A La Gloire Du Grand Architecte De l' Univers 

Notre Site est en Reconstruction Maçonnique

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La Loge et l'Initiation: « L’Initiation s’est donné pour but de percer le mystère qui nous entoure : Mystère de la vie et de la mort. Mystère des forces qui sont en nous et autour de nous. Mystère des intelligences supérieures, des sources vivifiantes où s’abreuve l’âme des penseurs, des philosophes, des inspirés, mystère de notre évolution. »

C’est ainsi que “Le Kybalion” définit l’initiation. Pour y avoir accès, 3 conditions s’imposent :

1.      Le postulant doit en manifester le désir,

2.      L’initiation ne peut être conférée que par un rituel approprié fondé sur une symbolique-particulière,

3.      Le cadre où elle est dispensée doit relever de structures conformes à la Tradition.

La Franc-Maçonnerie constitue l’une des voies initiatiques occidentales. En tant que telle, elle s’avère nécessairement discrète et ne procède à son recrutement qu’avec une extrême prudence. L’expérience maçonnique n’entretient aucun rapport avec un apprentissage de nature scolaire : elle ne repose que sur le “vécu” de chacun de ses membres. Selon l’ancienne formule d’Aristote, il ne s’agit pas d’apprendre (au sens rationnel), mais d’éprouver. La Franc-Maçonnerie a divisé le cheminement initiatique en plusieurs grades qui sont autant de jalons de la quête individuelle de ses adhérents.  Dans la Loge ***, seuls ont accès à la qualité de membres des hommes probes et libres, civilement majeurs. La Loge est souveraine, comme toutes les Loges qui composent l’organe administratif faîtier auquel elle appartient.  Les membres de la Loge doivent participer à toutes les Tenues (c’est-à-dire aux réunions) qui se déroulent 2 fois par mois, de septembre à juin, à 19h30. La Franc-Maçonnerie en général et la Loge maçonnique en particulier n’offrent aucun avantage matériel à leurs membres. Ceux-ci sont libres de se retirer de l’association quand ils le désirent et sans avoir à en rendre compte à qui que ce soit.  La Loge travaille à la gloire du Grand Architecte de l’Univers mais n’exige de ses membres aucune appartenance à une Eglise. Elle est en outre totalement apolitique et ne traite que d’objets d’ordre initiatique.

La collectivité maçonnique. La collectivité maçonnique est un réseau d'hommes et de femmes qui désirent contribuer à l'émergence d'une humanité fraternelle soucieuse de préserver une certaine base de valeurs éthiques essentielles.  Confrérie initiatique dont le projet relève essentiellement de la spiritualité et de la recherche éthique, elle tend à rendre possible, pour chacun de ses membres, une évolution personnelle progressive tout au long de la vie, grâce à une méthode sans dogmes et sans contraintes.   Comme tous les courants spiritualistes, elle prône la primauté de l'Etre sur l'Avoir. Chaque Franc-Maçon est en route pour sa quête initiatique de sagesse, de valeur humaine et d'élévation spirituelle. Thème constant de la conscience, la quête spirituelle est une voie active et non passive, car l'initié essaie de se dépasser, durant toute sa vie, sur le plan de l'application des grands principes moraux. "Initié", parce que chaque jour il va tenter un nouveau commencement.   Chaque matin, il recommencera son apprentissage. Aujourd'hui, il se doit d'être plus avancé qu'hier, et demain il lui faudra être plus valable qu'aujourd'hui.

Initiation. La Franc-Maçonnerie a été définie comme une « institution d’initiation spirituelle au moyen de symboles » Ce caractère initiatique de l’institution maçonnique définissait déjà les Loges de Francs-Maçons Opératifs. Nous savons en effet qu’au moyen âge, après la réception au grade d’apprenti, avait lieu, au grade de compagnon, une initiation où étaient délivrés un certain nombre d’enseignements concernant la géométrie, l’art de bâtir, puis des « mots, signes et attouchements » qui permettaient aux maçons de se reconnaître, et enfin un enseignement ésotérique qui leur permettait de progresser dans leur recherche intellectuelle et spirituelle.

Il en est de même aujourd’hui dans les Loges où se réunissent les Francs-Maçons spéculatifs, si bien que l’on a pu dire, à juste titre, que seule, en Occident, la Franc-Maçonnerie avait su conserver et perpétuer la tradition initiatique. II est de fait que l’initiation est un moment important, certainement le moment le plus important de notre vie maçonnique. En effet, on ne naît pas Franc-Maçon, mais on est « fait » Franc-Maçon par l’initiation. On pourrait même ajouter que celui qui se ferait une idée claire de l’initiation maçonnique, se ferait une idée juste de la Franc-Maçonnerie, de son projet fondamental et de son essence profonde, de son éthique. Aussi convient-il de s’interroger, une fois encore, sur l’initiation, sur sa finalité, sa nature, ses modalités et sur la signification qu’elle peut revêtir pour l’homme de notre temps. « On entend en général, par initiation, un ensemble de rites et d’enseignements oraux, qui poursuit la modification radicale du statut social et religieux de l’homme à initier », a écrit Mircéa Eliade.  Et il ajoute d’une manière plus savante : « Philosophiquement, l’initiation équivaut à une modification ontologique du régime existentiel » (Naissances mystiques, éd. Gallimard). Ainsi l’initiation, le projet initiatique, est de provoquer une radicale et fondamentale modification de notre pensée et de notre être, de notre manière de penser et de notre manière de vivre. Il s’agit, comme le disent nos vieux rituels, « de passer des ténèbres à la lumière » et, par cette lumière qui nous illumine, de changer notre être et notre vie.  En effet, la finalité de l’initiation n’est pas seulement « théorique », mais pratique, disons « éthique ». Il ne s’agit pas seulement d’aller vers la lumière et de se reposer dans une vaine et stérile contemplation, mais par cette lumière de nous entraîner à une action plus efficace et plus juste. Souvenons-nous que le « Nous » (mot grec signifiant « esprit » ou « intelligence ») de Platon comme le « Logos » de Jean, ce n’est pas seulement l’Esprit qui nous illumine, mais c’est l’Esprit qui nous transforme (et qui nous transforme par cette illumination).  Ainsi le but essentiel de l’initiation maçonnique est de changer l’homme et c’est en ce sens qu’elle est éthique, car l'éthique, c’est ce qui veut essentiellement changer l’homme ; et ne confondons pas ici éthique avec moralisme et moralisation. En employant un autre langage, nous dirions que l’initiation veut nous faire passer de l’homme de la nature à l’homme de la culture, du vieil homme à l’homme nouveau.

Elle veut susciter une nouvelle naissance et la rendre possible.  Mais pour atteindre ce but, elle doit utiliser certains moyens, se soumettre à certaines conditions : La première condition, extrinsèque, de toute initiation aux « mystères de la Franc-Maçonnerie », est d’être un homme « né libre et de bonnes mœurs ». La deuxième condition, intrinsèque celle-là, est la mort symbolique du sujet à initier, comme le rappelle encore Eliade : « La majorité des épreuves initiatiques impliquent une mort rituelle, suivie d’une nouvelle naissance ». Celui qui aspire à la lumière doit d’abord, dans une première épreuve, se dépouiller de tout son passé, des préventions, des préjugés que la vie profane a pu accumuler en lui. Il doit mourir à ce qu’il était, redevenir en quelque sorte un enfant, un « enfant nu ». Mais cette remise en question, cette sorte d’autocritique radicale, ne sauraient se passer n’importe où et n’importe comment. Elles ne peuvent s’effectuer que dans un lieu séparé du monde et dans un temps autre que celui de tous les jours ; un espace et un temps séparés, secrets, non pas dans un quelconque édifice, mais dans un Temple, c’est-à-dire dans un espace et un temps sacrés, sacralisés par le Rite lui-même.  Cette initiation ne saurait également s’effectuer n’importe comment. Elle comporte une série d’épreuves (au « Rite Ecossais Ancien et Accepté » les épreuves de la terre, de l’air, de l’eau, et du feu) subies au cours de voyages symboliques. On voit par là que l’on ne saurait recevoir la Lumière, si d’abord on n’a pas su franchir certains obstacles, surmonter certaines épreuves, si ensuite on n’a pas suivi un itinéraire, ce qui implique l’idée du temps, celui-ci étant une condition nécessaire à l’épanouissement, à l’accomplissement du sujet à initier. Enfin, cet itinéraire ne peut être accompli qu’à la première personne, nous voulons dire que nul autre que nous-mêmes ne saurait l’accomplir. La recherche initiatique est une expérience personnelle dans laquelle on ne peut dissocier le pensé et le vécu, le conceptuel et l’existentiel. Et c’est parce que, en elle, ne peuvent être dissociés le pensé et le vécu, que toute initiation est au sens propre indicible, intraduisible.

La dire, la raconter, c’est toujours la dénaturer, c’est en trahir l’esprit.  Et c’est en ce sens que par définition toute initiation est secrète. Nous venons de dire qu’il n’y a pas d’initiation sans épreuves et sans voyages. N’est-ce pas affirmer que la maîtrise elle-même est l’aboutissement d’un long et difficile cheminement ? N’est-ce pas comprendre que l’homme n’est que dans la mesure où il se fait ? Or n’est-ce pas ce que veut nous montrer Goethe dans son roman Les années d’apprentissage de Wilhelm Meister dont le seul titre est déjà significatif ? Le héros de ce roman, Wilhelm Meister, dont on peut penser qu’il est Goethe lui-même, se cherche par des chemins obscurs, s’égare en de vaines poursuites, se perd même dans des routes sans issues, et comprend seulement à la fin qu’il a poursuivi des chimères et qu’ il ne peut se retrouver lui-même, et s’accomplir, qu’en retrouvant l’action et la vie réelle.   A la même époque et, semble-t-il, dans un même esprit où sans doute la pensée maçonnique n’était pas absente, le philosophe Hegel, dans son ouvrage La Phénoménologie de l’Esprit, décrit une sorte d’odyssée de la conscience, à la recherche de soi et du savoir absolu : cheminement long et difficile, marqué par des arrêts, des étapes, qui sont nécessaires à sa progression, ces arrêts et ces étapes étant des figures ou des moments de la vérité. Et peu à peu se dégage cette idée que « la vérité de l’esprit c’est son action », que la vérité de l’esprit c’est l’histoire de l’esprit lui-même en train de se faire et de se conquérir. Et Alain commentant Hegel peut écrire : « la pensée humaine doit se délivrer et ne le peut jamais sans peine », ajoutant : « ce qui fait l’esprit réel, c’est ce qu’il fait ». 

L’initiation maçonnique veut, elle aussi, nous délivrer, dégager en l’homme ce qui est esprit, mais elle ne peut le faire qu’en le confrontant à des obstacles et à des épreuves, selon un long et difficile chemin. Veut-elle, peut-elle, comme l’écrivait naguère René Guénon, permettre à l’homme « de dépasser les possibilités de l’état humain, de rendre effectivement possible les états supérieurs, de construire l’être au-delà de tout état conditionné quel qu’il soit » (Aperçus sur l’initiation, Ed. Dervy) ? Peut-être, pour quelques rares privilégiés.  Plus modestement, nous dirions que le projet de l’initiation maçonnique est de permettre à tout homme de devenir un « autre homme », un homme véritable, c’est-à-dire de découvrir en lui ce qui est sagesse, force et beauté, de découvrir sa propre spiritualité, ce qui en lui est amour et vérité. Cependant, nous ajouterions, tout de suite, que l’homme, tout homme, ne peut devenir un homme véritable, s’il ne veut se dépasser dans une recherche, une action et une œuvre qui sont à la fois la condition et la raison d’être de ce dépassement. Il s’agit, une fois encore, de savoir découvrir notre dimension « verticale » ou spirituelle, et de vouloir l’accomplir et la réaliser.  Nous disions que l’initiation n’a de sens que parce qu’elle nous permet d’appréhender une certaine idée de notre être et de la vérité qui le constitue, et qu’elle n’a de valeur que parce qu’elle est une découverte, liée à une démarche elle-même vécue, nous dirons existentielle. En ce sens, on pourrait semble-t-il la rapprocher de la connaissance ou de l’expérience poétique. Paul Valéry écrit que : « l’émotion poétique consiste dans une perception naissante, dans une tendance à voir le monde autrement ».  L’initiation comme la poésie est une manière originale et spécifique de percevoir et d’appréhender l’univers et les hommes comme nous-mêmes, autrement. Et Marcel Proust ne parle pas différemment : n’écrit-il pas, lui aussi, dans « A la Recherche du Temps Perdu » : « Le seul véritable voyage, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux ».   La vocation profonde de l’initiation maçonnique est aussi de nous apprendre à voir « autrement », de nous donner « d’autres yeux », de nous donner un autre regard sur l’Univers des choses et des êtres.

Ce nouveau regard, qui constitue une conversion de notre âme tout entière, doit entraîner la mutation radicale de notre être profond et doit changer notre vie. Mais là encore, sachons rester lucides et sachons « raison garder ». Souvenons-nous que l’étymologie nous enseigne que le mot initiation veut dire « entrée », « commencement ». René Guénon lui-même distingue « l’initiation virtuelle » de « l’initiation réelle », expliquant par la suite que « entrer dans la voie, c’est l’initiation virtuelle », « et suivre la voie, c’est l’initiation réelle ». Souvenons-nous aussi qu’il y a des degrés dans toute initiation, comme l’enseignait déjà à Socrate, il y a vingt-cinq siècles, Diotime de Mantinée.

Souvenons-nous aussi que l’on ne devient pas compagnon, maître, en un jour, sans patience et sans travail. La Loge maçonnique veut donner à l’homme d’aujourd’hui, comme elle a donné à celui d’hier, les outils symboliques qui lui permettront de se retrouver dans sa vérité et de se conquérir dans sa liberté. L’initiation maçonnique nous permettra d’entrer dans la voie.   Mais c’est à nous seul qu’il appartient de « suivre la voie », à nous seul qu’il appartient par notre effort et notre patience, notre intelligence et notre volonté, de passer de l’initiation « virtuelle » à l’initiation « réelle », de transformer une promesse en une réalité, une espérance en une certitude, un chemin de connaissance en un chemin de vie.

Franc-Maçonnerie. Institution philanthropique et société de pensée, la franc-maçonnerie (ou maçonnerie) est une association dont les membres se recrutent par cooptation, selon des rites initiatiques.  Elle se fixe pour but de réunir en son sein les « hommes libres et de bonnes mœurs » qui veulent travailler à l’amélioration matérielle et morale ainsi qu’au perfectionnement intellectuel et social de l’humanité.  Elle se veut universelle : les vicissitudes de son histoire l’ont pourtant divisée en de multiples obédiences. La discrétion dont elle entoure ses activités et qu’elle impose à ses membres n’en fait pas, pour autant, une société secrète : elle se manifeste souvent publiquement et ses « secrets » ont été depuis longtemps révélés au monde profane par d’innombrables ouvrages. Il est vrai que cette abondante littérature, souvent polémique et mal informée, ne facilite pas toujours la compréhension des réalités maçonniques, et laisse subsister, dans l’esprit du grand public, sur la nature de l’Ordre et sur l’idéal des francs-maçons, bien des incertitudes et bien des préjugés tenaces.

Tolérance et fraternité ?... Introduction constatatoire. L’objet de cette réflexion est de se pencher sur deux notions qui semblent pratiquement constitutives de la franc-maçonnerie, au point que certains esprits n’hésitent pas à en faire des sortes de "propriétés intellectuelles" de notre Ordre, les plaçant au cœur d’une phraséologie mielleuse dont des chercheurs de lumière donc aussi, suivant l'étymologie lux, de lucidité   gagneraient beaucoup à s’affranchir. Pourtant il vaut la peine, plutôt que d’entonner le couplet rassurant de ce qu’il faut bien appeler la "langue de bois" maçonnique, de tenter d’approfondir ces deux notions. Car la fraternité est bien plus que le fait d’être "gentil" avec tout le monde et en particulier avec ses Frères et/ou ses Sœurs, sous prétexte de ne pas leur faire de peine ; de les caresser dans les sens du poil afin de ne surtout pas interrompre le doux ronronnement qui n’est pas toujours absent de nos Loges. Quant à la tolérance, elle est aux antipodes de la tendance à tout entendre et tout laisser dire, des plus vaines âneries aux plus ineptes approximations. La méthode, une fois de plus, consiste à tenter de revenir à l’essentiel des choses, à l’élémentaire au sens propre du terme. Alors, ces deux notions vont pouvoir révéler ce qu’elles sont, à celui qui, comme Rabelais le préconise, osent rompre l’os pour en déguster la "substantifique moelle".

Un "discours de la méthode" Outre l’occasion de partager des agapes plus ou moins abondantes et souvent bien arrosées, le tout émaillé de propos dont la hauteur de vue forcerait l’admiration de bien des commentateurs sportifs, la franc-maçonnerie est aussi une voie initiatique ésotérique. C’est-à-dire qu’elle propose un instrumenta qui doit nous permettre à la fois de nous transmuter et d’aller au-delà des apparences. L’ésotérisme, en effet, s’oppose à l’ésotérisme en ce sens que non seulement il ne s’adresse pas à tous, mais constitue encore une démarche intérieure, qui nous appelle notamment à aller plus loin que ce qui tombe sous les sens, afin de mettre en évidence la dimension cachée de ce sur quoi se pose notre regard.   En outre, ce qui fait la spécificité de la voie maçonnique est l’utilisation des symboles, dont une bonne approche est constituée, à mon sens, par la définition issue de l’étymologie (on se souvient que le terme, originellement en Grèce antique, désigne les deux parties d’un tesson, partagé en signe d’alliance) : "quelque chose de visible qui conduit à quelque chose d’invisible."

Ainsi que nous y encourage le rituel, qui nous rappelle que " tout est symbole", nous allons donc tenter de considérer les deux notions de " fraternité" et de " tolérance" comme des symboles, dont il conviendra d’essayer de mettre en lumière la partie cachée, ou à tout le moins peu évidente, ce vers quoi ils conduisent, et dont nous savons que le langage est impuissant à rendre compte dans sa totalité. En conclusion, nous tenterons de tirer quelques conséquences des constatations que nous aurons faites.

La Tolérance. Une étude passionnée du moyen-âge nous a conduit à nous intéresser de près à un texte riche de nombreux symboles : La Quête du Graal. Les non médiévistes apprendront sans dopute avec plaisir qu'il est disponible en français moderne, dans l'excellente traduction d’Albert Béguin et Yves Bonnefoy, aux éditions du Seuil, dans la collection "Points Sagesses". Allons au commencement de la Quête : les "compagnons" de la Table Ronde (notez le terme, c’est celui du texte) sont réunis à Camaalot le jour de la Pentecôte, qui est, premier signe, la commémoration de la descente de l’Esprit-Saint sur les apôtres.   Au cours du repas, le Graal apparaît et passe devant chacun, lui servant exactement les mets qu’il désire. Alors, le bouillant Gauvain fait le serment d’entrer en Quête un an et un jour, jusqu'à ce qu’il ait retrouvé le Graal et éclairci son mystère.

Naturellement, les autres Chevaliers, ne voulant passer pour des couards, s’empressent de prêter eux aussi le même serment.  Comme le Vénérable accompagne un Frère hors de la Loge de certaine cérémonie, le Roi chemine alors avec les compagnons jusqu'à l’orée d’une forêt : Puis ils se séparèrent, le Roi s’en alla vers Camaalot, et les compagnons entrèrent dans la forêt. Et ils chevauchèrent tant qu’ils parvinrent au castel de Vagan. Ce Vagan était un prud’homme de bonne vie, qui avait été un des bons chevaliers du monde tant que dura sa jeunesse. Lorsqu’il vit les compagnons passer dans les rues de son castel, il fit fermer toutes les portes et dit que, puisque Dieu lui avait fait l’honneur de les mettre en son pouvoir, ils ne s’en iraient pas avant qu’il les eût comblés de tout ce qu’il avait. Il les retint de force, les fit désarmer et les dota de tant d’honneurs et de richesses qu’ils se demandaient d’où il pouvait tenir tout cela. Cette nuit-là, ils se consultèrent sur ce qu’il leur convenait de faire. Ils résolurent de se séparer et de suivre chacun son chemin, parce qu’on leur ferait honte s’ils allaient tous ensemble. Au matin, sitôt que le jour parut, les compagnons se levèrent, prirent leurs armes, et allèrent ouïr la messe dans une chapelle.

Puis ils montèrent à cheval, recommandèrent à Dieu le seigneur de céans, et le remercièrent de l’honneur qu’il leur avait fait. Ils quittèrent alors le castel et se séparèrent comme ils l’avaient décidé, puis se dispersèrent dans la forêt, pénétrant là où elle était la plus épaisse, sans chemin ni sentier. Au moment de cette séparation, on vit pleurer ceux qui croyaient avoir le cœur dur et orgueilleux. Ce court passage, riche de symboles comme tout le livre d’ailleurs apporte à la conception que l’on peut se faire de la tolérance un éclairage nouveau. Il en ressort, à notre sens, que la tolérance consiste uniquement à accepter que ceux qui sont, comme nous, en quête de leur Graal, poursuivent une voie aussi valable que la notre, quelle que soit la direction qu’ils empruntent, car la même quête de la Lumière nous unit… pour autant que nous cherchions tous la lumière… Ce qui permet aussi aux compagnons de la quête de se séparer sans dommage est le fait que tous sont unis, vivifiés par la même Tradition : ils ont tous "ouï la messe".

 Cela nous semble fixer avec clarté le cadre où s’exerce la tolérance, et en marque assez bien les limites : la tolérance semble se jouer dans un double mouvement : d’une part dans l’origine commune et le partage des mêmes sources ;  d’autre part dans la quête d’un but commun lui aussi, mais que chacun cherche à sa propre manière. Notons enfin, pour stimuler l’esprit d’aventure qui devrait animer les initiés, que chaque compagnon pénètre dans la forêt "là où elle était la plus épaisse, sans chemin ni sentier." Il s’agit, bien entendu, du point d’entrée dans la quête, car plusieurs chevaliers seront amenés à se rencontrer au cours de l’aventure. Mais l’injonction est claire d’avoir à sortir des sentiers battus, du train-train rassurant du connu, pour oser affronter les profondeurs du mystère…  Mais la maçonnerie étant "un sport individuel qui se pratique en équipe", il convient maintenant d’explorer le second point, la fraternité.

La Fraternité L’une des images qui nous a le plus frappé dans l'un des ouvrages qu’ Oswald Wirth a consacrés à notre Ordre, fut l’ouroboros entourant la devise grecque "en to pan", que l’on peut traduire littéralement  le verbe être est implicite dans les propositions prédicatives par "le tout est un".  Si l’initiation est une voie qui doit nous permettre de nous transmuter, lorsque nous prenons conscience intérieurement de cette unité profonde du réel dont la science moderne montre assez le processus dans le plan de la matière, nous savons alors que nous sommes reliés essentiellement à tout ce qui est.  Dès lors, comment ne pas voir se modifier de l’intérieur, petit à petit et à la mesure de l’intériorisation de cette prise de conscience, notre manière d’être au monde et, partant, nos relations avec autrui, comme avec tout ce qui est. L’extérieur en devient non plus "l’autre", l’ennemi potentiel, mais une modalité de ce qui est, une part du Tout dons nous sommes aussi partie. Alors, une fraternité profonde, ce que les bouddhistes appellent "compassion", marquera de plus en plus toute notre vie de son sceau. Ce ne sera plus un code comportemental exotérique qui guidera nos actions, mais ces dernières deviendront l’expression d’une conscience, d’une intériorité. Nous serons en marche, véritablement, dans une voie ésotérique. Ethique et toc maçonnique… Comment alors tout cela se joue-t-il, sachant que toute philosophie qui n’engendre pas une éthique est vaine ? Comment, à la lumière de ce qui précède, peut-on tenter de penser une éthique maçonnique ?

Ce qui fonde le rapport au monde, la manière de vivre de celui que Kierkegaard appelait "l'homme éthique", repose sur une échelle des valeurs établie à partir d'une conception de l'homme, de l'homme dans le monde, et de la conscience que nous avons de cette conception. Cette échelle sert à évaluer les responsabilités, la qualité des choix et des assentiments, à déterminer ce qui est bien, ce qui l'est plus ou moins, ou ce qui ne l'est pas. Mais cette évaluation va au-delà du référentiel binaire bien/mal, qui constitue l'étape nécessaire pour prendre conscience des directions générales, mais doit être dépassé, dans la pratique, au profit de la vie, qui est plus complexe et infiniment plus riche.  Il ne s'agit évidemment pas de se construire une morale à "géométrie variable" capable d'excuser sans frémir toutes les lâchetés et tous les crimes, mais de découvrir un instrument de conduite qui tienne compte au maximum des données du réel. 

En effet, si l'homme a goûté du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, ceux-ci restent pour lui des idéaux inaccessibles, comme le montre clairement le symbole oriental du Taï-Chi ou, plus près de nous, le damier de nos jeux d'échec.  La vie réelle, en incessante transformation, se joue plutôt selon des tendances, des lignes de force, que sur une casuistique, à terme forcément réductrice et pharisaïque : c'est la direction de l'ensemble qui est importante, pas celle des accidents, qui peut varier avec le temps et les circonstances. Si l'instrument d'évaluation éthique – l'échelle des valeurs – est inadapté ou trop limité, il devient une asphyxie de l'âme au lieu d'être la voie de sa libération. Quant à ceux qui se sentent responsables du moindre tremblement de terre et de toute la misère du monde, ils n'ont pas besoin des autres, n'en déplaise à Sartre, pour se fabriquer un enfer tout-à-fait présentable !   La validité de l'éthique dépend donc de la cohérence de l'échelle des valeurs avec le réel.

Si elle est fondée au plus près de ce qui est vrai et ressenti comme tel, elle s'imposera sans réticences. C'est du moins ainsi que nous le ressentons, comme chercheur de vérité et de lumière, c'est-à-dire, nous l'avons dit, de lucidité. Que l'on pense à la belle phrase de Roger Peyrefitte, qui dit des Maçons qu'ils s’efforcent de "(…) [voir] les choses telles qu'elles sont, tout en travaillant à les rendre telles qu'elles devraient être."  Seule cette lucidité peut faire de nous des êtres humains libres et de bonnes mœurs, assumant activement nos responsabilités au sein d'un monde que nous comprenons et acceptons, ayant su lucidement y déterminer notre place et notre rôle, nos moyens et nos manques.

Responsabilité… arrêtons-nous un instant, avec Annick de Souzenelle, sur ce dernier terme, pivot de l'éthique, dont l'échelle des valeurs est le moyen. Laissons-le se révéler.

Il contient deux sens cachés : res-ponsa que l'on peut rendre par "quelque chose qui a du poids, du prix, de l'importance", et res-ponsa qui est "ce que l'on épouse, ce à quoi l'on est uni par amour". 

Au cœur de la responsabilité, il y a donc le prix et l'amour, la valeur et la joie.  C'est à un rapport à la Création riche de ces qualités que conduit une échelle des valeurs harmonieuse et cohérente avec le réel. On peut à ce propos distinguer deux grands types d'échelles des valeurs, qui permettent de démystifier tout malentendu quant aux valeurs que nous défendons :D'abord, il y a celles qui sont proposées toutes faites par les "écoles" de pensée et les dogmatismes de tous ordres. Destinées à s'imposer du dehors, par la coercition ou par toute forme plus ou moins voilée et inconsciente d'auto-hypnose ; ces échelles sont l'antithèse de la liberté initiatique.

Elles sont le domaine du "Il faut faire ceci ! Il ne faut pas faire cela !", le biotope des moralistes de tout poil, qu'ils se réclament de Marx ou de Calvin, de Freud, de Jean-Paul II ou, sans doute les pires, d'Anderson et même du Grand Architecte ! On trouve ce type d'échelles à la base des idéologies de masse, au fondement du monde totalitaire et absurde du fanatisme, comme de la société triste et hypocrite de sa forme larvée, la "morale" des paranoïaques "bien pensants" qui se font croire qu'ils ont tout compris d'un "bonheur" de l'humanité né de leurs fantasmes.  

C'est le prétexte de ceux qui préfèrent imposer à tous leurs rêves et leurs angoisses, plutôt que d'oser porter sur leur propre réalité un regard vivant, afin d'affronter lucidement la bête tapie en eux et qu'ils nourrissent de leur propre peur. Ils sont à l'éthique ce que sont des bidonvilles à une Cathédrale, et, comme dit le poète, "au Dalaï-Lama ce que le bonsaï est au séquoia…"

Analogiquement, ce type renvoie à l'un des deux genres qui ont "réussi" sur la Terre : les invertébrés, dont la caractéristique principale est un squelette externe…A l’inverse, il y a ensuite les échelles que l'on se forge, ou que l'on trace, à l'aide d'outils symboliques et d'expérience. Poursuivant l'analogie, il s'agit de devenir des vertébrés, en construisant notre ossature éthique, fondée sur une colonne de… 33 vertèbres !

C'est la voie qui fait de nous des hommes libres et de bonnes mœurs, conscients de ce que nous sommes et de la place que nous avons à tenir dans le cosmos ; la seule voie aussi qui nous soit offerte d'y changer quelque chose, en nous changeant nous-mêmes, par la transmutation de la conscience qu’induit le processus initiatique.

C'est un peu l'échelle de Jacob qui nous mènera, nous et le monde, de ce que nous sommes à ce que nous pouvons être.  L'enjeu essentiel, ce qui, finalement, fait de nous des hommes libres et de bonnes mœurs, ce qui nous permet aussi bien de vivre une tolérance active que d’éprouver un rapport au monde et aux autres plus fraternel, est donc bel et bien notre Conscience, analogue au fil du Fil à plomb qui unit dans nos Loges la Voûte Étoilée au Poids de la manifestation, Perpendiculaire symbolisant l'Axis Mundi autour duquel nous voulons construire notre Temple intérieur.

Cette Conscience vit un incessant devenir : de la part de lumière qui brille en chacun, de nos faiblesses et de la vanité de nos jugements, d'avoir enfin à nous intégrer lucidement, volontairement et harmonieusement, c'est-à-dire par Sagesse, Force et Beauté, dans l'humanité, dans notre humanité, dans le Cosmos et, idéalement, dans l’un qui est le Tout.

La tolérance des compagnons de la Quête en est la condition d’existence, comme la fraternité vécue en est une conséquence normale… même si, comme l'ouvrier qui compare les mesures de son travail avec celles du plan, nous savons que la lueur qui nous guide est celle de "l'inaccessible Étoile" que chantait notre Frère Jacques Brel…