Maçonnieke encyclopedie-H.

De Maconnieke Encyclopedie zoekt


Een ogenblik !


DE LA REVOLUTION A VICHY
Philippe Egalité Grand Maître
les Loges ont contribué au climat
les ambitions du duc d'orléans
Choderlos de Laclos âme du complot '
Marie-Antoinette :" on y mange, on y parle, on y boit .
le Grand Maître vote la mort
aprés le roi, il ren le la F.'.M..'.
LE DIVIN CAGLIOSTRO
"tu te souviens, le soir où on crucifia Jésus ?... .
enthousiasme et méfiance
mort naturelle ou assassinat ?
ARISTOCRATES EN DÉTRESSE








De la revolution a Vichy Philippe Egalité Grand Maître
Connaissant l'origine et la vocation de la Franc-Maçonner le moderne disposant de données élémentaires sur l'initiation et le symbolisme maçonniques, nous pouvons nous attacher à évoquer le comportement et les vicissitudes de la maçonner le française depuis deux siécles. Mise en sommeil par la loi en 1766, la Grande Loge de France se réveilla en 1771, et se donna pour Grand Maître Louis Philippe d'orléans, duc de Chartres, ll chargea une commissíon, dont le rapporteur fut le docteur Guillotin, de remettre de l'ordre... dans l'ordre. De là naquit, en juin 1773, le Grand Or lent de France qui se voulut désormais l'uníque obéd lence.
Mais son autorité était contestée par des fréres qui reconstituérent la Grande Loge, Le duc de Chartres tenta vainement de réunir sur sa tête les deux maîtrises. Les effectifs de la Franc-Maçonner le française ne Cessérent de croitre et atteignirent 70.000 à la veille de la Révolution. En furent-ils, comme on le prétend, les apprentis-sorc lers ?
C 'est une légende qui a la v le dure! Nous avons eu plus de guillotinés que de guillotineurs!.., " m'a déclaré un professeur d'Histoire, occupant un haut grade dans une obéd lence.
C'est ce que disent souvent les FF.'. quand on accuse la Franc-Maçonner le d'avoir fomenté la Révolution. Et iI est vrai que le comte d'Artois, Math leu de Montmorency, le duc du Luxembourg, tous maçons, furent de la premiére fournée d'émigrés.
Force est pourtant de constater que si peu de maçons éta lent révolutionnaires, un grand nombre de révolutionnaires, et non des moindres, éta lent maçons, Certaines obéd lences, d'ailleurs, ont revendiqué comme un honneur - après 1830, iI est vrai, c'est-à-dire quand la Révolution commença à être parée de vertus - la contribution apportée par les maçons, En 1889, pour le centenaire de la Révolution, le frére L. Amiable, Vénérable de la Loge " la Marseillaise " du Grand 0r lent de France, écrivait : "En ce jour où la nation célèbre, et avec elle tous les peuples, le centenaire de la Révolution, Il est juste de rappeler la part prise par les francs-maçons au plus grand événement des temps modernes."
Le 17 novembre 1949, au cours d'une conférence rue Cadet (siège du Grand Or lent) sur le rôle historique de la Franc-Maçonner le française, l'orateur s'écriait : " C'est à l'audace des francs-Maçons, en même temps qu'à leur perspicacité que la Révolution dut de ne pas avorter.
Èt Corbin de Ponbriand déclarait, á Rennes, à la loge de " la Parfaite Union ". :" C'est de nos temples et ile ceux élevés á la s~inte philosoph le que sont part les les premières étincelles du feu sacré qui a embrasé les coeurs de tous les citoyens. "

les Loges ont contribué au climat
En toute ob lectivité, il ressort que la F.'. M.'. ne fut pas á proprement parler l'inspiratrice d'une révolution, que personne d'~illeurs n'imaginait. Mais les idéaux maçonniques, les doctrines philosophiques en cours dans les loges dans les années précédant la tourmente, les habitudes de discussion en commun de leurs membres, contribuèrent à la maturation .de principes qui serviront la Révolution. A l'époque, la Franc-maçonner le compte en son sein une bonne part le de l'élite intellectuelle de la nation. Parmi ses membres figurent des hommes venus de tous les horizons ; l'éminent mathématic len Condorcet ; Montesqu leu, auteur de " I'Esprit des lois " ; La Fayette, qui guerroya pour l'indépendance des Etats- Unis ; le 'chimiste Lavois ler ; l'abbé S leyès; Mirabeau, Choderlos de Laclos, auteur des " Liaisons dangereuses ".
Ils ont pour chef d'orchestre Philippe d'Orléans, prem ler prince du sang, propre cousin du roi, qui prodigue sa fortune á entretenir une meute de pamphlétaires, d'émeut lers et d'espions.
Au sein tle certaines loges, on discute beaucoup plus de politique que d'initiation, et l'esprit qui règne contribue pour une large part à créer un .climat de " contestation ".
Entre les divers opposants au régime, grands seigneurs, parlementaires, financ lers, bourgeois, libéraux, aux intérêts disparates, un seul point commun ; leur appartenance à la Franc-Maçonnerie.
Ils ont, c'est indéniable, favorisé la diffusion des idées de fraternité universelle et de liberté. Les loges fonctionna lent selon un système électif, comme des assemblées parlementaires. Nobles, ecclésiastiques et gens du peuple étaient assis sur les mêmes bancs.
Fortement imprégnés des idées répandues par Voltaire et Rousseau, certains maçons du XVII le siècle favorisèrent l'entente des trois ordres et donnèrent son armature idéologique au mouvement révolutionnaire, sans pour cela être opposés au principe monarchique que, jusqu'en 1791, peu de personnes contestérent. L'exemple marquant est représenté par les cah lers de doléances qui surgiront comme par enchantement des loges, lorsque Louis XVI, sous la pression de son entourage, oú les maçons éta lent nombreux, prit la décision tle convoquer les états généraux.
Des cah lers, fort b len rédigés, utilisant un langage famil ler aux maçons, recommandent, entre autres revendicatiops, que la future Constitution de la nation française soit précédée d'une "déclaration des droits de l'homme et du citoyen."
les ambitions du duc d'orléans
Cependant, dés l'ouverture des états généraux, noblesse, clergé et t lers état entrent en conflit lorsqu'il s'agit de déterminer le mode de serutin qui sera atlopté. Si l'on vote "par ordre", comme le préconise la noblesse, le t lers état ne disposera que d'une voix sur trois. Par contre, si le vote " par tête " l'emporte, le t lers aura un avantage incontestable, par le nombre de députés qui le représentent. Le mot d'ordre lancé par l'abbé S leyès, qui était maçon, est symptomatique : " Qu'est-ce que le t lers état ? R len !.Que devrait-il être ?... Tout1... "
Dans cette bataille de procédure, le " Club breton ", qui dev lendra par la suite " Club des Jacobins ", méne la lutte.
Ce qui fit dire á de nombreux auteurs, notamment Auguste Cochin, que ce furent les loges bretonnes qui engendrérent la Révolution.
L'affirmation est su lette á caution.
Néanmoins, il est exact que sur quarantequatre députés représentant cette région, vingt-neuf éta lent maçons, Mais un seul d'entre eux, Chaumont, votera la mort du roi,
L'accrochage fut vif, au sein même des loges, entre les tenants du vote par tête et ceux du vote par ordre. C'est alors que Philippe d'0rléans, Grand Maître du Grand Or lent de France de-puis 1771, laissant percer ses ambitions, s'opposa á son adioint, le duc de Luxembourg, véritable animateur de la maçonner le française. Le chef théorique ile la noblesse française préconisa ouvertement le vote par tête. Comment le prem ler prince du sang, propre cousin de Louis XVI, en arriva-t-il à prendre cette position ?
Certains histor lens ont prétendu qu'il fallait voir dans cet acte la haute idée qu'avait Philippe d'Orléans de la démocratie,
Lorsqu'on suit la carriére du futur Philippe Egalité, poussé par son âme damnée, le Frére Choderlos de Laclos, il est plus logique de penser que son but réel était de faire pièce à son cousin, dont il ambitionnait de prendre la place.
Pour le moins, il désirait jouer un rôle important tlans les événements qui se prépara lent, en imposant, par exemple, une monarchie constitutionnelle.
Choderlos de Laclos âme du complot
Timoré, inconstant, possédant, à défaut d'intelligence, beaucoup d'ambition, le duc est par tradition, comme souvent les Orléanistes, dans l'opposition. Et iI est indéniable qu'il fut le " jouet " de cette fraction de la noblesse qui, á la veille de la Révolution, travaillait à la chute du régime, ne s'apercevant pas qu'elle était en train de sc ler la branche sur laquelle elle était assise !
Président il'une section de l'assemblée des notables, jouisseur comme ses aïeux, peu courageux, Philippe préférait la chasse et la compagn le des femmes aux débats de l'assemblée. Et c'est presque à son corps défendant qu'il avait accepté la direction du Grand Or lent de France. II est vrai qu'on avait pris soin de placer á ses côtés un substitut : le duc de Luxembourg. Philippe d'Orléans ne sera lamais, en fait, qu'une enseigne, une façade qui permettra d'éviter les ennuis auxquels éta lent en butte les maçons de la part de la police et de l'Èglise.
Dés lors, Choderlos de Laclos n'aura de cesse qu'il n'ait obligé le futur Philippe Egalité à prendre la tête de l'action politique qui se dessine.
Secrétaire des commandements du duc, l'auteur des "Liaisons dangereuses" dev lent l'âme du complot orléaniste.
Aveuglé par la haine qu'il porte au couple royal, Philippe ne se rend pas exactement compte qu'il creuse la tombe du régime dont il est censé être le défenseur.
Acclamé par la foule qui l'a surnommé " le pére du peuple ", le duc d'Orléans est b len près de réussir dans son entreprise, Les loges envisagent en effet, pendant un temps, de le porter au pouvoir, soit en qualité de l leutenant général du royaume, soit de roi " élu ".
Mirabeau fera d'ailleurs cette déclaration significative :
- S'iI nous faut un mannequin, autant ce c...-là qu'un autre ! C'est un eunuque qui a toujours le désir sans la puissance...
Marie-Antoinette :" on y mange, on y parle, on y boit .
A la veille du 14 juillet 1789, plus de six cents loges réguliérement constituées fonctionnent en France : soixante-cinq à Paris, quatre cent quarante-neuf en province, trente-neuf aux colon les, Soixante neuf dans les régiments et dix-sept à l'étranger,
Aux états généraux, 477 députés du t lers état sur 578 sont des " inítiés ", ainsi que 90 députés de la noblesse et plus leurs représentants du clergé.
Car, à l'époque, b len que société initiatique, donc mystér leuse a priori, la Franc- Maçonner le n'effra le pas. II est même de bon ton, dans la noblesse et l'aristocrat le, d'être admis tlans une loge.
Celle de Valois, fondée le 11 févr ler 1789 par Philippe d'Orléans, comprend notamment Lauzun, Montmorency, La Fayette, Mirabeau, On y conspire ouvertement, invitant même la foule à manifester contre le roi.
Mais cela parait être une sorte de snobisme, et Mar le~Antoinette ne prend pas les " initiés " au sér leux. Répondant à sa soeur, Mar le-Christine, qui s'inquiéte des rumeurs révolutionnaires, elle lui répond :
Je crois que vous vous frappez beaucoup trop de 1a Franc-Maçonner le pour ce quí regarde la France ; elle est bíen loìn d'avoir icí l'ìmportance qu'elle peut avoìr dans d'autres part les de l'Europe, par 1a raíson que tout le monde en est ; on sait ainsi tout ce qui s'y passe ; où est donc le danger ? On auraìt raìson de s'en alarmer si c'étaít une société secrète de polítíque ; l'art du gouvernement est, au contraire, de la 1aisser s'étendre, et ce n'est plus que ce que c'est en réalité : une société de b lenfaisance et de plaisír, On y mange beaucoup et l'on y parle et l'on y chante, ce qui fait dire au roi que des gens quì chantent et quì boívent ne conspirent pas .
De l'entente momentanée des trois ordres sortira la nuit du 4 août 1789 qui verra l'abolition iles privilèges il'une manière tout à fait inattendue.
C'est le Chapel ler, d'une loge de Bretagne, quí préside la séance des états généraux, cette fameuse nuit, lorsque le vicomte de Noailles monte à la tribune. Ce cadet sans fortune, anc len compagnon d'armes de la Fayette aux Etats Unis, qui appart lent á la loge du duc d'Orléans, s'écr le, dans une envolée lyrique : " Nous ne reconnaissons plus d'autres distinctions que celles des vertus ! " Et il demande ipso facto la suppression des titres de noblesse, l'égale répartition des impôts, le rachat des droits féodaux et l'abolition des corvées.
Maigré cette extraordinaire déclaration de civisme démocratique, il ne sauvera sa tête .qu'en s'enfuyant à Londres, en 1792 .
D'ailleurs, les francs-maçons sont divisés, surtout dans les rangs de la noblesse. C'est La Fayette qui, à la tête de la populace, se heurte, le 6 octobre 1789, à Versailles, à la porte des appartements royaux, à un autre franc-maçon, le duc d'Aumont, commandant de la garde suisse.
0n connaît la repart le légenilaire de Mirabeau au marquis de Dreux-Brézé, dans la salle du Serment du Jeu de Paume : " Allez dire à votre maître que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous n'en sortirons que par la force des baïonnettes. "
Tous deux éta lent francs~maçons .
La solitlarité n'est pourtant pas un vain mot chez les maçons. Le Frére Hébert qui, dans son journal, le Père Duchêne, vilipende les aristocrates et les modérés, se compromet gravement et vainement pour essayer de sauver la ravissante tête de la princesse de Lamballe, Grande Maitresse des Loges d'Adoption.
Trah le par Philippe Egalité, elle sera exécutée par les sans-culottes et sa tête promenée á travers Paris, fichée au bout d'une pique.
Le marquis de Musset, grand-pére du poéte, sera sauvé par un Frère qui prendra sa place à la Conc lerger le, afin de lui permettre de régler ses affaires de famille. Jugé précipitamment, ce Frère sera exécuté á la place du marquis, sans trahir son secret.

le Grand Maître vote la mort.
Lorsque la Terreur sévit, fauchant leurs rangs, sans distinction d'opinion ni de caste, les francs-maçons prendront leurs distances, soudain effrayés par la violence déchaînée.
Le duc de Luxembourg, administrateur du Grand Or lent, s'exile á Londres. Avant de quitter la France, il interdit aux Frères de se réunir dans les locaux où siégent les clubs.
La Grantle Loge de France cesse ses travaux et la plupart des atel lers se mettent en sommeil.
Seul, Philippe Egalité s'agite encore dans le vain espoir ile monter sur le trône. Lorsque Chaumette, de la Loge des Neuf Soeurs, procureur général, instigateur du culte de la Déesse Raison, fait enfermer le roi et sa famille au Temple, le duc d'Orléans attend chaque jour la proclamation de la déchéance de Louis XVI, qui lui ouvrirait la succession.
Les événements se précipitent.
Louis XVI est mis en accusation et, le 16 janv ler 1793, Danton demande à la Convention de se prononcer sur le sort du roi.
Lorsque l'huiss ler lance le nom de Philippe Egalité, le brouhaha cesse dans I'hémicycle ; les députés suivent du regard l'homme qui gravit d'un pas lourd les marches de la tribune, Il sort de sa poche un pap ler froissé et lit d'une traite : " Uniquement occupé de mon devoir, convaincu que ceux qui ont attenté ou attenteront par la suite à la souveraineté du peuple méritent la mort, je vote pour la mort.,. " Muette de stupeur, I'Assemblée contemple le régicide qui descend de la tribune, tête baissée, Danton s'écarte sur son passage, avec mépris, et même Robesp lerre, " le tigre assoiffé de sang ", ne peut retenir son dégoùt. ;
- Le malheureux ! murmure-t-il, il n'était permis qu'à lui seul de se récuser, il n'a pas osé le faire.
Après trente-sept heures de délibération, le pointage terminé, on s'apercevra que Louis XVI n'a été condamné á mort qu'à une voix de majorité : celle de son cousin..,
aprés le roi, il ren le la F.'.M..'.
A partir de cette séance mémorable, Philippe Egalité ne jouera plus aucun rôle dans la Révolution, La haine universeI le I'entoure ; le vide se fait au Palais- Royal. Pour sauver son existence, il inonde les Jacobins d'or, II achète la voix de Marat qui se fait son défenseur à la Convention. Pas pour longtemps. Lorsqu'il sent le couperet s'approcher du cou de Philippe d'OrIéans, non seulement il ne le défend plus, maís il l'accable.
Le régicide va tenter une derníère manoeuvre : le 22 févr ler 1973, dans une lettre adressée à Milcent, du Journal de París, il annonce sa démíssion de ses hautes fonctions à la tête du Grand Or lent de France.
Non seulement il ren le la Franc-Maçonner le, mais iI justif le les mesures prises contre les Loges, frappées d'interdit en1792 :
" Voící mon histoire maçonnique, écrit-iI. Dans un temps où, assurément,
personne ne prévoyait notre révolution, je m'étais attaché à la Franc-Maçonner le qui offrait une sorte d'image d'égalité, comme le m'étais attaché au parlement qui offrait une sorte d'image de liberté. J'ai, depuis, quitté le fantôme pour la réalité. Au mois de décembre dern ler, le secrétaire du Grand Or lent s'étant adressé à la personne qui remplissait auprés de moi les fonetions de secrétaire du Grand Maître pour mefaire parvenir une demande relative aux travaux de cette société, je répondis à celui~ci, sous la date du 5 janv ler :
Comme je ne connaís pas la manière dont le Grand 0r lent est composé, et que, d'ailleurs, je pense, qu'il ne doit y avoir aucun mystére, ni aucune assemblée secrète dans une république, surtout au commencement de son établissement, je ne veux. plus me mêler en rìen du Grand Or lent ni des assemblées de Francs- Maçons. "
A la suite de cette lettre, Louis Roett lers de Montaleau, anc len directeur de la Monna le, qui dirige à l'époque les travaux du Grand Or lent, prononça, le 13 mai.1793, la déchéance du Grand Maître, exprimant son mépris en brisant sur son genou l'épée du renégat.
De déchéance en déchéance, Philíppe Egalité va encore plus loin dans l'ignomin le, déclarant, le 10 févr ler 1793, au club d'es Jacobins : " Je ne suis pas le fils du défunt duc d'Orléans, mais celuï du cocher Lefranc, amant de ma mére," Cette prétendue paternité prolétaríenne ne le sauvera pas de la guìllotine. Décrété d'accusation, il est emprisonné et condamné à mort par le tribunal révolutionnaire. Aucun franc-maçon n'élèvera la voix pour tenter de le sauver, Honni par ses ennemis, méprisé par ses proches, il sera exécuté le 6 novembre 1793, Dépêchez-moi vite !... seront les dernières paroles .qu'il adressera au bourreau, Charles-Henri Sanson.
0n pense généralement que toute v le maçonnique s'est arrêtée en France à la suite de l'exécution de Philippe Egalité. C'est en part le inexact. Du fond de la cellule où il est emprisonné, Roett lers de Montaleau dirige encore les travaux des quelques loges encore en activité :
trois à Paris et quinze en province, dont celle de " la Parfaite Síncérité ", à Marseille. C'est dans celle-ci que, le 8 octobre 1793, François Clary reçoít un jeune commissaire au pouvoír exécutif : Joseph Bonaparte, .
Les filles de Françoîs Clary, Jul le et Désirée, épouseront deux maçons qui devíendront célèbres : Joseph Bonaparte, déjà nommé, futur roi d'Espagne, et l'autre, le général Bernadotte, futur roi de Suéde.
Ce n'est qu'en 1795 que la Franc-Maçonner le, sous l'impulsion de Roettíers de. Montaleau, qui avait sauvé les archíves du Grand Or lent, put reprendre une activíté. à peu près normale. Elle retrouvera la prospérité sous l'Empire, dans l'obéissance aux Bonaparte. Euloge Boissonnade
Le Divin Cagliostro
Les loges sont souvent pénétrées au XVII le siécle par des magic lens, des llluminés ou des charlatans tels le mystér leux comte de Saint-Germain, Claude de Saint-Martin, fondateur du Martinisme, Messmer, l'home au baquet le théoric len du magnétisme animal. Mais le plus fameux d'entre eux reste Cagliostro.
Le 19 septembre 1780, la bonne ville de Strasbourg est en effervescencè. Les bourgeois ont revêtu leur costume de féte, les femmes portent des bonnets fraîchement repassés et la noblesse locale est venue dans ses plus beaux carrosses. C'est un grand jour.
0n se prépare à accueillir celui dont toute l'Europe parle depuis quelques mois : le fameux comte de Cagliostio.
II arrive précédé d'une retentissante réputation de magic len, de médecin extraordinaire et d'alchimiste génial.
Né à Palerme en 1743, de son vraí nom Joseph Balsamo, Cagliostro était né de parents pauvres. Aussi les quit'te-t-i1 rapidement pour revêtir l'habit des Frères de la Miséricorde. Tout d'abord infirm ler, iI dev lent trèi vite médecín en même temps qu'il apprend' quelques principes de chim le. II commence alors à se vanter de pouvoir multipl ler les piéces d'or.
Sa premiére tentative, si elle n'a pas convaincu la victime qui n'a pu que constater la disparition de ses économ les, lui rapporte une assez jol le somme.
Elle lui rapporte aussi d'être chassé de la Congrégation et du pays.
Son pécule lui permet de gagner I'Or lent, où iI se perfectionne dans les sc lences occultes, I'alchim le et la mag le.
II raménera de ses voyages de nombreuses connaissances et itn art consommé de duper les naïfs.
II rev lent en Europe et séjourne à Londres. C'est la qu'il a entre les mains un manuscrit d'un certain Georges Coston, qui est franc-maçon. Ce manuscrit renferme des textes sur les origines symboliques de la Franc~maçonner le. Vivement intéressé par ce qu'il découvre iI décide d'en connaître davantage et entre en contact avec des francs~maçons anglais. B len que l'on n'en posséde pas la preuve formelle, il est trés vraisembIable qu'il aurait été initié à cette époque dans une loge anglaise.
Ce qui caractérise Cagliostro est d'ailleurs cette faculté qu'il a d'assimiler tout ce qui touche á l'occultisme et à l'ésotérisme et sa facilité á se mouvoir dans ces mil leux,
II dev lent très vite expert en symbolisme maçonnique et prévoit déjà tout le parti qu'il va pouvoir en tirer.
Il répand soigneusement le bruit de son appartenance à I'Ordre et lorsqu'il quitte l'Angleterre pour se rendre en Allemagne, iI y est rapidement contacté par la Maçonner le allemande et par les sectes initiatiques qui y foisonnent, comme les Rose-Croix (dont il se prétendra plus tard Grand Maître), les IIIuminés et autres occultistes. Par ses tours de mag le et son inépuisable faconde, il est la coqueluchi: de la noblesse allemande et il est présenté à Frédéric II,
"tu te souv lens, le soir où on crucifia Jésus ?... .
C'est précédé de cette extraordinaire réputation qu'il entre en France par la porte de I'Alsace. Il y arrive dans une voiture somptueuse, escorté de laquais, de courr lers, de gardes armés de hallebardes et de hérauts soufflant dans des clairons. Èn le voyant, de v leilles bonnes femmes pleurent et disent que c'est le Bon Dieu. Lorsqu'il apprend son arrivée, le cardinal de Bohan est, pour I'heure, dans sà résidénce de Saverne où il reçoit la comtessë dé là Motte. Passionné de magie ét d'alchimié, comme beaucoup d'aristocrates de son époque, Rohan veut à tout prix rencontrer Cagliostro. II se rend à Strasbourg et la renommée du personnage de Cagliostro est telle que c'est le prince de Rohan qui lui demande audience.
Celui~ci lui fait répondre :
" Si Monseigneur le Cardinal est malade, qu'il vienne et je le guérirai ; s'il se porte bien, il n'a pas besoin de moi, ni moi de lui. "
Emerveillé par cette fière réponse, le cardinal ne désire que plus ardemment le rencontrer. Deux points intéressent particuliérement Rohan. Tout d'abord la facilité avec laquelle Cagliostro est réputé faire naitre les diamants et l'or, car Rohan est criblé de dettes. D'autre part, on dit que le magicien possède une femme d'une beauté sans pareille. On comprend dans ces conditions que Rohan, grand amateur de richesses et de femmes, désire rencontrer un tel homme. Cagliostro soigne d'ailleurs fort bien sa publicité et son personnage. Il ne se proméne jamais sans porter sur lui une vérìtable fortune en bijoux de toutes sortes. Il est littéralement couvert de diamants et d'or, jusqu'á la boucle de ses souliers qui est sertie de brillants.
II fait tout également pour cultiver son côté surnaturel, Un jour, à Strasbourg, il tombe en admiration devant un crucifix en bois ;
- Comment un artiste, dit-il, qui n'a pas connu le Christ, a-t-il pu rendre la ressemblance aussi parfaite ?
Comme on lui demande s'il a connu le Christ, il répond qu'ils se sont souvent promenés ensemble sur les bords du lac de Tibériade et, se tournant vers son domestique :
- Tu te souviens du soir á Jérusalem, oú l'on crucifia Jésus ?
Et le domestique, imperturbable, répond :
-- Non, Mons leur. Mons leur sait bien que je ne suis à son service que depuis quinze cents ans.
Tel est I'homme dont tout Paris allait bientôt s'enticher,
enthousiasme et méfiance.
Avant d'y aller, iI voyage à travers la France, A Lyon il crée la premiére loge de Rite Egyptien dont il se déclare le " Grand Cophte ". C'est un rite étrange, basé sur un soi-disant symbolisme des pyramides et des anciennes sectes égyptiennes. II s'y mêle l'ésotérisme des prê-tres pharaoniques, des bases symboliques de la Maçonner le européenne qu'il a puisées dans le manuscrit de Georges Coston à Londres, des pratiques de magie et de spiritisme puisées chez les Illuminés allemands. Ce rite est théiste et reconnaît les divinités de l'ancienne Egypte. Il distribue d'ailleurs à ses adeptes des statuettes du dieu Isis, du boeuf Apis et des chameaux. Il posséde des caisses pleines de ces statuettes.
Sa personnalité lui attire de nombreux postulants, poussés plus par le désir de côtoyer le grand homme et de le voir opérer quelques miracles que d'avancer dans les voies de la vérité et de l'ésotérisme égyptien. Ces initiés sont d'ailleurs rapidement déçus, car, si Cagliostro crée ces loges, il ne les fréquente que trés rarement et il se rend bientôt à Paris.
L'opinion des francs-maçons est trés partagée sur lui et il est loin de faire l'unanimité. Ce sont plus particuliérement les officiers du Grand Orient qui sont sceptiques á son sujet. En 1781, le frére Savalette de Langes écrit au marquis de Chefdebien à la veille du Convent de Wilhemsbad à propos du franc-maçon Wecter, dont le rôle est important en Allemagne :
" Tout ceci ressemble plus à Cagliostro qu'au sage que nous recherchons. " Provoquant I'enthousiasme ou la méfiance, il ne laisse en tout cas pas indifférent. II continue sa carrière dans le monde et s'introduit chaque jour un peu plus dans la haute société. Il fait participer sa femme à son ascension. Jouant sur le fait que les femmes ne sont pas admises dans la Maçonnerie, sauf pour les fêtes, il déclare que le Rite Egyptien les accueille en son sein et il en profite pour nommer sa femme Grande Maîtresse de la loge " Isis ". Le succés de cette Maçonnerie féminine est prodigieux. Toutes les femmes de la cour s'y précipitent.
Contrairement au Grand 0rient, la Grande Loge s'intéresse à Cagliostro et lui fait des avances. Rencontrant des délégués, il parvient à les impressionner à un tel point qu'ils déclareront aprés, " avoir entrevu en lui une annonce de vérité qu'aucun des Grands Maitres n'a aussi complétement développée et cependant parfaitement analogue à la Maçonner le Bleue (écossaise) dont elle paraît une interprétation sensible et sublime ".
La popularité de Cagliostro atteint son point culminant. On voit son portrait partout. Les femmes le portent à leurs éventails, à leurs corsages, les hommes à leurs tabatières, aux boucles de leurs soulier;, en bagues. Rohan, qui ne peut décidément plus se passer de lui, fait placer son buste dans son palais et fait graver sur le socle en lettres d'or :
" Le Divin Cagliostro. "

mort naturelle ou assassinat ?
Il habite à Paris I'hôtel de la marquise d'Orvilliers qu'il a loué au 1 de la rue Saint- Claude actuellement, C'est un défllé continuel de gens de la cour qui viennent le voir, II y fait de mystérieuses expériences d'alchimie et entoure ses occupations du plus grand secret.
En 1785, iI entreprend de réformer la Franc-Maçonnerie écossaise qui n'est à ses yeux qu'une mauvaise dégénérescence. II prend contact avec la loge " les Amis Réunis " de la Grande Loge de France. II propose à ses membres de redonner un sang nouveau á l'obédience par l'introduction du Rite Egyptien. Mais il met une condition à cette entreprise. II demande que les Frères ren lent complétement le passé et détruisent leurs documents et leurs archives. Malgré l'attrait qu'il pouvait exercer, il se heurte à un refus catégorique de la part des Frères. Ils se refusent absolument à proceder à cet autodafé. Cet échec marque le déclin de Cagliostro. Si le petit peuple continue à I'admirer et à s'émerveiller de ses actions, les nobles commencent à s'en désintéresser. On commence surtout à s'en lasser. Il n'amuse plus. A cette époque, comme aujourd'hui, les gloires se ternissent vite.
II faut constamment du nouveau et Cagliostro est presque démodé.
Un événement va lui donner le coup de grâce : c'est le scandale de I'affaire du Collier de la reine. Le cardinal de Rohan et la comtesse de la Motte sont les acteurs principaux de cette gigantes-que escroquer le et les rapports intimes qu'il entret lent avec eux le fait soupçonner de complicité. II est incarcéré à la Bastille.
II y restera plus d'un an, le temps que le procès soit instruit. Au cours de ce procès, sa culpabilité n'ayant pu être prouvée, iI est libéré en 1786 mais il est frappé d'un arrêté d'expulsion, II s'enfuit de France.
II reprend ses voyages et on le retrouve á Rome en 1789, II est de nouveau arrêté. Entouré de mystère jusqu'à la fin de sa vie, certains prétendent qu'il fut compromis dans une affaire de fabrication de fausse monnaie, ce qui serait en accord avec le personnage. Une autre version, tout aussi fondée, affirme qu'il fut arrêté par ordre du Saint-Siège. Jugé par le tribunal de l'lnquisition, il aurait été condamné comme illuminé et franc-maçon. Condamné à mort, sa peine fut commuée en détention perpétuelle mais il mourut un an aprés, Là encore les avis diffèrent. Selon les uns, iI est mort des conditions de son emprisonnement ; pour d'autres, iI aurait été étranglé.
Toujours est-il qu'en qualité de franc-maçon, Cagliostro n'a pas laissé un souvenir impérissable et le Rite Egyptien qu'il avait créé a disparu peu après lui. Certes, iI existe un Rite Egypt len reconnu aujourd'hui, celui de Memphis Misraim, mais il est beaucoup plus sérieux que celui de Cagliostro et s'appuie sur les origínes symboliques égyptiennes de la Franc-Maçonnerie,

François Gourmalon


Aristocrates en détresse
En 1789, la voiture transportant deux députés de la noblesse, Montesson et Vassé, fut arrétée par les révolutionnaires à Savigné. Sur le point d'étre massacré par la foule, le marquis de Vassé fit le signe de détresse maçonnique,
Immédiatement, le maitre de poste, Aubry, chef révolutionnaire du lieu, qui appartenait lui-méme à la Loge Saint-Julien de l'Étroite Union, fit entrer les deux aristocrates dans sa maison. Le marquis de Vassé précisa qu'il appartenait à la Loge parisienne Olympique de la Parfaite Estime.
Aubry le fit alors fuir par les jardins avec son compagnon.