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RESEÑAS DE PRENSA 1987 ~ 2000

en français

EL PAÍS · Opinión. 04.05.00                       * * * * *
"Agua de Vichy"
Por Javier Otaola, Presidente de la Gran Logia Simbólica Española ~ Gran Oriente Español Unido

Eau de Vichy
JAVIER OTAOLA

La Cinquième République a reconnu la participation de l’état français représenté par le gouvernement de Vichy, dans la persécution et la spoliation de la communauté juive durant la période du gouvernement de Pétain, ce fait a été reçu comme un motif de satisfaction non seulement par la communauté juive de France mais aussi par tout les démocrates qui ont soutenu depuis toujours que la conscience collective française devait régler ses comptes avec son passé, tournant ainsi une page dans laquelle ses plus hautes institutions trahirent le meilleur de la tradition politique française : son attachement à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789.

 Cette trahison ne s’explique pas simplement  par le résultat de la déroute militaire subie lors de la «drôle de guerre » de 1939-1940, mais plonge ses racines dans la pensée antidémocratique française qui a derrière elle une vague importante d’intellectuels et d’hommes publics et qui trouva son bouc émissaire expiatoire dans le procès public de Charles Maurras après la déroute de Vichy. Selon cette pensée réactionnaire, le vrai ennemi de la France éternelle n’était pas tant l’Allemagne de Hitler que la Grande Bretagne et les démocraties d’outre Atlantique, le succès militaire du national-socialisme était perçu comme le moment propice pour modifier la tradition politique française symbolisée par la devise Liberté, Egalité, Fraternité, et remplacer celle-ci par Travail, Famille, Patrie. Avec les années, l’ignominie de cette période a éclaté au grand jour  et c’est maintenant que l’on peut reconnaître ouvertement en France les racines d’un antisémitisme qui fit que tant de français participèrent au sacrifice de leurs concitoyens juifs.

La tragédie de notre guerre civile a ses propres origines historiques qui ne permettent pas une comparaison mécanique, mais on ne peut nier la similitude idéologique entre Vichy et le régime nationalsyndicaliste  de Franco. Pétain fut ambassadeur de France durant le «gobierno de Burgos » et collabora avec enthousiasme à l’extradition d’illustres réfugiés espagnols aux autorités franquistes ce qui les conduisit devant le peloton d’exécution. Parmi eux, peut-être le plus connu, Lluis Companys.

La maçonnerie joua dans l’imaginaire de la propagande franquiste le même rôle d’épouvantail et d’horreur que l’antisémitisme dans la rhétorique de Vichy,  et ce n’est pas une coïncidence si dans le baragouin franquiste nous retrouvons le fameux complot judéo-maçonnique comme explication à toute entrave aux désirs du dictateur. Les études sérieuses menées par le Pr. José Antonio Ferrer Bénimeli et le «centre de Estudios » qu’il dirige à l’Université de Zaragoza ont accrédité d’une manière objective et documentée le dénigrement systématique, la persécution personnelle et la spoliation dont furent victimes les Maçons et la Maçonnerie pendant la guerre et durant la dictature, avec une violence expliquée par une association d’idées paranoïaque qui dans l’imaginaire franquiste considérait la maçonnerie comme un condensé des traditions hétérodoxes, modernistes et démocratiques en Espagne et dans tout ce que cela peut signifier dans l’Espagne impériale et contreréformiste  dont rêvait le franquisme.

La Constitution de 1978 et la Monarchie parlementaire issue de cette période historique supposent une profonde réconciliation des différentes racines qui constituent notre tradition collective, non seulement dans la politique mais aussi dans la culture, la religion et le social. L’Espagne de cet an 2000, malgré et avec tous les problèmes qui nous préoccupent, est une société structurée, dynamique, économiquement compétente, démocratique, qui jouit d’un niveau de libertés politiques qui fut rare dans notre passé et qui s’est libéré de ses démons familiers. Malgré cela, en cette période, dans laquelle même l’église catholique et romaine a reconnu ses fautes en tant qu’institution et tous les Etats de l’Union Européenne ont réglé leurs comptes avec leur passé, nous avons encore un devoir en instance dans ce domaine. D’entre toutes les minorités qui furent persécutées et spoliées pendant la dictature, seule la Maçonnerie est restée exclue de toute réparation et reconnaissance. Peut être cela s’explique-t-il par le fait que la maçonnerie, comme tradition intellectuelle et morale, n’est pas en soi un mouvement politique  et n’a pas bénéficié en cela d’une priorité pour reconstruire notre tissu politique à laquelle peuvent prétendre légitimement nos politiques. D’un autre coté, on a amalgamé à mon avis de manière superficielle la Maçonnerie avec une sorte de réunion de républicains nostalgiques, dans laquelle on a inclus des phénomènes sociaux définitivement dépassés par l’histoire, ce qui, de notre modeste point de vue, est très loin de la vérité, alors que la Maçonnerie ne pratique pas une compréhension partisane de la politique ni ne se résume par des valeurs politiques, bien au contraire, elle prône son adhésion à la démocratie comme forme supérieure de la coexistence politique, elle prétend à quelque chose de plus profond et de plus complet.

La Maçonnerie se souvient avec affection et admiration de tous ceux, non seulement maçons, qui s’allièrent dans la défense de la légalité républicaine car dans cette mémoire s’inscrit son devoir de loyauté aux valeurs de liberté avec lesquelles elle est indissolublement unie, mais cela ne fait pas de ce devoir un acte de militantisme politique, elle pratique, au contraire, sa sociabilité particulière dans ses loges, privilégiant la médiation émotionnelle et intellectuelle entre les hommes et femmes de tous les horizons religieux et politiques qui sont disposés à respecter la vérité des autres et la liberté de chacun pour construire son propre  projet d’humanité.

Malgré certaines déclarations dans ce sens de D. Tomas Sarobe (GLE), la Maçonnerie espagnole dans son ensemble ne prétend pas à une opération de réparation en termes essentiellement financiers, mais surtout à une réparation morale qui redonnera à la Maçonnerie  sa place dans l’ensemble de la société espagnole et à ce moment là, effectivement, la possibilité pour toutes les associations maçonniques d’user et de profiter de ces immeubles et locaux qui lui permettront de réaliser ce travail de réflexion et de socialisation qui lui est propre et que la guerre civile et la dictature interrompirent par des moyens violents et injustes que nous connaissons tous.

Les maçons, hommes et femmes de ce temps, prétendent, pas toujours avec succès, bien sûr, maintenir vivante, selon une méthode traditionnelle et symbolique, une pédagogie individuelle et collective qui se définit pour nous par des valeurs de liberté, égalité et fraternité, nous ne désirons rien qui ne soit juste et raisonnable. C’est le moment de faire connaître cette prétention à nos concitoyens.

 


Javier Otaola est président de la Grande Loge Symbolique Espagnole - Grand Orient Espagnol Unie.

 

Agradecemos la traducción a un Hermano francés.


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