six officiers). La Grande Loge Unie d'Angleterre accueille avec enthousiasme les événements. Une lettre signée par Ribaucourt, Grand Maître, Barrois, Grand Maître Provincial, et Jollois, Grand Secrétaire, est adressée au Grand Maître de la Grande Loge Unie d'Angleterre pour lui demander de reconnaître l'obédience à la date du 8 novembre 1913. Une lettre de Ribaucourt, datée du 27 novembre 1913, remercie la Grande Loge Unie d'Angleterre de la réponse par lettre du 20 novembre qui annonce la reconnaissance d'une Grande Loge française régulière. La Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière pour la France et les Colonies françaises est donc reconnue régulière .
La loge St. Georges n° 3, composée de francs-maçons anglophones résidant à Paris, rejoint les deux autres loges et la guerre de 1914-1918 imprime un dynamisme nouveau. Un très grand nombre de militaires britanniques séjournent en effet en France. La tradition maçonnique étant forte dans les régiments britanniques afin de respecter les droits de territorialité de la franc-maçonnerie régulière. six loges sont ainsi fondées en France entre 1916 et 1918 sous l'autorité de la nouvelle obédience. Ce sont n° 4 Havre de Grâce {Le Havre, 31 octobre 1916), n° 5 Jeanne d'Arc {Rouen, 16 décembre l 916) n° 6 Codefroy-de-Bouillon (Boulogne. 17 février 19l7), n° 7 France 1917 (Paris. 21 octobre 1917), n°8 Libération (Bordeaux, 8 février 1918), n° 9 Britannic (Paris, 23 février 1918)
Havre de Grâce avait 72 fondateurs et ses membres se replièrent en Angleterre en 1919, en emportant les meubles et les archives*. Une loge de ce nom a été réveillée en 1993 au Havre. La loge Jeanne d'Arc n° 5 est fondée par 110 membres . le vénérable* maître fondateur est un sergent-major ancien vénérable maître de la loge City of London. Cet atelier existe toujours grâce à la loge Jeanne d'Arc n° 4168 (à Londres) et à une autre à Rouen (sous la Grande Loge Nationale Française). La loge Godefroy-de-Bouillon n° 6 a été fondée à Boulogne pour les membres de la Croix-Rouge britannique. Loge de civils, elle porte à l'origine le nom du président de la Croix-Rouge britannique, le comte de Donoughmore. Il est également Grand Maître de la Grande Loge d'lrlande. Reprenant ses activités en 1919, ce dernier : exige qu'elle modifie son nom comme d- préalable à la reconnaissance par la Grande Loge d'lrlande de la Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière pour la France et les Colonies françaises. Libération n° 8 a survécu aux deux conflits mondiaux et a été, durant de nombreuses années, fréquentée par les militaires de l'O.T.A.N. stationnés en France. Quant à Britannic no 9, elle a été fondée en 1899 par des journalistes anglais et américains qui rejoignirent d'abord la Grande Loge de France puis, en 1918, la Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière pour la France et les Colonies françaises où ils jouèrent un rôle important.
Après 1918, 16 nouvelles loges apparaissent au rôle puis, en 1948, après la période noire de Vichy*, l'obédience devient la Grande Loge Nationale Française. Cela correspond mieux à sa vocation nationale et internationale.
Si les deux loges fondatrices avaient adopté le Rite Écossais Rectifié, on doit signaler que les loges qui les suivirent ont travaillé au Rite Émulation qui est traduit et généralement en usage.
Après 1950, la croissance de la Grande Loge Nationale Française s'accélère en raison de l'absorption en 1958 des loges de la Grande Loge du Rite Rectifié fondée par Camille Savoire, puis, en 1965, de l'affiliation d'un grand nombre de maçons de la Grande Loge de France soucieux de rejoindre une obédience régulière. La Grande Loge Nationale FrançaiSe se distingue par le fait que, si les Grandes Loges imposent en général un rituel modèle, elle permet à ses loges de choisir le rite qu'elles préfèrent. Il existe des loges travaillant au Rite Écossais Ancien et Accepté*, au Rite Français* Moderne, au Rite Écossais Rectifié, au Rite de Nova Scotia et bien entendu à « Émulation » (en français et en anglais}.
L'unité et la stabilité de la Grande Loge Nationale Française est assurée par la « Règle en douze points de la franc-maçonnerie » dont voici l'article
le.': « La Franc-Maçonnerie est une Fraternité initiatique qui a pour fondement traditionnel la foi en Dieu, Grand Architecte de l'Univers. » Cette règle reprend les principes généralement admis par les Grandes Loges régulières. Ce sont la prestation de serment* sur le volume de la Loi sacrée, l'absence de femmes, le respect des opinions et croyances, l'assistance fraternelle envers les maçons dans le besoin. L'Oeuvre d'assistance fraternelle, financée par une modeste contribution des membres et des actions particulières, prend en charge celle-si.
Pour gérer sa croissance, la Grande Loge Nationale Française a érigé des « provinces » en France et des « districts » outremer . il existe, en 1999, 21 provinces et 3 districts, soit 1.200 loges et plus de 26 000 frères. Ces Grandes Loges Provinciales sont dirigées par un Grand Maître Provincial et un collège* de Grands Officiers provinciaux. Quant aux districts, ils contribuent à la diffusion de la franc-maçonnerie dans les anciennes colonies africaines. Dans ces pays, après quelques années de travail, des Grandes Loges Nationales se constituent et contribuent à l'intégration de la culture maçonnique parmi les populations. La Grande Loge Nationale Française entretient des relations amicales avec 112 Grandes Loges étrangères réparties sur toute la planète.
Depuis le 18 décembre 1918, date de la démission de Ribaucourt, les Grands Maîtres successifs ont été Ch. Barrois, 1919-1929; H. de Mondehare, 1929-1933; G. Jollois, 1933-1938; M. Vivrel 1939 1947, E. van Hecke, 1958-1971; L.-A. Derosière, 1971-1980, J. Mons, 1980-1989; A. Rouxt 1989-1992; et C. Charbonniaud depuis 1992.
M. B.
GRANDE LOGE SUISSE ALPINA
(rôle international) L'idée de rapprocher les puissances maçonniques naît à l'occasion d'une réunion internationale organisée par le Grand Orient de France* les 16 et 17 juillet 1889 à Paris, à la préparation de laquelle Paul Doumer*, jeune membre du Conseil de L'ordre, s'était vivement intéressé. La déclaration adoptée ayant prévu de suggérer par écrit les formes susceptibles de concrétiser ce rapprochement, le Conseil Directeur de la Grande Loge Alpina envisage, le 5 octobre 1890, la création d'un bureau central permanent qui constituerait un trait d'union entre les puissances maçonniques.
Après avoir reçu l'assentiment de la Grande Loge Alpina, son projet est soumis aux participants d'une seconde réunion internationale à Anvers en juillet 1894. Mais ce n'est qu'à Paris, en août 1900, qu'une troisième réunion internationale vote une résolution présentée par un ancien Grandi Maître du Grand Orient de Belgique* et décide la création d'un comité permanent dont la Grande Loge Alpina sera l'organisatrice et le siège situé en territoire helvétique. Conformément à ce vote, une circulaire signée par le Grand Maître Quartier-la-Tente et les membres du Conseil Directeur de l'Alpina est adressée le 17 novembre 1900 aux Grands Maîtres du monde entier. Précisant z que dans un premier temps le rôle du bureau provisoire se borne à rassembler des informations la circulaire pose les questions de la création d'un Bureau permanent, des conditions souhaitées pour sa création et de la participation à un congrés à cette fin.
Après avoir reçu plusieurs réponses favorables, Alpina invite les puissances maçonniques à participer à un congrès réuni à Genève* du 5 au 7 septembre 1902.
Vingt-deux Grandes Loges et huit puissances de Hauts Grades* sont représentées et adoptent des statuts qui entérinent la création d'un Bureau International destiné à faciliter les relations entre les puissances maçonniques « sans porter aucune atteinte à leur indépendance et souveraineté » dont le siège est en Suisse* et l'organisation, la direction et la surveillance confiées au conseil administratif de la Grande Loge Suisse Alpina.
Le travail du Bureau International de Relations Maçonniques commence le 1er janvier 1903.
Le Grand Maître Édouard Quartier-la-Tente, désigné pour en être le premier Grand Chancelier, en sera l'âme et la cheville ouvrière.
Né le 17 décembre 1855; à New York, devenu orphelin à l'âge de deux ans et ramené alors en Suisse, Edouard Quartier la-Tente est confié à l'Orphelinat officiel de Neuchâtel où il grandit jusqu'à la fin de son apprentissage. Après des études de théologie à Genève il devient pasteur à Fleurier et passe ensuite le reste de sa vie à Neuchâtel comme professeur à la faculté de théologie de l'Académie et chef du Département de l'instruction Publique du canton.
Reçu maçon à La Bonne Harmonie élu pour cinq ans Grand Maître de la Grande Loge Suisse Alpina en 1900, il sera rédacteur de la partie française de la revue Alpina de 1907 à 1923.
Lorsqu'il se rend à Londres le 15 mai 1913 pour représenter la Grande Loge Suisse Alpina et le Bureau International de Relations Maçonniques à la fête organisée à tour de rôle chaque année par l'une des six loges* cosmopolites de Londres (Pilgrim, Deutschland, Italia, America, La France et L' Entente Cordiale). Quartier-la-Tente entend le Pro Grand Maître, lord Ampthill, conseiller aux 500 maçons présents:« Faites connaître aux maçons anglais la littérature maçonnique étrangère qui contient des trésors de pensée. lIs apprendront qu'il n'est plus possible de maintenir leur attitude de splendide isolement en matière maçonnique. [...] Le plus important consiste à connaître les frères des autres pays. C'est un moyen sûr de les apprécier et de les aimer. Ainsi sera préparée l'universalité effective de la franc-maçonnerie. » Quartier-la-Tente pense avoir gagné et demande l'appui de la Grande Loge d'Angleterre.
Il fut déçu comme le montre son dernier rapport imprimé en 1920.
Il y note que la Grande Loge Suisse Alpina n'est pas reconnue par 20 Grandes Loges américaines parce qu'elle entretient des relations fraternelles avec le Grand Orient de France, alors qu'il n'existe aucune loi dans ce domaine, mais relève comme un signe encourageant que le Comité de Correspondance de la Grande Loge de l'Iowa ait décidé que l'absence de la Bible* dans une loge ne constitue pas un obstacle absolu à la reconnaissance. Il évoque les prisonniers et les victimes de la guerre dont le Bureau s'est occupé jusqu'en 1919, les 10000 lettres envoyées, les 9 annuaires de la franc-maçonnerie* mondiale imprimés et les cinquante bulletins dont plusieurs milliers d'exemplaires ont été adressés aux loges. Il n'a reçu aucune réponse de la franc-maçonnerie britannique malgré les promesses qui lui avaient été faites en 1913. Le Bureau n'arrive plus à couvrir ses frais.
Il lance un appel par pli recommandé à tous les groupements maçonniques du monde, et déclare considérer que le silence de ses destinataires équivaut à approuver la dissolution du Bureau.
Un Convent* maçonnique international, réuni du 19 au 23 octobre 1921 à Genève sous la présidence du Grand Maître Isaac Reverchon, s'efforce de résoudre le problème.
La Grande Loge Suisse Alpina, le Grand Orient et la Grande Loge de France*, la Belgique*, les Pays-Bas, l'Espagne*, le Portugal*, l'ltalie*,l'Autriche*, la Bulgarie, la Turquie* et la Grande Loge de New York son représentés, ainsi que la Grande Loge allemande du Soleil Levant (admise après délibération des congressistes, les discussions concernant sa régularité empoisonneront les premières années de 1e future organisation).
Comme le remarquera la revue Alpina mis à part les quelque 300 000 membres de la Grande Loge de New York, ces juridictions comprenaient moins de 100 000 adhérents, alors qu'il y avait trois millions de maçons dans le monde. La Déclaration de principes adoptée commençait ainsi: « Les puissances maçonniques représentées au Convent en vue d'intensifier les résultats humanitaires et pacifiques de leur propagande, déclarent constituer entre elles une Association Maçonnique Internationale dont le siège est à Genève » et son article 18 prévoyait que les ressources de l'Association seraient assurées par « les cotisations des obédiences selon un barème déterminé à chaque Convent, les abonnements au bulletin et la vente d' imprimés, les dons divers ».
À la suit de ce texte, Alpine annonçait que « le F. Quartier-la-Tente a été choisi comme Grand Chancelier de l'Association Maçonnique Internationale, qui fusionnera av début de 1922 avec le Bureau International de Relations Maçonniques, qui travaille depuis vingt ans à l'oeuvre du rapprochement des maçons du monde entier ".
Entrée officiellement à l'Association Maçonnique Internationale en septembre 1923, la Grande Loge de New York s'en retire en août 1924. Les conceptions antagonistes de son ancien Grand Maître Townsend Scudder et de son successeur William Rowan, publiées dans les numéros de mars et d'avril 1925 de The Builder, sont intégralement traduites dans Alpina la même année. Rowan relève qu'au moment où New York a quitté l'Association Maçonnique Internationale, celle-ci se composait de 18 Grandes Loges reconnues par sa juridiction et de 7 non reconnues. Sur les six candidats à l'admission, un seul était reconnu par New York. Townsend Scudder avait une vue plus élevée de la situation: « I1 existe deux grandes écoles dans la franc-maçonnerie [...] représentées respectivement par les races latines et anglo-saxonnes. Or la direction et le maintien de la civilisation sont entre les mains de ces deux races. Les maçons de ces deux grandes divisions de l'humanité vont-ils unir tous leurs efforts dans un véritable esprit maçonnique pour amener ces deux races à une coopération plus fraternelle pour l'établissement de la paix et le progrès de la civilisation ou vont-ils les laisser partir à la dérive, peut-être jusqu'à un cataclysme, faute d'avoir su se réconcilier à temps ? [...] L'Association Maçonnique Internationale est un organisme qui existe, il n'est pas parfait, -nais c'est un commencement. [...] Seul l'avenir dira si la maçonnerie anglo-saxonne aura la largeur de vue nécessaire et une conception de la franc-maçonnerie suffisamment élevée pour lui permettre de reconnaître la lumière et de Jouer un grand rôle. »
Le Convent extraordinaire de l'Association Maçonnique Internationale, réuni à Genève début octobre 1925 salue la mémoire de Quartier-la-Tente et lui donne pour successeur l'ancien Grand Maître Isaac Reverchon.
Réunie sous les auspices de l'Association Maçonnique Internationale du 11 au 15 septembre 1925, une manifestation organisée à Belgrade voit le Président du Conseil de l'Ordre du Grand Orient de France Arthur Groussier* échanger un baiser de paix avec Leo Muffelmann*, simple vénérable* d'une loge de la Grande Loge de Bayreuth, mais qui allait fonder cinq ans plus tard la Grande Loge Symbolique d' Allemagne* .
Après la mort de Reverchon, le Convent de l'Association Maçonnique Internationale, réuni à Paris du 27 au 29 décembre 1927, élit John Mossaz (1876-1953) Grand Chancelier.
Ce Convent doit adopter la modification d'un article des statuts. Le texte proposé: « La Franc-Maçonnerie se fonde sur la notion que l'homme est dépendant du principe spirituel qu'elle reconnaît sous la dénomination de Grand Architecte de l'Univers* », est refusé par les délégués français et belges. Un texte de compromis ainsi formulé: « La Franc Maçonnerie reconnaît l'existence d'un principe supérieur et idéal généralement désigné sous la dénomination symbolique du Grand Architecte de l'Univers,v n'est adopté que par 16 voix sur 18, le Grand Orient de France et celui du Luxembourg ayant voté contre.

Vingt ans plus tard, dans une lettre qu'il adresse à J. Corneloup* le 2 mai 1948, le Grand Chancelier de l'Association Maçonnique Internationale, John Mossaz,. trace son tableau de la situation internationale: « La Grande Loge Unie d'Angleterre*, loin d'agrandir le cercle de ses relations officielles, impose des conditions nouvelles et plus restrictives aux obédiences qui sollicitent l'échange de garants d'amitié avec elle. Elle va même plus loin, puisqu'elle menace de rompre des relations qui remontent à plus d'un siècle avec certaines Grandes Loges-en particulier avec le Grande Loge Alpina-si celles-ci persistent à entretenir des rapports avec l'Association Maçonnique Internationale et la Ligue Universelle des Francs-Maçons ainsi qu'avec des obédiences non reconnues par elle.[...] Pour un maçon qui, comme moi, compte cinquante ans de maçonnerie et qui, depuis plus de trente ans, s'est voué à la tâche de rapprocher et d'unir toutes les obédiences, il est douloureux d'enregistrer un semblable résultat ».
À l'assemblée des délégués, tenue le 21 mai 1949 à Winterthur, la proposition du Comité des Grands Officiers tendant à ce que la Grande Loge Suisse Alpina se retire de l'Association Maçonnique Internationale est appuyée par le Grand Maître Albert Natural, mais l'assemblée SUit le Chancelier Mossaz et le Grand Maître d'Honneur Kurt von Sury qui demandent l'ajournement du vote à un an. Le 7 septembre suivant, la Grande Loge Unie d'Angleterre ajoutait discrètement aux Aims and Relationships of the Craft texte qu'elle avait voté en 1939, trois paragraphes supplémentaires dont l'un soulignait son refus réitéré de participer à des Conférences avec de soi-disant Associations Internationales prétendant représenter la franc-maçonnerie mais admettant parmi ses membres des éléments qui ne respectent pas strictement les principes sur lesquels la Grande Loge d'Angleterre est fondée.
Lors de son assemblée générale d'avril 1950, l'association Maçonnique Internationale décidait spontanément de se dissoudre.
A. B.