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Vichy et les Maçons dissolution du Grand Orient
la flûte enchantée
la sympathie de Laval
60 000 maçons identifiés
"cette abjecte entreprise ",
OTTO ABETZ EST-IL FRANC-MAÇON ?
L'accolada de Berlin








De la revolution a Vichy
Vichy et les Maçons
Pendant l'entre-deux-guerres, la Maçonnerie exerce une influence importante dans la formation du cartel des gauches qui gagne les élections de 1924. En 1934, la citation par la presse de maçons connus, mêlés de près ou de loin à l'affaire Stavisky et à ses suites, déclenche une violente campagne contre la F.M. Des " Camelots du Roi " et des " Jeunesses Patriotes " assaillent les loges, Une maison d'édition publie en plusieurs volumes la liste de vingt mille maçons avec leur adresse. Des ligues antimaçonniques se constituent, soutenues par une partie de la presse (simultanément, en Allemagne, Heydrich fait dresser le fichier des FF.'. allemands, les loges sont fermées), ll est vrai que les ateliers du Grand Orient multiplient les prises de positio'n politique. Grand commandeur du Grand Collége des Rites depuis douze ans, le F.'. Camille Savoire quitte le Grand Orient en raison de la politisation de la Maçonnerie, " noyautée par une minorité agissante, sectaire et matérialiste ". On verra des FF.'. participer á titre personnel á des défilés du Front populaire, revêtus de leurs ornements rituels. Nombreux sont les Fréres qui déplorent ces atteintes portées aux principes traditionnels de la Franc-Maçonnerie. Forte en.core de 60 000 membres en 1939 (dont 45 000 au G.O.), elle en subira, entre 1940-1945, le contrecoup. L'ARIVÉE de l'envahisseur va catalyser nombre de rancunes accumulées depuis soixante ans. Certains adversaires farouches de la Franc-Maçonnerie vont rapidement se retrouver au gouvernement de Vichy et relancer le vieux cri d'alarme contre le soi-disant " complot judéo-maçonnique ". Mais ce sont bien évidemment les Allemands qui sont les premiers à lancer leurs foudres contre l'ordre. Ils commencent à saccager et à détruire tous les documents, objets et archives maçonniques qui tombent entre leurs mains. Dés la fin de juin 1940, par exemple, la loge " Volney " á Laval est perquisitionnée. Un peu plus tard, le temple est détruit, le mobilier dispersé et la bibliothéque vendue. A Châteaudun, les troupes allemandes rassemblent dans une carriére tout ce qu'elles ont trouvé dans la loge et y mettent le feu. Toutes les archives et documents de la loge " les Temps futurs " ont ainsi disparu.
dissolution du Grand Orient
Quelle est alors la réaction des francs-maçons parlementaires qui, lors de la séance historique de l'Assemblée nationale de Vichy, le 10 juillet 1940, ont á voter la délégatiton iles pouvoirs au maréchal Pétain ? ll aurait été logique que tous votent unanimement contre un gouvernement ennemi de l'ordre. Or, il n'en est rien. Les votes de parlementaires francs-maçons sont diversifiés et si des hommes comme Félix Gouin, Paul Ramadier, René Renault et Thrivier sont parmi les opposants, d'autres comme Léon Perrier et Steeg s'abstiennent, d'autres enfin votent les pleins pouvoirs au maréchal. Il est vrai que le dernier gouvernement de la IIIe République formé par Pétain le le 16 juin, en place au moment du vote de Vichy, comportait des maçons ou des sympathisants. Le F.'. Camille Chautemps était vice-président du Conseil. Adrien Marquet, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, n'était pas ennemi de la F.M. N'avait-il pas voté en 1935 contre "l'amendement Dommange" qui, présenté par René Dommange, Xavier Vallat, Le Cour Grandmaison, Philippe Henriot, demandait la dissolution de la F.M. ? Par ailleurs des hommes comme le préfet de Police Roger Langeron initié en 1906, le Procureur Frette-Damicourt initié en 1927, exerçaient toujours leurs fonctions. Malgré tout, le 13 août 1940, une loi est promulguée interdisant les sociétés secrètes et six jours aprés, le 19, le maréchal ratifie le décret ordonnant la dissolution du Grand Orient de France et de la Grande Loge. Ce n'est qu'en février 1941 que seront dissoutes les autres obédiences. Cependant le Grand Orient n'avait pas attendu le décret de dissolution. Le 7 août 1940, le Grand Maître Arthur Groussier et Louis Villard avaient fait parvenir au maréchal Pétain une lettre dans laquelle ils annonçaient que, de leur propre initiative, le Grand Orient et toutes ses loges cessaient leurs travaux, Mais ils affirmaient que la Franc-Maçonnerie française n'était " vaincue " que par le mensonge et la calomnie de ses adversaires. Ils terminaient la lettre en assurant le maréchal de leur profontl respect. Ce fait leur sera reproché plus tard. Dés l'entréy en vigueur de la loi antisocietes secretes, une violente campagne est menée contre les maçons. Mais le malheur n'a pas pour résultat de les unir. Ils sont divisés. Si des frères n'ont pas accepté le nouvel état tle choses, d'autres demeurent dans l'orbite tlu gouvernement de Vichy mis en place le 12 juillet, où on ne trouve pas que des adversaires de l'ordre. Successeur d'Adrien Marquet au ministére de l'Intérieur, Marcel Peyrouton appartient au Grand Orient. Pierre Laval n'est pas réputé hostile. Et si l'amiral Darlan n'est pas maçon, son pére l'était et il a entretenu dans le passé avec l'Ordre de bonnes relations, ce qui ne l'empêchera pas de le combattre. C'est en etfet su.r sa proposition et celle du ministre Pierre Pucheu qu'est décidée par Vichy la publication au Journal offíciel des noms des anc.iens dignitaires des obédiences dissoutes. L'accès et l'exercice de certaines fonctions publiques, de même que certains mandats politiques, sont interdits aux FF.'. Les fonctionnaires, les agents civils et militaires ainsi visés doivent démissionner d'office.
< la flûte enchantée
Mais bien que les réunions maçonniques soient interdites, certains frères cherchent á se regrouper afin de continuer leurs travaux. Dans un bureau de l'hôtel de ville de Paris, quelques membres se retrouvent autour de Pierre Favreau et organisent des tenues clandestines. D'autres se réunissent á Villebon. Ces groupuscules fusionneront plus tard et donneront naissance à des mouvements de résistance. De leur côté, les Allemands manifestent un intérêt plus dangereux à l'égard des francs-maçons. Employant des méthodes plus directes que le gouvernement de Vichy, ils arrêtent, le 17 août 1940, le frére Gloton, directeur de la Chaîne d'union, et le gardent trois semaines dans la prison de Fresnes. Tous ses documents et ses archives sont saisis. Malgré la chasse dont ils sont l'objet, de nombreux maçons n'abtliquent pas. Le 1° décembre 1940, plusieurs membres de la " Bonne Foi " de Saint-Germain-en-Laye se réunissent au domieile de l'un d'eux et décident, malgré le décret, de reprendre leurs travaux. René Borries est désigné pour diriger l'atelier. L'un des membres de la loge, Maurice Vannier, a des contacts avec l'Intelligence Service et, peu aprés, les maçons de la " Bonne Foi " rejoignent les rangs de la Résistance dans le mouvement : " Ceux tle la Libération. " De nombreux maçons ont également traversé la Manche au moment de l'invasion et certains se retrouvent à la Radio de Londres, Ils tentent de se faire reconnaître de ceux qui sont à l'écoute en France, lls font débuter leurs émissions par la devise maçonnique : " Liberté, Egalité, Fraternité, " lls lancent sur les ondes des expressions symboliques et diffusent des extraits de " la Flûte enchantée " du franc-maçon Mozart. Le le F.'. Pierre Dac met son humour au service de la " France Libre ". Le premier maçon à entrer en contact avec ses fréres d'Angleterre est un nommé Roig qui est à la tête d'un groupe de résistance en Dordogne. Mais Roig est rapidement découvert par les Allemands, arrêté et emprisonné, Gardé quelque temps à Fresnes, il est fusillé peu aprés. Son action n'a cependant pas été vaine et de son groupe de résistants, formé en grande partie de maçons, sortira " Le Comité d'action maçonnique " qui deviendra plus tard le mouvement " Patriam Recuperare ", lls iront même jusqu'á éditer un journal clandestin intitulé la Nouvelle République. Un des membres de ce groupe réussit á passer á Londres et il sera bientôt suivi par un autre qui se rend á Alger et qui représentera le mouvement auprés du général de Gaulle. Les Allemands intensifient leur lutte contre la Maçonnerie et crèent des services spécialisés à cet effet. Au 72 de l'avenue Foch est installé un service antimaçonnique, Un serviee des sociétés secrètes, dépendant de la Préfecture de police, dirigé par le commissaire Moerschell, occupe les locaux de l'ancien siége de la Société Théosophique au 4 du square Rapp. Ces locaux verront passer de nombreux maçons qui y seront interrogés.
la sympathie de Laval
La lutte prend toutes les formes. A Marseille, la rue qui porte le nom de Gaston Crémieux, franc-maçon fusillé par les Versaillais, est débaptisée par les autorités de Vichy. De nombreux francs-maçons, alors en poste dans l'administration, sont démis de leurs fonctions. Mais beaucoup continuent de pereevoir leurs traitements. lls le doivent á l'intervention personnelle de Pierre Laval. Ce dernier, en effet, a toujour cherché, ehaque fois qu'il l'a pu, à venir en aide aux francs-maçons. S'il n'était pas maçon lui-même, il avait, avant la guerre, entretenu des relations trés étroites avec la loge d'Aubervilliers et il avait une profonde sympathie pour la Maçonnerie. De nombreux témoignages sont venus confirmer ce fait á la libération. Ainsi, par exemple, dans son rapport conservé aux U.S.A. par la fondation Hoover, M. Georges Hilaire, secrétaire général pour l'administration au ministére de l'lntérieur, rapporte notamment les cas de M. Chasseigne, nommé secrétaire d'Etat au Ravitaillement par Pierre Laval, bien qu'il soit franc-maçon ; de M. Lalanne, du Grand Orient, nommé préfet de Belfort, ll y a également celui de M. Roulies, cité dans ces termes : " M.Roulies, bien que franc-maçon, fut mainti:nu dans les cadres. Ayant fait une fausse déclaration, sa révocation fut demandée avec insistance par le service des associations secrétes. Cette mesure fut évitée par l'application de la loi du 17 juillet 1940, permettant à ce fonctionnaire de percevoir son traitement et d'échapper á la radiation. " Ce fameux service des associations secrétes n'était pas, loin de lá, tenu en odeur de sainteté par de nombreux membres du gouvernement de Vichy. Le préfet Paul Brun, nommé par le gouvernement de Vichy, préfet de Clermont-Ferrand, rapporte : " Le service régional des sociétés secrétes avait des tendances á faire du zèle comme tout service nouvellement créé. Je profitai il'un incident que son chef avait eu avec un commissaire de Police pour le neutialiser complètement. Le président Pierre Laval, mis au courant, me couvrit. " Quant au préfet Hontebeyrie, il raconte : " Un de mes collègues avait, paraît-il, répondu négativement (alors qu'il aurait dû répondre affirmativement) à la déclaration que nous devions souscrire dés septemhre 1940. L'amiral Platon, qui avait dans ses attributions la législation concernant les sociétés secrétes, ne parlait rien moins que de traduire devant les tribunaux ce collégue pour faux en écritures publiques. Le président Laval était extrêmement ennuyé par la position de l'amiral, lequel relevait uniquement de l'autorité du chef de l'Etat, Un jour que j'étais dans mon bureau, il m'entretint de la question ; comme: j'ajoutais que je ne croyais nullement á l'influence malfaisante de la Maçonnerie, d'autant que j'avais été collaborateur de deux francs-maçons, le president Camille Chautemps et M. Marcel Peyrouton, résident général de France a Tunis, et que, ni auprés de l'un ni auprés de l'autre, je n'avais constaté l'importance ou l'efficacité des interventions maçonniques, il me dit : - Vous allez dire cela à Platon. " ll téléphona á 1'amiral de venir le rejoindre. Quand il entra : --- Tenez, voilà un préfet qui a servi deux patrons qui étaient maçons, ll va vous dire ce qu'il pense de l'influence maçonnique, " Naturellement, je répétais ce que j'avais dit. Et aprés quelques répliques de l'amiral, le président Laval enchaîna tout de suite : .... Vous voilá fixé. Et maintenant fiche-moi la paix avec cette histoire de préfet, á lui comme à moi. " Aucune poursuite ne fut entreprise contre mon collégue. " Ún autre témoignage vient démontrer le peu de sympathie que reneontrait chez Laval le service des suciétés secrétes : c'est celui du préfet régional Jacques Henry. " Prét'et de la Creuse, je fis arrêter le chef de service chargé de veiller á la non-reconstitution des sociétés secrétes. J'avais de sérieuses raisons de suspecter son honnêteté morale (et matérielle) et je savais qu'il entretenait des rapports condamnables avec l'occupant. Ce pseudofonctionnaire était fort soutenu par le secrétariat d'Etat dont il ressortissait. Le président appuya ma décision, ajoutant que ce service était à supprimer tant ses méthodes étaient intolérables. " Je ferai, ajouta-t-il, cesser cette chasse abominable aux francs-maçons. " J'ajoute que l'individu qui avait été interné se fit réclamer quelque temps aprés par les Allemands pour s'engager dans la Waffen SS. "
60 000 maçons identifiés
Pierre Laval, hostile à la législation sur la Maçonnerie, mais n'ayant pas le pouvoir de la supprimer, s'efforce donc, chaque fois qu'il le peut, d'en atténuer les effets. Par exemple, le jour où le franc-maçon François Deseamp, vénérable d'une loge de Clermont-Ferrand, le fait avertir par l'avocat Itené Demai de la révocation du franc-maçon Croisne, chargé du service des réfugiés à la préfecture du Puy-de Dôme, le préfet Paul Brun est immédiatement contacté afin de réintégrer d'urgenee ce fonetionnaire. C'est en fait au cabinet même du Maréchal que se trouvent les adversaires les plus farouches de la Maçonnerie. Une direction des sociétés secrétes lui est directement rattachée, sous la responsabilité de Bernard Fay. Il a identifié soixante mille maçons et le Journal officiciel a pubité les noms de quatorze milie d'entre eux. Mais Laval crée une commission spéciale des sociétés secrétes présidée par Maurice Reclus, dans le but d'atténuer les effets de la répression antimaçonnique et de permettre à des dignitaires de l'ordre de continuer à exercer leurs fonctions. De nombreux maçons viennent chercher du secours auprés de cette commission. Ils savent qu'ils ne frapperont pas inutilement à la porte de Laval, lequel n'ignore pas que de nombreux hommes qu'il côtoie tous les jours appartiennent ou ont appartenu á l'ordre. Il sait que François Chasseigne, directeur de la propagande ouvrière de Vichy, ancien député de l'Indre, a été initié le 12 février 1933 à la loge " la Gauloise " de Châteauroux, que René Chateau, ancien député socialiste de la Charente- Inférieure qui dirige á Paris la " Ligue de la Pensée française ", a été initié le 11 mai 1935 á la loge " l'Union parfaite " de La Rochelle. Il est incontestable que de nombreux maçons manifestent leur adhésion á l'Etat français. On trouve des fréres ou des sympathisants dans plusieurs journaux, tels l'oeuvre, Pari's-Soir, les Nouveaux Temps, le Matin. Des FF.'. figurent encore en 1943 au sommaire de revues trés " Révolution nationale ". Mais si des personnages connus et importants parviennent á passer á travers les mailles du filet, d'autres, inconnus et n'occupant que des fonctions subalternes comme des instituteurs par exemple, sont révoqués pour avoir été dénoncés par la voie du Journal officiel. Le grand maître adjoint de la Grande Loge, l'avocat Chadirat, est arrêté á Saint-Flour et emprisonné en compagnie du militant catholique Edmond Michelet, futur ministre de la IV° et de la V° République. Pour tenter de ralentir les travaux de fichage de Bernard Fay, un groupe clandestin de maçons a loué un logement rue Pré-aux-Clercs, en face de son domicile. Ce groupe parvient à1identifier les quelques maçons qui trahissent leurs fréres.
"cette abjecte entreprise ",
Comme pour les Juifs, les Allemands engagent une violente campagne de calomnie et de propagande antiniaçonnique. Des expositions sont organisées, des films snt tournés et présentés au public. Mais le résultat de cette campagne est exactement contraire au but poursuivi et ne réussit qu'á mieux faire connaître cette société et, ce faisant, á la rendre sympathique. Nous avons dèjà dit que de nombreux frères n'avaient pas renoncé, en dépit des interdictions, á continuer 1eurs travaux dans des ateliers clandestins et c'est ainsi qu'en présence du consul général des Etats-Unis, une initiation est pratiquée dans la crypte d'une église des environs de Cusset. Dans le même temps, les perquisitions et les arrestations cuntinuent et les Allemands de la Gestapo se présentent chez le frére Arthur Groussier. Ils renoncent cependani á l'arrêter en raison de son âge et de son aspect inoffensif. Mais la pression devient de plus en plus forte et quelques maçons tentent de prentde leurs distances vis-á-vis de 1'Ordre. M. Peyrouton sollicitte du Grand Maïtre adjoint du Grand Orient une lettre affirmant qu'il a quitté la Maçonnerie depuis plusieurs années. Il poursuit sa carriére á Vichy, pendant que le Grand Maître' adjoint Voronoff est deporté à Auschwtz. Le 19 aoûit 1941, le journal le Figaro qui est édité en zone libre, publie un article dans lequel il attaque violemment la Maçonnerie. Depuis longtemps, la Franc-Maçonnerie française n'élait plus, sous le couvert d'une philosophie politique et d'une philanthropie mensongére, qu'un systéme d'arrivisme généralisé devant lequel devaìent céder les intérêts les plus pressants du pays. La Révolution nationale a eu raison de clouier au pilori les dirigeants et les bénéficiaires principaux de cette abjecte efitrprise. C'est l'époque où les arrestations se multiplient et s'étendent á certains occultistes. Le directeur de " la Chaîne d'Union ", le maçon Gloton, est appréhendé le 14 mars 1942, Il est emprisonné à la Santé
OTTO ABETZ EST-IL FRANC-MAÇON ?
Le service du 4, square Rapp recueille et centralise les documents saisis chez les maçons. Les Allemands se saisiront des plus importants et les transporteront en Allemagne dans un château contrôlé par les services de Göring. En 1945, les Russes mettront la main dessus et toutes les démarches faites par la Maçonnerie pour les récupérer se sont heurtées jusqu'á maintenant á l'éternelle réponse : " Nous ignorons ce dont vous parlez. " Un jour, le maçon Riandey, secrétaire général de la mairie du 18.' arrondissement, est convoqué par les services allemands de l'avenue Foch, Il est interrogé par l'officier SS Pfannstiel, " L'ambassadeur Otto Abetz est-il franc-maçon ? . . Oui, répond Riandey. .- Comment le savez-vous ? .- Il fréquentait avant la guerre la 1oge Goethe á la Grande Loge de France, Et M. von Ribbentrop ?... et le général von Stupnagel ? " La hantise de la Maçonnerie; allait trés loin chez les Allemands. Riandey apprend qu'il n'a pas été arrêté grâce á l'intervention de quelques personnalités catholigues qui l'ont signalé comme un maçon spiritualiste. Il sort librement ce jour-lá de l'avenue Foch, mais c'est pour être arrêté quelques semaines plus tard et déporté à Buchenwald. Plusieurs maçons appartenant á la loge " la Bonne Foi " de Saint-Germain-en-Laye sont pris par la Gestapo; les fréres Vannier, Kirschmeyer, Pochan et Gauthier. D'autres réussissent à s'enfuir comme Canale, mais les maçons Oudin et Charlie sont pris á Chatou, tandis que le frére Figuiére s'enfuit de justesse. A la Libération, le bilan des morts de cette loge sera lourd. Gauthier meurt en février 1945 á Mathausen, Charlie et Oudin à Dachau, Vannier á Buchenwald. Burguet est abattu à Brive par un soldat allemand. La Milice exècute á Lyon le Grand Maître de l'0rdre martiniste, le frére Chevillon. Le 26 juillet 1943, le franc-maçon Pierre Fraysse de la loge " le Triomphe de la Concorde " de La Seyne est arrêté en même temps que le frére Thomas Pappas du " Niveau " de Saint-Raphaël par la police italienne. Quand ils arrivent á la prison d'lmperia en ltalie, ils y retrouvent trois autres francs-maçons détenus, Richard Weill de Nice, Sicard et Ulysse Richard de Hyères. Un autre maçon les rejoindra un peu plus tard, le frère Beilon de " l'Action écossaise " de Toulouse. Donnant une magnifique preuve de courage, ils constituent le 21 octobre 1943, le triangle maçonnique " Résurrection " á l'orient d'lmperia. (Pour constituer une loge, il faut en effet sept frères dont trois maîtres. Lorsque le nombre est inférieur, mais au moins égal à trois, ils peuvent constituer un triangle.) C'est le frère Fraysse qui est nommé vénérable. D'autres fréres, malheureusement, ne tardent pas à les rejoindre, mais cela leur permettra de constituer avec les fréres Guibaudo, de " la Réunion ", de Toulon, et Maestratti, de Menton, une loge réguliére. D'autres succombent sous les balles ennemies, comme le frère Samson du " Phare de l'étang " à Berre, fusillé pour faits de résistance. En 1943, une tentative est faite en vue de reconstruire un ordre maçonnique français sous une obédience unique. Une réunion se tient á cet effet, le 3 août, dans une salle de la mairie du 18° arrondissement. Le frére Corneloup propose au Suprême Conseil et á la Grande Loge au nom du Grand Orient un manifeste dans ce but. Un comité d'initiative est alors constitué, Ces efforts ne sont pas couronnés de succés. L'euphorie de la Libération n'y changera rien. La Maçonnerie française renaîtra avec ses divisions. Des maçons continuent cependant de tomber au nom de la France et de leur idéal. Le 23 novembre1943, le frére Busson, commandant dans l'armée secréte, tombe de deux balles au coeur. Le 18 janvier 1944, le maçon Andres, de la même loge, est tué au cours d'une opération de parachutage d'armes. Georges Long et son épouse sont déportés en Allemagne. Ce dernier mourra d'épuisement au camp de Neuengamme. A Laval, un Allemand de la Feldkommandantur est franc-maçon et tente par tous les moyens de venir en aide à ses frères français. Ce fait s'est reproduit dans d'autres villes. Cela n'empêche pas les fréres d'être de plus en plus nombreux à être déportés. (ll y en aura prés d'un millier.) Tous les membres de la loge " VoIney " mourront dans les camps allemands. Dans la région de Toulouse, le frére Verdier, chef de la Résistance, est arrêté le 13 novembre 1943. Il est torturé pendant plusieurs semaines et finalement fusillé dans la forêt de Bouconne. A Montendre, six membres de la loge " les Pionniers du Progrés " sont déportés et meurent en Allemagne. A Limoges, le frère Georges Dumas des " Artistes réunis " est fusillé á Brantôme. Le 22 mars 1944, le frére Pierre Brossolette, interrogé par le SD avenue Foch, préfére se suicider plutôt que de risquer de trahir ses camarades. La Maçonnerie, á l'heure des comptes, s'aperçoit qu'elle a payé un lourd tribut au pays. En 1945, le Grand Orient estima à soixante-six le nombre de ses fréres morts soit en déportation, soit sous les balles ou les coups de l'occupant. François Sontag
L'accolada de Berlin
Cet incident rapporté par le Frére Corneloup a été, dit-on, à l'origine de la reconstruction de la Maçonnerie allemande en zone occupée : En 1945, un officier des forces d'occupation françaises, le Frére Bénita, procéde à une réquisition d'imirteuble. Un homme àgé sort d'une cave amérlagée en abri, ll fait le signe de détresse. L'officier répond. Tous deux se donnent l'accolade, à l'ébahissement des témoins qui ne comprennent pas. On sait que la Franc-Maçonnerie française est divisée en plusieurs obé- diences. Le Vénérable Maître Jean Vitiano, éditeur bien connu de nom- breux ouvrages maçonniques, est l'un des dignitaires de l'ordre le plus á même de nous exposer objectivement leurs caractéristiques, leur importance sur le plan national et ce qui fait obstacle á leur fusion.