Maçonnieke encyclopedie-H.

De Maconnieke Encyclopedie zoekt


Een ogenblik !


ETRE F. . ET COMMUNISTE
ou l'un ou l'autre
la " maçonnerie du silence "
Etre F. .et catholique
une politique sectaire élaborée dans les Loges
" synagogue de Satan "
"le complot judéo-maçonnique "
la religion ."dont tout chrétien convient "
les limites de l'excommunication
une collaboration possible et souhaitable
LES SOERS
frères Sentiment et soeurs Discrétion
loge Lesbos et loge Androgyne
Sainte-Joséphine !
la première loge mixte
les femmes demeurent en marge








La F. .M. . aujourd'hui ( 1973)
ETRE F. . ET COMMUNISTE
Un franc-maçon jure de garder le secrét sur ce qu'il a vu et entendu dans le temple. Un communisté doit à son parti la vérité sur tout cé qu'il a appris en dehors de sa section, Dès lors, un communiste qui devient maçon n'a le choix qu'entre deux solutions : ou devenir un mauvais communiste, ou être un mauvais maçon. Beaucoup de loges l'admettent et écartent les candidatures des profanes qui déclarent être membres du parti communiste, D'autres, nota'mment au Grand Orient de France, négligent cette préoccupation en déclarant vouloir respecter le choix politique de tous les frères. On a parfois laissé entendre que la Franc-Maçonnerie avait joué un rôle dans la révolution russe de 1917. Prenant au sérieux un canular du journaliste français Maurice Privat, un théologien protestant de Lucerne, Gebhardt Frei, et un professeur allemand de Stuttgart, Kurt Hutten, avancèrent même que Lénine et Trotski avaient été des maçons de hauts grades. On sait aujourd'hui qu'il n'en était rien, Bien au contraire, Trotski fut toujours un ennemi déclaré de la maçonnerie, Il écrívit un jour dans les Izvestia que la Franc- Maçonnerie était la peste bubonique du communisme, qu'elle était aussi réactionnaire que l'Eglise catholique et qu'elle devait être détruite au fer rouge.
ou l'un ou l'autre
En France, on avait vu, au congrés de Tours de 1920, plusieurs francs-maçons socialistes donner leur adhésion au communisme et participer à la fondation du nouveau parti. Ce fut même grâce à l'adhésion au communisme du maçon Camélinat que le parti communiste est alors devenu propriétaire de l'Humanité, le journal de Jean Jaurès. La condamnation ne devait pas tarder. En novembre 1922, le IV congrés de l'Internationale communiste, qui se tint à Moscou, mit en demeure les membres des partis communistés qui étaiént francs- maçons de faire un choix entre leurs deux adhésions : ou bien ils quittaient la loge, ou bien ils seraient exclus du parti. ' Cette condamnation n'invoquait pas une incompatibilité morale, pourtant assez évidente, entre un ordre fondé sur la religíon de la tolérance et un parti créé á partir d'un dogmatisme révolutionnaire. Les francs-maçons étaient simplement dénoncés dans la résolution comme des ambitieux, des carriéristes et des partisans de la collaboration des classes. Or, c'était l'époque où, en France, le mouvement communiste comptait dans ses rangs le plus de francs-maçons. Rares furent ceux qui acceptèrent de se soumettre à cette mise en demeure. Plusieurs dirigeants du parti remirent alors leur démission avec Ludovic-Oscar Frossard et Morizet. L'un d'entre eux, Antonio Coen, devait devenir quelques années plus tard Grand Maïtre de la Grande Loge de France. Un premier rapprochement se fit en 1935, Lorsque les députés La Cour-,Grand- maison et Philippe Henriot demandèrent à la Chambre la dissolution de la Franc- Maçonnerie, les communistes Clamamus, Sulpice, Dewez, Jean Renaud, Gabriel Péri, Maurice Thorez figuraient parmi les députés qui s'y opposèrent. La victoire électorale du Front populaire amena en 1936 de nombreux maçons à la Chambre des députés : 35 au groupe radical, 41 au groupe socialiste, 14 dans divers autres groupes et un au groupe communiste : Marcel Cachin, Il avait reçu l'initiation dans sa jeunesse, dans une loge du Sud-Ouest, mais aprés le congrés de Tours il n'avait plus remis les pieds dans un temple maçonnique, sauf pour participer á quelques " tenues blanches ". En 1945, un franc-maçon qui désirait adhérer au parti communiste s'adressa á lui. Cachin lui répondit que, dans sa séance du 4 octobre 1945, le bureau polilique du parti avait décidé d'accepter à l'avenir l'adhésion des francs-maçons. La lettre de Cachin fut communiquée au Grand Orient de France et le chef du secrétariat écrivit le 21 novembre 1945 au seerétaire général du PC pour lui demander si cette information était exacte. Léon Mauvais, dans une lettre fiatée du 27 novembre 1945, apporta la confirmation, Le Grand Maître de l'époque diffusa immédiatement la nouvelle dans toutes les loges. Elle fut suivie d'effets. Les communistes maçons sont aujourd'hui encore une exception.
la " maçonnerie du silence "
La maçonnerie reste persécutée dans les pays communistes, au-delà du rideau de fer, On parle beaueoup dans les loges françaises de la " maçonnerie du silence ". Or, tout maçon est par principe solidaire de ses fréres martyrisés en quelque endroit du monde. Comment concilier cette fraternité avec une adhésion au communisme ? C'est ce que rappelérent des maçons parisiens qui, de leur propre initiative, invitérent leurs fréres à porter le deuil pendant le séjour de Nikita Khrouchtchev en France. Ils diffusèrent des communiqués dans la presse. Ayant engagé l'ordre sans en avoir qualité, ils furent alors déférés devant la justice maçonnique. L'affaire dura longtemps et agita les loges pendant deux ou trois ans. Ces maçons ont conservé leur place dans le temple. Certains d'entre eux ont même accédé depuis aux plus hauts degrés de la connaissance maçonnique. En 1971, le communiste Roland Leroy, en sa qualité de président du comité du centenaire de la Commune de Paris créé par le PC, rencontra á Paris au siége des Garibaldiens, rue des Vinaigriers, les dirigeants du comité du centenaire créé par le parti socialiste et auquel avaient adhéré le Grand Orient de France et la ,Grande Loge de France. Interrogé par un Garibaldien franc-maçon sur les interdictions qui frappent encore la maçonnerie dans les pays de l'Est, Roland Leroy répondit : - J'ignore tout à ce sujet. La seule chose que je puisse vous dire, c'est que depuis 1945 le PC français accepte dans ses rangs les francs-maçons. Mais Roland Leroy ajouta aussitôt : - Je dois dire que je n'en connais pas, Or, dans plusieurs loges de Paris et de province, des profanes ont été admis qui avaient révélé aux enquêteurs leur appartenance communiste. Cela pourrait signifier qu'un communiste qui devient franc-maçon est plus loyal envers sa loge qu'envers sa cellule. J.-A.F.
Etre F. .et catholique
En 1736, bien que la Franc-Maçonnerie ne fût ni antireligieuse ni anticléricale, le pape Clément Xll prononça sa premiére condamnation, faisant défense aux fidèles de Jésus-Christ d'entrer dans les sociétés maçonniques, de recevoir les maçons et de leur donner asile sous peine d'excommunication. Elle fut souvent renouvelée, notamment au XlXe siécle par Pie lX et Léon Xlll. Néanmoins les motifs et1' " environnement " de ces condamnations n'étaient pas identiques et ont suscité des interprétations multiples. De toute façon, depuis vingt ans, l'attitude de l'Eglise a évolué. (ll est même question de la publication imminente d'un document donnant la position officielle de Rome.) Nous .avons demandé au R.P. Riquet de nous donner son point de vue sur la question. Le pasteur Viot exprime ensuite son sentiment sur la compatibilité du christianisme et de l'ordre maçonnique. Il, y a cent ans, au lendemain des désastres militaires de 1870 et de la Commune de Paris en 1871, la France sevit déchirée par une nouvelle guerre de religion, moins sanglante certes, mais non moins hargneuse et passionnée que celle du xvi siècle. La coalition des radicaux et des socialistes qui devient majoritaire en 1878 et va, plus ou moins, le rester jusqu'à la guerre de 1914, inaugure une politique d'hostilité acharnée contre l'Eglise. Pour ses promoteurs, Gambetta, Jules Ferry, Jean Macé, Paul Bert, Charles Floquet, Gobelet, Brisson, Emile Combes, il s'agit de donner à la République, née de l'effondrement du Second Empire, un caractère anticlérical et laïque, c'est à- dire totalement libéré de la tutelle de l'Eglise comme de toute influenee religieuse. Une série de lois, successivement adoptées par la Chambre et le Sénat, vont réaliser ce plan.
une politique sectaire élaborée dans les Loges
On commence par vider le Conseíl supérieur de l'lnstruction publique des représentants de l'épiscopat, du clergé et de la magistrature qui en faisaient partie. On retire aux universités catholiques, instituées par la loi de 1875, le droit de délivrer des diplômes. Puis ce sont les religieux et les prêtres qui seront exclus de l'enseignement dans les écoles publiques, cependant que, par les décrets de 1880, les jésuites puis tous les membres des congrégations non autorisées, eudistes, dominicains, assomptionnistes, oratoriens, vont être expulsés de leurs propres colléges. Après l'école publique, ce sont les hôpitaux, comme les tribunaux et l'armée qui sont laïcisés par la disparition du cruciflx mais, souvent aussi, des aumôniers, voire des religieuses qui se consacraient au service des malades. Finalement, la plupart des congrégations religieuses seront dissoutes et leurs biens confisqués, cependant qu'en 1905, la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat refusée par le pape et les évêques permet à l'Etat laïc de s'approprier nombre de bâtiments ecclésiastiques qui servent encore aujourd'hui de casernes, de préfectures, de musées, de magasins ou de lycées. Or, toutes ces mesures d'expulsion, de spoliation et de laïcisation essentiellement dirigées contre l'Eglise catholique ont été inspirées, imposées et réalisées par des hommes qui, pour la plupart, appartenaient aux loges du Grand Orient ou de la Grande Loge de France. Il n'est pas contestable que la politique anticlérale et sectaire de la III République s'est élaborée dans ces loges. Un grand maître du Grand Orient, le F.'. C. Cousin, n'hésitait pas à déclarer, en conclusion du convent de1885 : - Il n'est pas une grande question religieuse, politique ou sociale dont nos ateliers n'aient préparé la solution. Et le F.'. Colfavru, en 1887, se plaisait à souligner : - Il ne faut pas oublier que nous sommes deux cents députés francs-maçons à la Chambre, que nous sommes l'ennemi du cléricalisme et celui que l'Eglise craint le plus (...) Notre influence est indiscutable (...). Nous sommes aujourd'hui les plus actifs alliés de la République radicale. En 1895, dans le ministére Léon Bourgeois, sur onze ministres, neuf sont francs- maçons et le Bulletin maçonnique tient à souligner que le présifient de la République (Félix Faure) et le président de la Chambre sont aussi francs-maçons. " Jamais un groupe si compact d'hommes ayant porté le tablier ne s'était trouvé au sommet. du pouvoir politique. " Les activités du Grand Orient, à cette époque, tendent donc á éliminer l'Eglise et les catholiques de la vie publique et, surtout, de l'éducation de la jeunesse. Comme le déclare un illustre maçon, Paul Bert, " l'enseignement religieux devient aisément et quasi fatalement l'école de l'imbécillité, l'école du fanatisme, l'école de l'antipatriotisme et de l'immoralité ". Pour les républicains qui adoptent ce point de vue, la lutte contre l'Eglise, le cléricalisme et les congrégations religieuses apparaît comme un devoir patriotique essentiel. Ils n'y ont pas manqué.
" synagogue de Satan "
Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que la Franc-Maçonnerie soit apparue au clergé et aux fidéles de cette époque comme le centre où s'ourdissait un vaste complot pour la destruction de l'Eglise et de la Religion. En Italie, le Grand Maître Lemi ne s'en cachait pas : " Le Grand Orient invoque le génie de l'humanité pour que tous les fréres travaillent de toutes leurs forces à disperser les pierres du Vatican pour construire avec elles le Temple de la Nation émancipée ". Ce n'est donc pas sans raison que le pape Léon XIII, alors même qu'il s'employait á détourner les catholiques et les évêques de France de toute opposition systématique à la République et à la Démocratie, se faisait un devoir de dénoncer les méfaits de la Franc-Maçonnerie et l'impossibilité pour un catholique de lui donner son adhésion. Dans l'Encyclique Humanum Genus du 20 avril 1884, Léon XIII renouvelait les condamnations portées par ses prédécesseurs, de Clément XII á Pie lX, mais précisait les motifs qui en justifiaient alors le maintien. Sous le couvert d'un secret garanti par de terribles menaces et grâce á l'aveugle obéissance exigée de ses membres, la Franc-Maçonnerie, disait il " s'emploie à détruire de fond en comble toute la discipline religieuse et sociale qui est née des institutions chrétiennes pour lui en substituer une nouvelle façonnée selon leur esprit et dont les fondements et les lois s'inspirent du naturalisme ". Les événements, en Italie comme en France, ne justifiaient que trop cette affirmation. Aux lois d'exception contre les congrégations religieuses et le clergé s'ajoutait une persévérante et sournoise entreprise d'épuration des cadres de l'administration, de l'instruction publique, de la magistrature et de l'armée. C'est dans ce climat de tracasseries, de vexations, d'expulsions, de confiscations des biens d'Eglise, de sécularisation et de laïcisation de tout ce qui, depuis des siécles, portait l'empreinte du christianisme et de la religion qu'il faut, pour les comprendre et, parfois, les excuser, lire tout ce qui s'est alors écrit contre la Franc-Maçonnerie, notamment dans la Croix, le Pélerin, la Libre Parole, l'Univers, et.c. Le titre donné par Mgr Meurin, archevêque de Port-Louis, á son livre : la Grand- Maçonnerie, synagogue de Satan (Paris, 1893), nous indique le ton de cette littérature.
"le complot judéo-maçonnique"
L'erreur et, parfois, la faute des catholiques et du clergé, fut alors d'avoir défendu leur juste cause par des moyens discutables et par des alliances qui les compromettaient, soit avec le parti des adversaires de la République, des nostalgiques de la Monarchie, soit avec l'antisémitisme virulent d'Edouard Drumont, de Rochefort, puis de Charles Maurras. Adoptant aveuglément les thèses de la France juive (1886), ils en conclurent que Judaïsme et Maçonnerie sont deux formules identiques, soit que la Maçonnerie se soit faite juive, soit que le Juif se soit fait franc-maçon. Cette confusion que ne justifie aucune démonstration objective entraînera une large part de l'opinion catholique dans le camp de ceux qui accablèrent le capitaine Dreyfus dont il est aujourd'hui bien démontré qu'il fut l'innocente victime d'injustes préventions uniquement fondées sur un sectaire parti pris d'antisémitisme. L'union sacrée réalisée entre les Français par la commune volonté de sauver la France engagée, en 1914, dans la première guerre mondiale, amena un apaisement et une rémission dans la lutte des Loges contre l'Eglise. Mais, dès 1922, on constate dans les convents maçonniques, de la Grande Loge de France comme du Grand Orient, la reprise des vieux thèmes anticléricaux : - Travaillons, tissons de nos mains alertes et agiles le suaire qui ensevelira, un jour, toutes les religions et nous continuerons ainsi à détruire, à travers le monde, le cléricalisme et la superstition qu'il engendre. MAÇONS ET CHRÉTIENS : UNE TREVE EN 1914 C'est ainsi qu'on parlait encore, en octobre 1922, au convent de la Grande Loge de France. Le succés électoral du Cartel des Gauches, en 1924, sera salué par les loges comme le triomphe de leur programme qui comporte alors la suppression de l'ambassade auprès du Vatican, rétablie au lendemain de la guerre, et la stricte application des lois laïques, celles notamment qui interdisent aux congrégations religieuses non autorisées de subsister en France et surtout d'y enseigner dans les écoles, même privées. Comment, dans ces conditións, peut-on envisager que l'Eglise modifie son attitude à l'égard de la Franc-Maçonnerie ? D'abord, il faut souligner que le Grand Orient, comme la Grande Loge de. France, ne représentent, au sein de la Franc-Maçonnerie mondiale, qu'une minorité répudiée par la majorité que la Grande Loge Unie d'Angleterre reconnaît régulière. '
" la religion ."dont tout chrétien convient "
Si l'on remonte aux origines de la tradition maçonnique on y tróúve les corporations médiévales de taílleurs de pierre, les bâtisseurs de cathédrales. Loin d'être irreligieuses on anticléricales, celles-ci faisaient á chacun de leurs membres un devoir d'être " loyal à Dieu et à la Sainte Eglise et de se garder de l'erreur et de l'hérésie ". Lorsqu'au xvi-e siècle, en Ecosse et en Angleterre, ces loges de maçons opératifs admirent des membres d'lionneur, les spéculatifs, ceux-ci, devenus les plus nombreux, auront á coeur de conserver les traditions du métier, les symboles et les rites initiatiques du Moyen Age. Telle fut la préoccupation des deux pasteurs de l'Eglise anglicane, Anderson et Désaguliers, auteurs, en 1723, des Constitutions qui demeurent la charte fondamentale de la Maçonnerie traditionnelle et régulière. On a vu plus haut cette version française des constitutions d'Anderson, telle qu'elle fut donnée à la Loge d'Aumont, rue de Buci, le 14 février 1737, par le Grand Maître Charles Radcliffe, comte de Derwenwater et catholique fervent, La Franc-Maçonnerie apparaît comme un centre d'union entre des hommes séparés par des dénominations confessionnelles opposées mais que rapprochait cependant une commune croyance en Dieu, celle " dont tout chrétien convient ", ll est permis de voir là un début du mouvement oecuménique qui tend au rapprochement des chrétiens séparés, voire de tous ceux qui sincèrement croient en Dieu,
"les limites de l'excommunication"
En tout cas, la Grande Loge Unie d'Angleterre et les loges avec lesquelles elle entretient des relations fraternelles sont toujours demeurées fidéles à ces principes traditionnels. Aujourd'hui comme hier, " la condition première pour être admïs comme membre de l'ordre maçonnique est la croyance á l'Etre Suprême. Ceci est essentiel et n'admet aucun compromis ". De plus " la Bible, considérée par les francs-maçons comme le volume de la Sainte Loi est toujours ouverte dans les Loges". (...) " Quiconque entre dans la Franc-Maçonnerie se voit, dès l'abord, strictement interdire toute action tendant á la subversion de la paix et du bon ordre de la société ". Chacun conserve le droit d'avoir ses propres opinions religieuses ou politiques mais " ni au sein d'une loge, ni en qualité de franc-maçon, il ne lui est permis de discuter ou soutenir ses vues personnelles sur des questions théologiques ou politiques". Comment, alors, expliquer l'orientation si différente adoptée par les loges françaises et italiennes ? C'est qu'á travers le xix-e siécle, en France et en Italie particuliérement, certains groupes d'action politique ont utilisé les loges pour y préparer les rèvolutions qu'ils jugeaient nécessaires. A partir de 1848, de plus en plus influents, ils ont entraïné le Grand Orient puis la Grande Loge dans; cette direction contraire à la tradition maintenue par la Grande Loge Unie d'Angleterre . Dés lors, les relations fraternelles entre le Grand Orient et la Grande Loge d'Angleterre ont été rompues. Depuis 1877, elles n'ont jamais été reprises. Par contre, depuis 1913, une obédience maçonnique s'est créée, la Grande Loge nationale française (65, boulevard Bineau, Neuilly), qui, fidèle aux principes fondamentaux maintenus par la Grande Loge d'Angleterre, est reconnue par elle et entretient avec les autres loges régulières des rapports fraternels. "Elle ne vise, par le travail des anciens rituels de l'ordre, qu'au perfectionnement moral et spirituel de ses membres et à la pratique d'une charité fraternelle active et vivifiante. Elle s'interdit tout ce qui pourrait être considéré comme une machination contre une Eglise ou les pouvoirs civils légitimes." Etant donné que les lois pénales de l'Eglise sont de stricte interprétation et qu'une excommuniation n'est encourue que " dans le cas où le délit est accompli selon les propres termes de la loi ", il semble évident qu'une obédience maçonnique qui, de par ses propres constitutions, s'interdit tout ce qui pourrait être considéré comme un complot contre l'Eglise ou les pouvoirs civils légitimes, ne peut être concernée par le canon 2335 qui frappe d'excommunication " ceux qui donnent leur adhésion á une secte maçonnique ou autre se livrant à des complots contre l'Eglise ou les pouvoi'rs civils légitimes ".
" une collaboration possible et souhaitable "
I1 semble aujourd'hui admis par les autorités compétentes que la Maçonnerie traditionnelle et réguliére telle que la conçoit, la pratique et la maintient la Grande Loge Unie d'Angleterre et toutes celles qu'elle reconnaît de par le monde, y compris la Grande Loge nationale française de Neuilly, présente un visage tout différent de celui que le Grand Orient de France a cru devoir adopter depuis près d'un siècle, En conséquence, les condamnations méritées par celui-ci ne concernent pas nécessairement celleslá. De plus, l'Eglise. telle qu'elle apparaît dans les Encycliques de Jean XXIII et les déclarations du concile Vatican II sur la paix, les religions non chrétiennes et la liberté religieuse, se révèle bien différentes de celle que le Grand Orient dénonçait comme l'ennemie des droits de l'homme et du progrès. Il est même arrivé qu'un prêtre, voire un évêque, soit invité á prendre la parole soit dans une loge à l'orient de Laval, soit à la Grande Loge de France (rue de Puteaux). Le Grand Orient d'ltalie qui, d'ailleurs, a repris des relations réguliéres avec la Grande Loge d'Angleterre, organisait récemment un dialogue public et courtois entre le Grand Maître Gamberini et le Padre Rosario Esposito. Ainsi passe-t-on des anathèmes et des améres polémiques d'hier à un dialogue qui pourrait rapprocher les uns et les autres dans une même volonté de construire un monde plus fraternel et plus juste. Plus d'un des cent cinquante francs-maçons qui m'accueillirent si cordialement dans la Loge de Laval, il y a déjà douze ans, m'ont, depuis, exprimé leur accord avec les directives de Paul VI comme de l'épiscopat français en vue d'associer les catholiques aux efforts des hommes de bonne volonté pour promouvoir ensemble, au profit de tous, les valeurs morales, la justice sociale, la paix et la liberté. Sur cette base, loyalement adoptée de part et d'autre, une collaboration semble possible et souhaitable. Ainsi, aux Etats Unis, les Chevaliers de Colomb, essentiellement catholiques, se concertent aujourd'hui avec les loges maçonniques pour réaliser ensemble des fondations humanitaires. Pourquoi pas en France, comme dejà, en Italie, on semble s'y disposer ? MICHEL RIOUET S.J.
Les Soers
La Franc-Maçonnerie est en principe masculine et pourtant, depuis deux siécles, il y a toujours eu des maçonnes. Sont-elles acceptées, ou bien ignorées par les FF;'. ? Les esclaves, les femmes, les gens immoraux ou déshonorés ne peuvent être admis, mais seulement les hommes de bonne réputation ". (Constitutions d'Anderson 1723.) En décrétant dés sa fondation qu'elle n'acceptera que les hommes libres et de bonnes moeurs, la Maçonnerie écarte les mercenaires, comme privés de liberté, les salariés dépendant d'un patron, les Juifs qui n'avaient pas encore conquis droit de cité, les comédiens et les artistes considérés comme n'étant pas de bonnes moeurs puisque l'accés de l'Eglise leur était interdit. Elle se doit également d'écarter les femmes que lois et coutumes maintiennent mineures et en subordination. Une apologie des francs-maçons, rimée par le frére Procope, un des maçons parisiens les plus á la mode au début du xviii-e siécle, exprime bien l'opinion des frères : Si le sexe est banni, qu'il n'en ait pas [d'alarmes Ce n'est point un outrage á la fidélité Maís je crains que l'amour entrant [avec les femmes Ne produise l'oubli de la fraternité.
frères Sentiment et soeurs Discrétion
Malgré cet antiféminisme officiel, en Grande-Bretagne et sur le continent, guildes et métiers admettent les femmes á la maîtrise. Parmi les précurseurs de la Maçonnerie mixte, il faut citer le Club de l'Entresol, fondé en 1724 par l'abbé Alary, et l'Ordre des Chevaliers et Nymphes de la Rose, qui posséde des " fréres Sentiment " et des " soeurs Discrétion ". Pour leur initiation, les novices déclarent qu'elles ont l'âge de plaire et d'aimer ; elles doivent alors parcourir le chemin des Noeuds de Fidélité et les Bosquets de Mystére, pour arriver au temple d'Amour, " enchaînées " par des guirlandes de fleurs. Le fameux Cagliostro est considéré comme l'inventeur de l'ordre Mixte. Il dit " s'être associé á Londres á la secte de la Haute Observance, qu'il y a même fait affilier sa feirtme et qu'on leur a délivré les patentes (:.). On donna à sa femme un ruban et une jarretière qu'on lui dit être l'enseigne de l'ordre et sur laquelle étaient brodés ces mots : Union, Silence, Vertu, et on lui ordonna de coucher la nuit suivante avec cette jarretière à la cuisse... " Pour admettre une femme au grade d' " apprentisse ", Lorenza, femme de Cagliostro, et grande maîtresse du rite, souffle sur la face de la récipiendaire, du front jusqu'au menton et dit : - - Je vous donne ce souffle pour faire germer et pénétrer dans votre coeur la vérité que nous possédons (...). Nous vous créons fille légitime de la véritable adoption égyptienne de la loge N..., nous vous donnons le plaisir d'être désormais et pour toujours franc-maçonne. Sous l'invocation d'lsis, elle initie en 1782 Mmes de Brienne, de Polignac, de Choiseul, d'Avrincourt, de Genlis. Les loges féminines prennent de plus en plus d'importance dans la seconde moitité du xviii-e siécle, Si bien que, le 18 juin 1774, le Grand Orient consent á régulariser cet état de fait. Des loges de femmes sont reconnues et enregistrées par l'obédience masculine sous la dénomination de loges d'adoption, " pour permettre á ce sexe charmant de participer à la charité et á la philosophie ". Rattachées à des ateliers masculins, elles ont pour mission LE ROI LOUIS XV S'OFFUSQUA OE L'EXISTENCE OE LOGES FÉMININE'S de réaliser fies ceuvres de bienfaisance. Mais leur activité est plus mondaine que philisophique.
loge Lesbos et loge Androgyne
Les dames de la Cour de France fréquentent assidûment les loges d'adoption, et, semble-t-il, Louis XVI s'en offusque. En fait, ce dont il se plaint, et le Grand Orient avec lui, c'est de la tendance de certaines loges de francs-maçons à admettre des soeurs d'adoption dans leur temple. En 1778, la Chambre de Paris du Grand Orient enquête sur les activités de la loge " les Neuf Soeurs ", coupable d'avoir voulu s'annexer une 1oge d'adoption et d'avoir reçu dans le temple, au cours d'une " tenue " funèbre, la marquise de Villette et Mme Denis, la niéce de Voltaire. Cette loge aura l'immense honneur de recevoir le grand philosophe au soir de sa longue existence. Elle groupe tous les intellectuels dont la réputation illustre la gloire de la France: Lalande, Maine de Biran, Condorcet, Greuze, Houdon... En 1779, le roi Louis XVI demande lui-même une sanction contre la loge " les Neuf Soeurs ". Elle est suspendue provisoirement pour avoir reçu une jeune fille dans son temple. La plupart des grandes dames dé la Cour et de l'aristocratie provincialé sont initiéés dans les années qui précédent la Révolution. Citons les princesses de sang, la duchesse dé Chartres et la duchésse de Bourbon qui présitle la logé d'adoption de Saint-Antoine, la marquise de Vergennes, les comtesses de Polignac, de Rochechouart, de Praslin, de Mailly, de Colbert, de Noailles, de La Tour du Pin, la vicomtésse de Choiseul-Meuse, etc. En 1786, la princesse de Lamballe devient Grande Maîtresse de toutes les loges écossaises féminines de France. Depuis 1775 elle est surintentiante de Marie-Antoinette, en remplacement de la maréchale de Mouchy que la reine déteste. Immédiatement, la princesse est accusée des pires turpitudes dans ses relations avec la reine. Il est vrai qu'á cette époque les amours saphiques tolérées prennent un caractére semi-officiel. On fonde, sans se cacher le moins du monde, ties sociétés de lesbiennes, prétentiues loges maçonniques pour tiames. Grimm cite le fait tians une lettre à Meister : " Il existe, dit-on, une société connue sous le nom de loge Lesbos... Lá on s'initie á tous les secrets dont Juvénal fait une description si franche et si naïve dans la xvi épître, " Il existe également une certaine loge Androgyne, dont l'actriee Françoise Rancourt est présidente. La duchesse de Villeroy, la marquise de Senecterre et plusieurs autres personnes bien nées s'y donnent rentiez-vous.
Sainte-Joséphine !
Mais la Maçonnerie féminine ne va pas résister aux terribles renversements de la Révolution. Disparues pendant la période de violence, les loges connaissent un développement remarquable sous l'Empiré. L'impératrice Joséphine, chargée par son époux d'être une des animatrices de la maçonnerie d'atioption, devient Grande Maîtresse de la loge d'adoption Sainte-Caroline, ' Elle participe notamment le 15 septembre 1805, à Strasbourg, à une tenue somptueuse donnée par la loge " les Francs Chevaliers de Paris ", qui réunit toutes les loges de Strasbourg. Au cours de cette tenue, présidée par la baronne de Dietrich, Grande Maîtresse titulaire en 1805, on voit admettre aux mystéres de l'initiation Mme de Canisy, dame d'honneur de l'impératrice. Cette derniére prononce quelques mots que la chronique du temps nous a ainsi transmis : Mes frères et mes soeurs, dit l'aimable compagne Du grand Napoléon, cet autre Charlemagne, Mon époux a di't vrai, l'exemple, les leçons, Des vertus, de l'honneur, viennent des francs-maçons. 'LES FEMMES ÉVIDEMMENT PRÉSENTES DANS LES FEUILLETONS DE TAXIL Une loge Sainte-Joséphine est créée à Paris et à Milan, puis en 1808 à Bourganeuf. Napoléon ne place pas les loges d'adoption sous le signe de l'émancipation féminine. Elles sont bonnes à ses yeux pour organiser des fêtes de bienfaisance et de charité et leur philosophie doit viser principalement à enseigner aux femmes la soumission à l'homme et les devoirs de l'obéissance. Pour leur initiation maçonnique, les femmes ont des thèmes différents des hommes, à savoir : la modestie, la cantieur, la discrétion, la fidélité, la chasteté. On leur enseigne également à ne pas empiéter sur lé domaine dé l'homme, Elles ne peuvent ni connaîtré ni utilisér le rituel masculin, les mots, signes et gestés de reconnaissance des maçons. Peu à peu, la Maçonnerie féminine s'éteint.
la première loge mixte
Il faut attendre la seconde moitié du xix-e siècle pour qué l'admission des femmés dans lés logés soit dé nouvéau envisagée, sans grand succés du réste. Elle est réguliérement repoussée à la majorité des voix, Léon Richer, Vénérable de la loge " Mars et les Arts ", décide alors de mener une campagne rationaliste en faveur des femmes, 1l fait appel à Maria Deraismes, connue par ses articles dans le Nain jaune et dans le National, et par ses nombreux pamphlets sur l'émancipation féminine. Trés bonne oratrice, elle voit aff1uer vers son salon toute la démocratie libérale. Le 11 juillet 1870, avec l'aide de Léon Richer et de la Ligtle pour le Droit des Femmes, elle préside le premier banquet féministe, auquel participent de nombreuses personnalités parlementaires libérales et radicales, ainsi que des femmes de toutes tendances, A cette occasion, Victor Hugo donne son adhésion au mouvement en s'écriant : " Une femme quï ne vote pas ne compte pas ! " Le 11 mai 1881, la loge " le Travail " de l'orient de Paris, soumet au Conseil de l'ordre une délibération favorable aux femmes. La loge " La Clémente Amitié ", puis " l'Ecole Mutuelle " et le " Temple des Familles " prennent également position pour l'entrée des femmes. Initiée irréguliérement par la loge du Pecq, le dimanche 14 février 1882, Maria Deraismes contribue trés activement à la création d'une franc-maçonnerie féminine. A la suite de deux réunions tenues le l-e juin 1892 et le 4 mars 1893 à son domicile du 14, rue Cardinet, quatorze femmes se réunissent dans un appartement au 45, rue de Sèvres, en présence du frère Martin. Maria Deraismes leur fait prêter serment et les déclare apprenties maçonnes. Mais ces initiations effectuées par des gens sans autorité qualifiée et en dehors de toutes cérémonies rituelles sont tenues pour nulles par tous les corps maçonniques réguliers. Avec le concours de Georges Martin, Maria Deraismes fonde, en janvier 1894, " le Droit Humain ", Grande Loge Symbolique Ecossaise, située à Paris, 5, rue Jules-Breton, dans l'immeuble que Georges Martin donne à l'ordre qu'il a fondé. C'est la première obédience mixte. Marius Lepage note au sujet du Droit Humain ; ~ Des femmes d'une intelligence remarquable y apportent leur adhésion, les travaux y sont conduits avec fermeté, trés souvent avec un esprit maçonnique que peuvent lui envier les obédiences masculines, Anne Becquet de Vienne, grande bourgeoise, admiratrice de Maria Deraismes, Marie Bonneviale, institutrice membre du parti socialiste, Louise Michel, initiéé à l'âge de quatre-vingts ans, sont au nombre de ces femmes remarquables, Quant aux logés d'adoption, disparués avéc l'Empiré, éllés résurgissént au début du xx siécle, sous l'impulsion dé la Grande Loge dé Francé.
les femmes demeurent en marge
En 1907, la logé " la Nouvellé Jérusalem " obtient dé la Grandé Logé de France l'autorisation dé créér une loge d'adoption, exemple qui est suivi par plusieurs autres ateliers du rite écossais. Souchées sur un atelier masculin, elles s'adonnent aux mêmes travaux : seul le rituel diffère. Mais lors dé son convent de 1935, la Grande Loge de France, constatant " le progrès du féminisme " et la valeur maçonnique des soeurs d'adoption, leur accorde leur autonomie obédientielle. Ce n'est pourtant qu'après la tourmente de la guerre qu'elle pourra se réaliser. En 1948, les loges d'adoption se regroupent au sein de " l'Union maçonnique féminine de France " qui décide de prendre le nom de " ,Grande Loge féminine de France ", au cours du convent de 1952. Elle siège au 71 bís, rue de la Condamine, à Paris. Il s'agit d'une obédience exclusivement féminine. Ses loges admettent les frères en visiteurs, mais les loges masculines ne leur rendent pas la politesse, Cependant, en 1969, le Grand Orient décide que les femmes appartenant à la Grande Loge féminine de France et au Droit Humain pourront désormais assisteraux " tenues " des loges masculines, Cette décision provoque de nombreux remous dans les obédiences. La.Grande Loge de France s'émeut et la Grande Logé nationale (Opéra) exprim.e sés craintés. Quant à la Grande Logé nationalé française du boulevard Bineau, elle n'en dit rién, Pour elle, il n'y a pas et il ne peut y avoir de maçonnes. De nos jours, la " franc-maçonnerie féminine " reste active dans le monde entier. Elle est particulièrement dynamique aux Etats-Unis, où " The Order of the Eastern Star ", créé en 1850, compte deux millions de membres, " White Shrine of Jerusalem ", fondé en 1895, en regroupe 1300 000. En Angleterre, il existe également une organisation pour les femmes intitulée : " Honorable Fraternity of Ancient Fremasonry. " Mais la Grande Loge d'Angleterre considère comme irrégulières et étrangères à l'ordre maçonnique toutes les obédiences qui transgréssent la règlé traditionnelle de l'excltlsion des fémmés, SYLVIA SZTRUZMAN