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COUNCIL OF EUROPE
European Treaties
ETS No. 122 |
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CONSEIL DE L'EUROPE
Traités Européens
STE N° 122 |
CHARTE
EUROPÉENNE DE L'AUTONOMIE LOCALE
Strasbourg, 15.X.1985
Préambule
Les Etats membres du Conseil de l'Europe, signataires de la présente
Charte,
Considérant que le but du Conseil de l'Europe est de réaliser une
union plus étroite entre ses membres afin de sauvegarder et de promouvoir les idéaux et
les principes qui sont leur patrimoine commun;
Considérant qu'un des moyens par lesquels ce but sera réalisé est
la conclusion d'accords dans le domaine administratif;
Considérant que les collectivités locales sont l'un des principaux
fondements de tout régime démocratique;
Considérant que le droit des citoyens de participer à la gestion des
affaires publiques fait partie des principes démocratiques communs à tous les Etats
membres du Conseil de l'Europe;
Convaincus que c'est au niveau local que ce droit peut être exercé
le plus directement;
Convaincus que l'existence de collectivités locales investies de
responsabilités effectives permet une administration à la fois efficace et proche du
citoyen;
Conscients du fait que la défense et le renforcement de l'autonomie
locale dans les différents pays d'Europe représentent une contribution importante à la
construction d'une Europe fondée sur les principes de la démocratie et de la
décentralisation du pouvoir;
Affirmant que cela suppose l'existence de collectivités locales
dotées d'organes de décision démocratiquement constitués et bénéficiant d'une large
autonomie quant aux compétences, aux modalités d'exercice de ces dernières et aux
moyens nécessaires à l'accomplissement de leur mission,
Sont convenus de ce qui suit:
Article 1
Les Parties s'engagent à se considérer comme liées par les articles suivants de
la manière et dans la mesure prescrites par l'article 12 de cette Charte.
Partie I
Article 2 - Fondement constitutionnel et légal de l'autonomie locale
Le principe de l'autonomie locale doit être reconnu dans la législation interne et,
autant que possible, dans la Constitution.
Article 3 - Concept de l'autonomie locale
- Par autonomie locale, on entend le droit et la capacité effective pour les
collectivités locales de régler et de gérer, dans le cadre de la loi, sous leur propre
responsabilité et au profit de leurs populations, une part importante des affaires
publiques.
- Ce droit est exercé par des conseils ou assemblées composés de membres élus au
suffrage libre, secret, égalitaire, direct et universel et pouvant disposer d'organes
exécutifs responsables devant eux. Cette disposition ne porte pas préjudice au recours
aux assemblées de citoyens, au référendum ou à toute autre forme de participation
directe des citoyens là ou elle est permise par la loi.
Article 4 - Portée de l'autonomie locale
- Les compétences de base des collectivités locales sont fixées par la Constitution ou
par la loi. Toutefois, cette disposition n'empêche pas l'attribution aux collectivités
locales de compétences à des fins spécifiques, conformément à la loi.
- Les collectivités locales ont, dans le cadre de la loi, toute latitude pour exercer
leur initiative pour toute question qui n'est pas exclue de leur compétence ou attribuée
à une autre autorité.
- L'exercice des responsabilités publiques doit, de façon générale, incomber, de
préférence, aux autorités les plus proches des citoyens. L'attribution d'une
responsabilité à une autre autorité doit tenir compte de l'ampleur et de la nature de
la tâche et des exigences d'efficacité et d'économie.
- Les compétences confiées aux collectivités locales doivent être normalement pleines
et entières. Elles ne peuvent être mises en cause ou limitées par une autre autorité,
centrale ou régionale, que dans le cadre de la loi.
- En cas de délégation des pouvoirs par une autorité centrale ou régionale, les
collectivités locales doivent jouir, autant qu'il est possible, de la liberté d'adapter
leur exercice aux conditions locales.
- Les collectivités locales doivent être consultées, autant qu'il est possible, en
temps utile et de façon appropriée, au cours des processus de planification et de
décision pour toutes les questions qui les concernent directement.
Article 5 - Protection des limites territoriales des collectivités locales
Pour toute modification des limites territoriales locales, les collectivités locales
concernées doivent être consultées préalablement, éventuellement par voie de
référendum là où la loi le permet.
Article 6 - Adéquation des structures et des moyens administratifs aux
missions des collectivités locales
1. Sans préjudice de dispositions plus générales créées par la loi, les
collectivités locales doivent pouvoir définir elles-mêmes les structures
administratives internes dont elles entendent se doter, en vue de les adapter à leurs
besoins spécifiques et afin de permettre une gestion efficace.
6. Le statut du personnel des collectivités locales doit permettre un recrutement de
qualité, fondé sur les principes du mérite et de la compétence; à cette fin, il doit
réunir des conditions adéquates de formation, de rémunération et de perspectives de
carrière.
Article 7 - Conditions de l'exercice des responsabilités au niveau local
- Le statut des élus locaux doit assurer le libre exercice de leur mandat.
- Il doit permettre la compensation financière adéquate des frais entraînés par
l'exercice du mandat ainsi que, le cas échéant, la compensation financière des gains
perdus ou une rémunération du travail accompli et une couverture sociale correspondante.
- Les fonctions et activités incompatibles avec le mandat d'élu local ne peuvent être
fixées que par la loi ou par des principes juridiques fondamentaux.
Article 8 - Contrôle administratif des actes des collectivités locales
- Tout contrôle administratif sur les collectivités locales ne peut être exercé que
selon les formes et dans les cas prévus par la Constitution ou par la loi.
- Tout contrôle administratif des actes des collectivités locales ne doit normalement
viser qu'à assurer le respect de la légalité et des principes constitutionnels. Le
contrôle administratif peut, toutefois, comprendre un contrôle de l'opportunité exercé
par des autorités de niveau supérieur en ce qui concerne les tâches dont l'exécution
est déléguée aux collectivités locales.
- Le contrôle administratif des collectivités locales doit être exercé dans le respect
d'une proportionnalité entre l'ampleur de l'intervention de l'autorité de contrôle et
l'importance des intérêts qu'elle entend préserver.
Article 9 - Les ressources financières des collectivités locales
- Les collectivités locales ont droit, dans le cadre de la politique économique
nationale, à des ressources propres suffisantes dont elles peuvent disposer librement
dans l'exercice de leurs compétences.
- Les ressources financières des collectivités locales doivent être proportionnées aux
compétences prévues par la Constitution ou la loi.
- Une partie au moins des ressources financières des collectivités locales doit provenir
de redevances et d'impôts locaux dont elles ont le pouvoir de fixer le taux, dans les
limites de la loi.
- Les systèmes financiers sur lesquels reposent les ressources dont disposent les
collectivités locales doivent être de nature suffisamment diversifiée et évolutive
pour leur permettre de suivre, autant que possible dans la pratique, l'évolution réelle
des coûts de l'exercice de leurs compétences.
- La protection des collectivités locales financièrement plus faibles appelle la mise en
place de procédures de péréquation financière ou des mesures équivalentes destinées
à corriger les effets de la répartition inégale des sources potentielles de financement
ainsi que des charges qui leur incombent. De telles procédures ou mesures ne doivent pas
réduire la liberté d'option des collectivités locales dans leur propre domaine de
responsabilité.
- Les collectivités locales doivent être consultées, d'une manière appropriée, sur
les modalités de l'attribution à celles-ci des ressources redistribuées.
- Dans la mesure du possible, les subventions accordées aux collectivités locales ne
doivent pas être destinées au financement de projets spécifiques. L'octroi de
subventions ne doit pas porter atteinte à la liberté fondamentale de la politique des
collectivités locales dans leur propre domaine de compétence.
- Afin de financer leurs dépenses d'investissement, les collectivités locales doivent
avoir accès, conformément à la loi, au marché national des capitaux.
Article 10 - Le droit d'association des collectivités locales
- Les collectivités locales ont le droit, dans l'exercice de leurs compétences, de
coopérer et, dans le cadre de la loi, de s'associer avec d'autres collectivités locales
pour la réalisation de tâches d'intérêt commun.
- Le droit des collectivités locales d'adhérer à une association pour la protection et
la promotion de leurs intérêts communs et celui d'adhérer à une association
internationale de collectivités locales doivent être reconnus dans chaque Etat.
- Les collectivités locales peuvent, dans des conditions éventuellement prévues par la
loi, coopérer avec les collectivités d'autres Etats.
Article 11 - Protection légale de l'autonomie locale
Les collectivités locales doivent disposer d'un droit de recours juridictionnel afin
d'assurer le libre exercice de leurs compétences et le respect des principes d'autonomie
locale qui sont consacrés dans la Constitution ou la législation interne.
Partie II - Dispositions diverses
Article 12 - Engagements
- Toute Partie s'engage à se considérer comme liée par vingt au moins des
paragraphes de la partie I de la Charte dont au moins dix sont choisis parmi les
paragraphes suivants:
- article 2,
- article 3, paragraphes 1 et 2,
- article 4, paragraphes 1, 2 et 4,
- article 5,
- article 7, paragraphe 1,
- article 8, paragraphe 2,
- article 9, paragraphes 1, 2 et 3,
- article 10, paragraphe 1,
- article 11.
- Chaque Etat contractant, au moment du dépôt de son instrument de ratification,
d'acceptation ou d'approbation, notifie au Secrétaire Général du Conseil de l'Europe
les paragraphes choisis conformément à la disposition du paragraphe 1 du
présent article.
- Toute Partie peut, à tout moment ultérieur, notifier au Secrétaire Général qu'elle
se considère comme liée par tout autre paragraphe de la présente Charte, qu'elle
n'avait pas encore accepté conformément aux dispositions du paragraphe 1 du
présent article. Ces engagements ultérieurs seront réputés partie intégrante de la
ratification, de l'acceptation ou de l'approbation de la Partie faisant la notification et
porteront les mêmes effets dès le premier jour du mois qui suit l'expiration d'une
période de trois mois après la date de réception de la notification par le
Secrétaire Général.
Article 13 - Collectivités auxquelles s'applique la Charte
Les principes d'autonomie locale contenus dans la présente Charte s'appliquent à
toutes les catégories de collectivités locales existant sur le territoire de la Partie.
Toutefois, chaque Partie peut, au moment du dépôt de son instrument de ratification,
d'acceptation ou d'approbation, désigner les catégories de collectivités locales ou
régionales auxquelles elle entend limiter le champ d'application ou qu'elle entend
exclure du champ d'application de la présente Charte. Elle peut également inclure
d'autres catégories de collectivités locales ou régionales dans le champ d'application
de la Charte par voie de notification ultérieure au Secrétaire Général du Conseil de
l'Europe.
Article 14 - Communication d'informations
Chaque Partie transmet au Secrétaire Général du Conseil de l'Europe toute
information appropriée relative aux dispositions législatives et autres mesures qu'elle
a prises dans le but de se conformer aux termes de la présente Charte.
Partie III
Article 15 - Signature, ratification, entrée en vigueur
- La présente Charte est ouverte à la signature des Etats membres du Conseil de
l'Europe. Elle sera soumise à ratification, acceptation ou approbation. Les instruments
de ratification, d'acceptation ou d'approbation seront déposés près le Secrétaire
Général du Conseil de l'Europe.
- La présente Charte entrera en vigueur le premier jour du mois qui suit
l'expiration d'une période de trois mois après la date à laquelle quatre Etats
membres du Conseil de l'Europe auront exprimé leur consentement à être liés par la
Charte, conformément aux dispositions du paragraphe précédent.
- Pour tout Etat membre qui exprimera ultérieurement son consentement à être lié par
la Charte, celle-ci entrera en vigueur le premier jour du mois qui suit l'expiration
d'une période de trois mois après la date du dépôt de l'instrument de
ratification, d'acceptation ou d'approbation.
Article 16 - Clause territoriale
- Tout Etat peut, au moment de la signature ou au moment du dépôt de son instrument de
ratification, d'acceptation, d'approbation ou d'adhésion, désigner le ou les territoires
auxquels s'appliquera la présente Charte.
- Tout Etat peut, à tout autre moment par la suite, par une déclaration adressée au
Secrétaire Général du Conseil de l'Europe, étendre l'application de la présente
Charte à tout autre territoire désigné dans la déclaration. La Charte entrera en
vigueur à l'égard de ce territoire le premier jour du mois qui suit l'expiration
d'une période de trois mois après la date de réception de la déclaration par le
Secrétaire Général.
- Toute déclaration faite en vertu des deux paragraphes précédents pourra être
retirée, en ce qui concerne tout territoire désigné dans cette déclaration, par
notification adressée au Secrétaire Général. Le retrait prendra effet le premier jour
du mois qui suit l'expiration d'une période de six mois après la date de
réception de la notification par le Secrétaire Général.
Article 17 - Dénonciation
- Aucune Partie ne peut dénoncer la présente Charte avant l'expiration d'une période de
cinq ans après la date à laquelle la Charte est entrée en vigueur en ce qui la
concerne. Un préavis de six mois sera notifié au Secrétaire Général du Conseil
de l'Europe. Cette dénonciation n'affecte pas la validité de la Charte à l'égard des
autres Parties sous réserve que le nombre de celles-ci ne soit jamais inférieur à
quatre.
- Toute Partie peut, conformément aux dispositions énoncées dans le
paragraphe précédent, dénoncer tout paragraphe de la partie I de la Charte
qu'elle a accepté, sous réserve que le nombre et la catégorie des
paragraphes auxquels cette Partie est tenue restent conformes aux dispositions de
l'article 12, paragraphe 1. Toute Partie qui, à la suite de la dénonciation
d'un paragraphe, ne se conforme plus aux dispositions de l'article 12,
paragraphe 1, sera considérée comme ayant dénoncé également la Charte
elle-même.
Article 18 - Notifications
Le Secrétaire Général du Conseil de l'Europe notifie aux Etats membres du Conseil:
a toute signature;
b le dépôt de tout instrument de ratification, d'acceptation ou
d'approbation;
c toute date d'entrée en vigueur de la présente Charte,
conformément à son article 15;
d toute notification reçue en application des dispositions de
l'article 12, paragraphes 2 et 3;
e toute notification reçue en application des dispositions de
l'article 13;
f tout autre acte, notification ou communication ayant trait à la
présente Charte.
En foi de quoi, les soussignés, dûment autorisés à cet effet, ont
signé la présente Charte.
Fait à Strasbourg, le 15 octobre 1985, en français et en anglais, les deux textes faisant également foi, en
un seul exemplaire qui sera déposé dans les archives du Conseil de l'Europe. Le
Secrétaire Général du Conseil de l'Europe en communiquera copie certifiée conforme à
chacun des Etats membres du Conseil de l'Europe.

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