UNION SACRÉE
UNITÉ ITALIENNE
UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES
UNIVERSITÉS POPULAIRES
URIOT,Joseph






UNION SACRÉE
U-01.JPG (50K) Malgré l'action individuelle de maçons comme Léon Bourgeois*, Lucien Le Royer, Pierre Nathan-Larrier et Charles Richet en faveur de la paix, les tentatives modestes de rapprochement franco-allemand salué par la revue La Lumière maçonnique (J. Kienlin A. Quillet, O. Wirth*) et un fort courant pacifiste et socialisant dans les loges* les obédiences* participent à l'Union Sacrée dès le début de la Grande Guerre.

Le Conseil de l'Ordre* du Grand Orient de France* adresse«l'assurance de son entier dévouement au gouvernement de La République » et le Conseil Fédéral de la Grande Loge de France* s'indigne de « l'odieuse agression austro allemande contre la civilisation»L'armée* est sous les ordres du frère Joffre. Le premier cabinet de guerre du frère Viviani remanié le 26 août 1914, comprend 9 maçons dont Victor Augagneur et Marcel Sembat*.

En 1915 sont tués Félix Chautemps ancien vénérable* de la loge parisienne n° 383, La République (Grande Loge), et Collignon, engagé volontaire à 58 ans, ancien vénérable de la loge Alsace-Lorraine* (Grand Orient*).

Certaines exactions commises par l'armée allemande notamment l'arrestation et la condamnation de Charles Magnette, Grand Maître du Grand Orient de Belgique*, renforcent la conviction des macons français d'être dans le camp de la civilisation. La maçonnerie«austro-boche » est accusée de s'être mise au service du pan germanisme.

A partir de 1916, des critiques, notamment contre le cléricalisme aux armées et curieusement dans le grand Sud-Est sur les tentatives de restauration monarchique apparaissent. Diagne, député du Sénégal, traite de « la volonté d'une paix durable ,) devant le comité des loges de la région parisienne du Grand Orient. Quelques maçons socialistes participent aux conférences de Zimmerwald (septembre 1915) et Kienthal (avril 1916). Le bloc hiramique se fissure nettement en 1917. Certes les obédiences dans leur majorité (le Grand Orient sous la présidence du radical-clemenciste Corneau et la Grand e Loge sous la Grande-Maîtrise du général de corps d'armée Peigné) demeurent dans l'Union Sacrée jusqu'en novembre 1918 (le cabinet Painlevé compte 9 maçons et le ministère Clemenceau 5) mais le courant pacifiste reprend force et vigueur.
A l'initiative de la loge n° 383 La République, et de L 'Union Fraternelle du IIIé arrondissement des maçons parisiens des deux obédiences appellent à partir de février 1917, à une«renaissance républicaine » d'où sortira la Ligue de Défense Républicaine animée notamment par les frères parlementaires Léon Accambray et Charles Debierre*.

Les 14-15 janvier 1917, la Grande Loge réunit, rue de Puteaux, 5 obédiences européennes. Les résolutions finales dénoncent l'attitude des puissances centrales et remercient les maçons suisses et nord-américains pour leur aide. Du 28 au 30 juin se-tient, rue Cadet, la réunion de 16 obédiences de pays alliés ou neutres On y adopte un rapport sur les conditions nécessaires a la paix et un projet pour la Société des Nations*.

Des loges manifestent leur sympathie pour la Révolution d'Octobre, adoptent des résolu-ions pour une paix sans « annexion ni indemnités » (voir la réunion du 7 juin 1917 du comité des loges de la région parisienne) ou définissent les contours de la future Société des Nations, mais la majorité des frères demeure peu ou prou derrière Clemenceau.

Le climat d'Union sacrée perdure tout en déclinant très rapidement, jusqu'en 1921-1922, année de la présidence du général Gérard au Grand Orient. À ce moment-là la franc-maçonnerie* est très majoritairement opposée au Bloc national.
Y. H.M.


UNITÉ ITALIENNE
U-02.JPG (70K) (1815-1914) Après la période de domination napoléonienne, l'ltalie retrouve, à la suite du Congrès de Vienne sa division en de multiples petits États dont beaucoup dépendent du gouvernement autrichien. Les loges* sont alors femmes et de nombreux maçons entrent dans es sociétés secrètes qui élaborent une série de projets de type constitutionnel et Fédératif. La faiblesse de ces sectes réside dans leur fragmentation et dans le fait que leurs programmes demeurent secrets. En revanche, il existe un malaise réel et profond dans les classes dirigeantes qui se sont formées pendant l'ère napoléonienne et qui ne sont pas disposées à revenir à la structure étatique et aux rapports sociaux qui étaient ceux des siècles précédents. C'est Mazzini* qui pro pose le premier, dès 1831, un projet révolutionnaire de lutte du peuple contre la domination étrangère en Italie et contre les monarchies. Sa propagande, qui dure plus de quarante ans, prépare politiquement plusieurs générations d'Italiens en faisant naître et mûrir le sentiment national.

La première guerre d'indépendance en 1848 représente un moment important en direction de l'unité et c'est un mouvement venu du bas qui oblige les souverains à accorder des constitutions et à envoyer des contingents militaires pour faire la guerre, avec le royaume de Sardaigne, à l'Autriche. Ce n'est toutefois qu'un bref moment auquel succèdent la réaction et la défense des intérêts de chaque souverain contre les attentes populaires. Seul, le royaume de Sardaigne conserve son statut et les libertés fondamentales d'un État libéral, et accueille les exilés de toute la péninsule; il devient en quelques années (1850-1859) le point de référence de tous les patriotes italiens. Pour ces raisons, de nombreux démocrates, dont Garibaldi * et Manin, abandonnent l'idée républicaine de leurs programmes et décident de soutenir la politique de Cavour, le président du Conseil de Turin. C'est ainsi que naît la Société Nationale avec ses comités dans toutes les villes importantes: elle prône l'alliance de la révolution nationale avec le royaume de Sardaigne. Lors de la seconde guerre d'indépendance, en 1859 Paris s'allie à Turin contre l'Autriche: toutes les régions centrales du nord sont alors conquises par des opérations militaires et grâce à des révolutions préparées localement. Puis, en 1860, Garibaldi conquiert le sud par l'expédition des Mille. En 1861 après les plébiscites qui ont ratifié l'union au Piémont des différentes regions italiennes, le premier parlement italien s'ouvre à Turin. Une question demeure: quelle est la contribution exacte des maçons au Risorgimento ?

L'historiographie catholique a voulu voir dans le Risorgimento un grand « complot maçonnique » contre le pouvoir temporel de la papauté et contre l'Église elle même. Les historiens favorables aux maçons ont considéré quant à eux que ces derniers avaient joué un rôle considérable au cours de ces années-là. En réalité, il n'existe pas en Italie, de 1815 à 1859, une institution maçonnique homogène capable d'œuvrersur le territoire. Les loges actives étaient clandestines parfois reconnues par les Grands Orients* étrangers ou dans d autres cas isolées et parfois meme tolérées. Il n'est pas possible de déterminer des formes d'activité coordonnée; il s'agit bien de présences autonomes. L'histoire institutionnelle de la maçonnerie italienne à l'époque contemporaine commence officiellement à Turin, le 8 octobre 1859, le jour où est fondée la loge Ausoma. C'est le premier pas vers une maçonnerie placée dans le contexte de l'ltalie unie espérée. Le 20 décembre le Grand Orient d'ltalie* est fondé et adopte le Rite Symbolique.
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Au cours des années suivantes la franc-maçonnerie* italienne connaît encore une croissance tumultueuse et désordonnée. De nombreux protagonistes des guerres du Risorgimento entrent en loge afin de poursuivre leur engagement pour une unification, dans une perspective qui ne soit pas seulement territoriale mais également sociale et culturelle. Outre l'obédience* dont le centre se trouve à Turin, il existe le Suprême Conseil de Palerme, du Rite Écossais Ancien et Accepté*, et, à Naples, un groupe autonome qui se réclame de l'archiprêtre Angherà. De nombreux protagonistes de la Société Nationale entrent dans les loges et avec eux beaucoup de garibaldiens et de mazziniens. Pendant l'expédition des Mille, on assiste cependant aux premiers conflits entre les maçons du gouvernement, favorables à Cavour, et les maçons de tendance démocrate, qui se réfèrent à Garibaldi.

Ces conflits se poursuivent pendant les années suivantes et aboutissent à la domination évidente des démocrates. Le seul épisode où un groupe maçonnique italien est appelé en tant que tel à participer à un événement du Risorgimento remonte à 1862 lorsque les Siciliens du Suprême Conseil de Palerme collaborent avec Garibaldi: ayant débarqué en Sicile, celui-ci veut rejoindre Rome pour enlever la ville au pape. Garibaldi affronte alors l'armée italienne à Aspromonte en Calabre, où il est blessé et fait prisonnier. De nombreux maçons participeront aussi à titre personnel, en 1867 à une nouvelle tentative garibaldienne également destinée à échouer. En 1870, les macons italiens voient avec joie la chute de Napoléon 111 à Sedan, car la route vers Rome s'ouvre enfin. Ils font pression, à travers la presse et l'opinion publique sur le gouvernement pour qu'il agisse rapidement. Le 20 septembre, jour où les troupes italiennes entrent à Rome, devenue ainsi capitale de l'ltalie, est une date à célébrer pour les maçons italiens.

Tandis que les jésuites clament que l'ltalie ne pouvait être que révolutionnaire car elle était fille de la Révolution française* et des sectes Crispi affirme que le 20 septembre 1870 « en abolissant le dernier bastion du féodalisme politique, elle avait donné au peuple la liberté de conscience totale et entière ». En 1895, le Grand Maître Lemmi* et Crispi font de cette date une fête civile de la nation. Aujourd'hui encore, le Grand Orient d'ltalie la célèbre chaque année. Après la première phase d'adhésion enthousiaste, la maçonnerie italienne a connu des années de crise dès sa première décennie d'existence. C'est Ludovico Frapolli qui lui a redonné élan et vigueur lorsqu'il devient Grand Maître Adjoint en 1867. Deux ans plus tard les loges de son obédience sont au nombre de 150. Au début des années soixante-dix, le Grand Orient d'ltalie se consolide après une épuration massive de tous les éléments irréguliers voulue par le Grand Maître Giuseppe Mazzoni, qui allait assumer une fonction importante vis-à-vis de la direction politique et administrative du pays. De nombreux maçons siègent alors au Parlement: presque tous les hommes de la Gauche républicaine radicale et socialistes sont francs-maçons même si tous les maçons ne sont pas de gauche.

En réalité, cette sensibilité s'explique par l'évolution culturelle de la nébuleuse maçonnique. Pour une grande partie de l'obédience maçonnique du centre-nord de la péninsule, la loge est un vaste creuset d'élaboration politique et culturelle à tendance progressiste et démocratique destinée à structurer le projet global d'une maçonnerie qui devait devenir l'un des vecteurs les plus importants du progrès dans la rite. Les points les plus marquants de l'engagement des dirigeants de la maçonnerie italienne sont un anticléricalisme déterminé (laïcité*), l'affirmation de la prééminence des droits de l'individu sur la prépondérance de l'État la lutte contre une pression fiscale injuste la demande d'une école laïque, obligatoire et gratuite, la lutte contre la misère, et la volonté d'aider les masses ouvrières et paysannes. Ils ouvrent des patronages laïques pour les jours fériés et des bibliothèques populaires, fondent aussi des dortoirs publics pour les pauvres, les Asiles nocturnes.
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Une action est menée sur la question de la crémation des cadavres: elle tient au rôle essentiel joué par les médecins au siècle dernier à la découverte et au développement de l'hygiéne, à la volonté de répandre parmi les hommes une attitude scientifique quant aux conceptions du monde afin l'éliminer les préjugés irrationnels et le fanatisme idéologique, et enfin à la volonté de contrecarrer le monopole catholique sur les cérémonies funéraires. Les francsmaçons sont donc des éléments moteurs dans la vie politique italienne et impulsent les évolutions sociales. Ils s'engagent en faveur de l'émancipation des femmes, considérées comme un point crucial dans la construction de la nouvelle Italie. L'éducation des enfants se faisant en tout premier lieu à la maison et étant confiée aux mères, c'est donc là qu'ils travaillent pour construire le citoyen laïque de la nouvelle Italie. Dans ce contexte, les années de la Grande Maîtrise de Lemmi* sont une période de grande croissance, mais également de profonde crise pour les maçons italiens qui ne partagent pas nombre de positions de leur Grand Maître et, surtout, n'acceptent pas les liens de Lemmi avec Crispi, un président du Conseil autoritaire et incapable de comprendre les motivations de la nouvelle gauche socialiste. De nombreux maçons épousent alors les revendications de la gauche: hostilité envers les entreprises coloniales, refus de l'alliance avec l'Allemagne et l'Autriche. sympathies avouées pour la France. Nombreux sont ceux qui s'opposent aux lois anti-anarchistes décidées par Crispi en 1893 qui entraînent la dissolution des organisations socialistes.

Pour riposter, les formations de la gauche constituent la Ligue pour la défense de la liberté où se retrouvent radicaux, républicains et socialistes. Les maçons aux idées démocratiques se battent ouvertement contre le gouvernement Crispi et sont disposés à constituer un front unique antigouvernemental anti modéré et anticlérical. C'est ainsi que mûrit l'accord entre les partis populaires qui, des années plus tard, sera à l'origine des blocs de l'ère Giolitti. Ces blocs (dont le plus connu est celui de la Commune de Rome. de 1907 à 1913. dirigé par le maire Ernesto Nathan*) constituent la tentative la plus significative pour structurer en Italie un système bipolaire basé sur un parti conservateur et un parti progressiste dans lequel devaient se réunir toutes les forces laïques et réformatrices. L'affrontement s'achève à la fin de 1895 par la démission d'Adriano Lemani de sa charge de Grand Maître, aussitôt après la chute de Crispi entraînée par la défaite de l'armée italienne en Afrique. Au cours des années suivantes, la maçonnerie lombarde acquiert une telle prééminence qu'elle amène l'ensemble du Grand Orient d'ltalie à des positions d'extrémisme politique. Toutefois, lors qu'en 1906 au cours du débat sur la rédaction des nouvelles constitutions maçonniques, on discute de la possibilité d'abroger la formule d'invocation «à la gloire du Grand Architecte de l'Univers* », comme cela s'est produit en France en 1877, l'obédience maçonnique italienne repousse la proposition, refusant de transformer en athéisme son propre déisme. La nouvelle constitution qui paraît en 1906 reflète l'excessive politisation des maçons lombards: dés l'article 1, on peut lire: « L'obédience italienne, ne s'éloignant pas dans ses principes et dans ses buts de ce que l'ordre mondial professe et se propose, défend le principe démocratique dans l'ordre politique et social ».

Dans l'article 23, on demande au maçon « de conformer son action au programme maçonnique ». Ces deux articles marquent une profonde transformation de l'obédience italienne, en posant les bases des éloignements et des expulsions qui se succèdent à un rythme accéléré au cours des années suivantes. Aux divergences politiques s'ajoutent les oppositions culturelles à l'intérieur de l'obédience maçonnique: rationalistes, positivistes, agnostiques, athées et matérialistes ont du mal à trouver une entente avec les spirituels et les traditionalistes, qui voulaient retrouver la voie propre à la maçonnerie, en abandonnant le débat politique et religieux qu'ils considèrent comme étranger à la rigueur des études initiatiques. Tout cela trouve confirmation en 1908 lorsque les deux composantes se scindent après le vote parlementaire sur la motion Bissolati, relative à l'enseignement de la religion catholique dans les écoles primaires.

C'est ainsi que naquit l'obédience qui prit, suite au dédoublement du siège, le nom de Piazza del Cesù. Le vote manifestait clairement la volonté de se reconnaître dans la politique de Giolitti, qui désire alors se rapprocher du monde catholique face à un danger révolutionnaire socialiste que certains considèrent comme prioritaire par rapport à la question laïque et anticléricale. Or, la nouvelle culture philosophique idéaliste, qui s'oppose au positivisme du XIXe siècle encore dominant dans les universités, n'est pas sans influence. Ainsi, le dualisme de la maçonnerie italienne, divisée entre l'obédience dite de Palazzo Ciustiniani à caractère politico-social et progressiste et celle de la Piazza del Cesù à caractère ritualiste, culturel et traditionaliste, est officialisé. Les considérations de Walter Maturi gardent leur valeur: « Cavour autant que Mazzini, se servirent de la maçonnerie comme d'un instrument mais elle finit par se lier essentiellement avec les courants démocratiques et, au travers de ces courants démocratiques, avec le garibaldisme, dont la devise était l'ltalie laïque. Garibaldienne la maçonnerie resta fidèle aux idéaux du Risorgimento même à l'époque d'Umberto. »

Le développement maximal de la maçonnerie italienne coïncide avec l'ère Giolitti, mais c'est justement à ce moment-là que se perçoivent les premiers indices des crises successives. Au cours de la première décennie du XXe siècle, on voit en effet apparaître en Italie une nouvelle culture et de nouvelles formations politiques (nationalistes et catholiques) complètement détachées des valeurs du Risorgimento dans lesquelles les maçons italiens avaient leurs racines historiques.

Les francs-maçons italiens ont donc joué indubitablement leur rôle le plus important dans l'histoire italienne durant cette période libérale où l'idée nationale s'imposa aux masses et où le pays se modernisa.
A.M.I


UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES
: voir Verhaegen


UNIVERSITÉS POPULAIRES
Répondant à de vieilles attentes du mouvement ouvrier les Universités populaires naissent alors que l'affaire Dreyfus* déchire la France et que les dreyfusards aspirent à la formation d'une République idéale. Unir les intellectuels et les travailleurs manuels dans une même recherche de la vérité, de la justice, de la beauté, tel est le but profond des fondateurs de cette institution qui entend éduquer en ,. agissant plus sur l'âme que sur la mémoire » L'initiateur est Georges Deherme, ouvrier typographe, ancien militant anarchiste qui, en 1899, suscite la création d'une Société des universités populaires et ouvre la première d'entre elles, la Coopération des idées, en plein faubourg Saint-Antoine. Durant quelques années l'élan est irrésistible; en 1902, les fondations s'élèvent à 124. Au total, 230 universités populaires voient le jour entre 1899 et 1914, tandis qu'on peut estimer le nombre des «upéistes» à 50 000 environ pour cette période. Nées pour l'essentiel dans les centres ouvriers ou dans les quartiers ouvriers des grandes villes, les universités populaires sont soutenues essentiellement par les bourses du travail mais elles bénéficient aussi de I appui du mouvement coopératif. de la Ligue de l'Enseignement de la Ligue des Droits de l'Homme* et de la franc-maçonnerie* .

Au Convent de septembre 1901, 137 loges* adoptent une proposition de La Bonne Foi de Saint-Germain-en-Laye invitant « les loges à encourager le développement des universités populaires et des œuvres postscolaires, d'en [sic] diriger l'esprit et d'en {sic}fonder de nouvelles où elles le jugeraient utile, sous forme d'initiative profane ». Quelques ateliers semblent avoir répondu à cet appel, à Paris, en banlieue et dans quelques villes de province comme le prouve l'exemple des Persévérants écossais de Tours (Grande Loge de France*) ou de la loge Justice et Raison de Dreux (Grand Orient de France*).

Les universités populaires associent dans un même local salle de conférences, bibliothèque, musée, restaurant de tempérance, salle de gymnastique; elles proposent à leurs adhérents des consultations juridiques et médicales des excursions scientifiques ou touristiques et organisent des séjours de vacances. Des intellectuels prestigieux y prennent la parole comme Alain, Léon Brunschvicg, Anatole France, Anatole Leroy-Beaulieu, Charles Seignobos. L'autoritarisme de Georges Deherme, L'affrontement entre deux conceptions différenteS de l'institution (œuvre de collaboratiOn de classes pour les uns elle est un outil au service de la classe ouvrière pour les autres), l'opposition absolue des guesdistes et des vaillantistes, les difficultés financières, les maladresses de certains intellectuels qui ne savent pas adapter leurs conférences à un auditoire populaire Sont les principaux facteurs qui entravent leur développement. Plus fondamentalements on peut, avec Madeleine Rebérioux, estimer que le déclin de «l'upéisme » commence en meme temps que celui du dreyfusisme.
J.L.


URIOT,Joseph
(Nancy, 1713-1788?)
En 1742, parait à Francfort sur-le-Main, la Lettre d un franc-maçon à Monsieur de Vaux, première tentative pour exposer sereinement au public allemand le projet maçonnique et le convaincre de son innocence. La franc-maçonnerie* y est définie comme « une société d'hommes de tous âges, de toutes conditions, et de tous pays, qui sont assez amateurs de la vertu pour la chercher toujours, assez courageux pour ne la trahir jamais, et assez heureux pour la voir constamment pratiquée par leurs véritables frères ». Les débuts de la vie maçonnique de l'auteur, Joseph Uriot, ne sont pas connus. Ses nombreuses activités en font rapidement un intermédiaire culturel de premier ordre. Compositeur d'opéras acteur de théâtre, il est d'abord un formidable pédagogue. Maître de langue française, il collaborera à la fin de sa vie au Nouveau Dictionnaire de la langue allemande et française publié en 1782.

La présence de Uriot à Francfort, véritable plaque tournante des échanges culturels et maçonniques franco-allemands est étroitement liée à l'actualité théâtrale, maçonnique et diplomatique de l'année 1742. Le temps de la diète d'élection, qui doit donner un successeur à l'empereur Charles Vl Francfort est devenue la capitale diplomatique de l'Europe. Son théâtre est inauguré le 17 juin, lors des festivités qui marquent l'événement international. Uriot, présent pour l'occasion, visite la loge L'union (Zur Einigkeit). L'atelier, dont La Tierce* est l'un des piliers, brille par le statut social de ses membres, par la richesse de ses travaux et des échanges que ceux-ci suscitent. Invité à prendre la parole, Uriot prononce un discours remarqué: « Le véritable portrait d'un franc-maçon écrit par Monsieur Uriot à un de ses amis ». La loge décide de le publier sous le titre Lettre d'un franc-maçon d Monsieur de Vaux. On signale des éditions à Berlin, Hambourg, Bayreuth. Le 8 octobre 1742, Uriot quitte Francfort pour la France. En 1744 il publie Le Secret des francs-maçons mis en évidence par Mr Uriot, dans lequel on apprend qu'il est membre de la loge L'egalité, orient de Bruxelles.

L'activité maçonnique de Uriot ne se résume cependant pas à la publication de brefs essais didactiques. On le retrouve en 1750 à Bayreuth, autre centre d'introduction des influences maçonniques françaises en Allemagne*. C'est en effet dans la loge particulière et francophone du margrave Frédéric que le marquis de Raousset a introduit les premiers hauts grades* français en 1744. Uriot et plusieurs artistes, membres comme lui de la Comédie-Française de Bayreuth, fondent pour leur part, une loge française, L'Uriotino aussitôt qualifiée de « bâtarde » par les deux ateliers réguliers de l'orient.

On ignore le rôle que joue Uriot dans le développement rapide de la franc-maçonnerie en Bavière. Il maintient cependant sa participation au chantier du temple*, en publiant un autre essai, les Lettres sur la Franche-Maçonnerie en 1769 avec la caution de la loge L'Égalité. Parallèlement, Uriot continue à remplir ses fonctions d'intermédiaire culturel et de pédagogue, puisque à sa mort, survenue sans doute en 1788 il était conservateur de la Bibliothèque ducale à Stuttgart et professeur d'histoire à la célèbre Karlsschule, où Cuvier et Schiller purent l'apprécier-Uriot traduit d'ailleurs en français la Description de l 'Académie caroline de Stuttgart.
P.-Y. B